« Vis. Viață / Le rêve. La vie », un film documentaire de Ruxandra Gubernat
Résultat d’un tournage de quatre ans, c'est premier film documentaire roumain qui se propose de présenter les réalités, les aspirations et les défis des jeunes de la Génération Z.
Corina Sabău, 25.01.2025, 10:04
Réalisé par Ruxandra Gubernat, « Vis. Viață / Le rêve. La vie » est le premier film documentaire roumain qui se propose de présenter les réalités, les aspirations et les défis des jeunes de la Génération Z. La réalisatrice Ruxandra Gubernat, réputée pour sa riche expérience en matière de projets sociaux et cinématographiques frappants, arrive, cette fois-ci, à présenter avec beaucoup d’empathie la manière dont les jeunes se rapportent au monde et relèvent les défis, comment ils se construisent leur identité dans une société en mouvement.
Une étude toute en empathie de la Génération Z
Le tournage, qui a duré quatre ans, a retenu l’évolution des personnages principaux, confrontés à une rude période de transition, y compris les deux années de pandémie, marquées par l’enseignement en ligne et l’isolement des gens.
Invitée à RRI, Ruxandra Gubernat a parlé de son intérêt pour la Génération Z et de la documentation du sujet de son film:
« Mon parcours s’est déroulé entre la Roumanie et la France, où j’ai habité pendant sept ans, de 2008 à 2015, pour mes études. De retour en Roumanie, je me suis rendu compte que j’avais encore un grand nombre de questions à me poser sur l’option de quitter le pays. Je savais, évidemment, que de très nombreuses personnes quittaient la Roumanie pour différentes raisons, par exemple, économiques, comme à la fin des années 1990 et au début des années 2000. D’autres gens ont choisi de partir après l’adhésion à l’UE, parce qu’il était plus facile à émigrer et à étudier dans un autre pays, comme dans mon cas. Enfin, il y en a eu d’autres qui ont été poussés par un besoin de connaître le monde, et ça c’est une des raisons que j’ai découvertes chez la génération Z. C’est ce qui m’a amenée à m’interroger davantage sur cette génération et ses options, sur le choix de quitter ou de rester en Roumanie. J’ai lu de nombreuses études selon lesquelles environ 80% des jeunes réfléchissaient à la possibilité de quitter la Roumanie, tandis que plus de 25% d’entre eux quittaient effectivement le pays. J’ai commencé ma recherche en allant sur le terrain et en discutant avec les jeunes. Je me suis rendue à Timișoara, Cluj, Bacău, Brașov, Ploiești, București, Târgu Jiu, et j’ai contacté des adolescents très différents les uns des autres, dont un grand nombre me disaient vouloir partir à l’étranger. C’est dans ce contexte que j’ai commencé à tourner mon film. »
Le résultat final d’un tournage de quatre ans
Alors qu’ils imaginent des plans de quitter la Roumanie après le lycée, Una – actrice, Habet – trappeur et Ștefania – activiste écologiste sont tiraillés entre drames personnels et dilemmes sur l’avenir. Le documentaire de Ruxandra Gubernat suit leurs relations avec la famille, l’école et la société.
Ruxandra Gubernat raconte sur RRI comment elle avait choisi les trois adolescents, devenus les héros de son film : « Comme je le disais déjà, je suis allée à plusieurs endroits du pays pour apprendre le plus possible sur la vie d’un adolescent. Certains de la sélection initiale ont abandonné parce qu’ils ne se sentaient pas capables de s’impliquer dans un processus longue durée. Moi-même, j’ai renoncé à d’autres, mais on a construit une relation spéciale avec Habet, Una et Ștefania et on a réussi à porter un processus qui s’est avéré très important pour eux. Je les ai rencontrés quand ils avaient 16 ans et nous avons fini le tournage quand ils avaient déjà 20 ans, c’est-à-dire que nous avons traversé ensemble toute leur adolescence. J’ai également eu l’impression que la caméra les aimait, ensemble et séparément. Qu’ils sont le mix parfait pour illustrer ce que c’est que répondre aux pressions sociales, à l’intérêt pour l’environnement et à tout ce qu’il se passe en général autour d’eux, autour de nous. Ils sont tous les trois des individus très actifs et en même temps très différents les uns des autres. Ștefania, par exemple, était à la tête des manifs « Fridays for Future » en Roumanie, quand ce mouvement s’était globalisé et j’ai trouvé ça très intéressant. Habet faisait de la musique trappe et du théâtre social dans le quartier de Ferentari, à Bucarest, tandis qu’Una et ses camarades de lycée passionnés de théâtre montaient une pièce sur le départ de Roumanie. A travers leurs activités, ils touchaient simultanément à des thèmes et des défis aussi bien locaux que généraux. Ils parlaient d’immigration, de classe, de tous les problèmes que nous avons en tant que société, mais aussi de leurs problèmes à eux. En plus, ce qui a aussi beaucoup compté a été la relation d’une grande sincérité que j’ai réussi à créer avec chacun d’entre eux ; c’est ce qui nous a beaucoup rapprochés les uns des autres. En fin de compte, ce film est le résultat d’un processus de quatre ans et il faut être sincère avec ses propres attentes et avec celles des autres. Si non, il serait impossible de faire quoi que ce soit et ça n’aurait pas produit une histoire authentique. »
« Vis. Viață / Le rêve. La vie », le documentaire de Ruxandra Gubernat s’est retrouvé dans les sélections officielles du Festival international du Film documentaire et des Droits de l’homme One World Romania, du Festival international du film documentaire Astra Film et du Festival international du Film documentaire pour le Changement social Moldox. Chercheuse et réalisatrice, Ruxandra Gubernat a également coréalisé en 2018 « Portavoce », un documentaire moyen-métrage de type collage sur les vagues de protestations des quinze dernières années en Roumanie. Ce film a été nommé au prix du meilleur documentaire roumain au festival Astra Film de la même année et il a été projeté à plusieurs autres festivals nationaux et internationaux. (Trad. Ileana Ţăroi)