Ambassadeur pour la Communauté
Jour après jour de nouvelles initiatives sont lancées dans l’espace public pour soutenir les élèves, leurs parents et leurs professeurs, les aidant à mieux s’adapter à la situation de crise provoquée par la pandémie de coronavirus et à mieux gérer l’après-crise, dans on ne sait pas combien de temps. Pour venir en aide aux familles roumaines, l’Association « Proacta EDU » lance ainsi la première ligne d’accompagnement psychologique pour la période de la pandémie.
Ana-Maria Cononovici, 01.09.2020, 12:12
Le projet, baptisé AMBASSADEUR pour la COMMUNAUTE, a été mis en œuvre en collaboration avec le ministère de l’Education et de la Recherche, la Fédération des Syndicats libres de l’Enseignement et la Fédération des Associations de parents de l’enseignement primaire et secondaire. Nicoleta Larisa Albert, psychologue, présidente fondatrice de l’Association Proacta EDU, explique : « Le projet est beaucoup plus ample, allant au-delà d’une simple prise de conscience du fait que nous, professeurs et parents, nous sommes une équipe. Nous offrons un accompagnement psychologique aux enseignants et aux parents, avec le concours de nos collègues psychologues, collaborateurs de notre association. Nous investissons les professeurs du statut de messagers de la communauté et, dans le contexte de la crise que nous traversons, nous croyons à l’utilité de cette mission. Pratiquement, les enseignants deviendront nos alliés et ils nous signaleront les familles en situation de risque. Ils pourront les mettre en contact avec nous, pour que nous puissions leur offrir un accompagnement psychologique ou l’assistance sociale ou juridique personnalisée dont elles ont besoin. Les enseignants seront nos collaborateurs et membres de notre équipe. »
Nicoleta Larisa Albert est persuadée que nous pouvons être aux côtés des gens même à distance et travailler pour qu’ils puissent retrouver leur équilibre émotionnel. « Depuis le lancement de notre projet, nous avons reçu des e-mails, des messages, des appels… Certains nous demandaient un accompagnement psychologique – et alors on leur conseillait de s’adresser aux psychologues avec lesquels nous collaborons. D’autres nous posaient des questions – surtout des lycéens en terminale ou des professeurs qui voulaient passer un message aux institutions partenaires du projet. Certaines questions visaient le contexte actuel, on nous demandait des conseils. Et effectivement, nous pouvons fournir à nos interlocuteurs les informations dont ils ont besoin, ainsi que des matériels psychoéducatifs. Les gens ont compris notre message, ils savent que nous sommes une communauté et certains d’entre eux ont demandé d’adhérer au groupe « Ambassadeur pour la Communauté », constitué sur facebook. La porte est ouverte, nous recevons les questions envoyées par des professeurs, des parents, des élèves et, en collaboration avec d’autres ONGs, nous y répondons. »
Dès le début, un grand nombre de ces questions nous ont été adressées par des lycéens en terminale. Nicoleta Larisa Albert fait le point sur ces questions. « La terminale est un défi pour nos adolescents. Elle l’était déjà avant l’épidémie et elle l’est encore plus dans le contexte actuel. Car, à part le bac, il y a beaucoup de questions qu’ils se posent sur les changements qui vont toucher la vie sociale et économique au sortir de la crise. Ces jeunes ont besoin de réponses concernant cet objectif immédiat qu’est le bac, mais ils ressentent aussi un sentiment d’insécurité face à l’après-crise. Leur inquiétude liée au bac n’est que le sommet de l’iceberg. Des émotions et beaucoup d’incertitudes se cachent derrière elle : qu’est-ce qui va m’arriver, qu’est-ce que je dois choisir, quel chemin prendre etc. ? Nombre d’élèves en sont conscients et nous ont adressé des demandes explicites en ce sens, nous disant : j’ai pensé que j’aurais plus de temps pour étudier, mais j’ai constaté que l’état d’inquiétude que je ressens s’amplifie, je ne comprends pas ce qui se passe, je ne sais pas comment contrôler mes émotions et j’aurais besoin d’être conseillé. »
Nicoleta Larisa Albert, psychologue, présidente fondatrice de l’Association Proacta EDU, a un conseil pour nous tous : « Je pense que ce qui peut nous aider le plus, c’est de cultiver l’adaptabilité. Elle est notre plus importante ressource et la seule que les robots ne peuvent pas copier. Nous pouvons nous débrouiller pour trouver des informations, elles sont partout, mais l’adaptabilité nous aide de toute façon. Même si le coronavirus n’avait pas fait son apparition dans le monde, elle nous aurait été nécessaire pour faire face aux temps que nous vivons et à la dynamique du monde actuel. Nous nous tournons, évidemment, vers le milieu virtuel et, de plus en plus dans le contexte actuel, nous allons être en ligne, pourtant nous resterons certainement ancrés aussi dans la zone hors-ligne : nous avons besoin de présence, de rencontrer les autres, de nous serrer dans les bras… Tout cela reste pour l’instant enfoui dans notre monde intérieur, comme un ancrage, et nous y retournerons un jour, on ne sait pas quand. Lorsque nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe, les questions surgissent. C’est pour ça que nous sommes là. Nous sommes une équipe et, en tant qu’équipe, nous apprenons à prendre chaque jour tel qu’il est et à nous adapter aux différentes situations. Car tout le monde ne perçoit pas le contexte actuel de la même façon et pour quelqu’un d’autre il peut être différent de ce qu’il est pour nous » – a conquis Nicoleta Larisa Albert. (Trad. : Dominique)