Un nouveau film de Corneliu Porumboiu – « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme »
Le dernier film de Corneliu Porumboiu a divisé les spectateurs en deux camps. Ceux qui estiment que l’histoire, dans son sens classique, s’avère indispensable et ceux qui plaident en faveur d’un cinéma moins narratif. Le critique Tudor Caranfil affirmait, juste après la projection du film, que le nouveau long-métrage de Corneliu Porumboiu « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » est un défi et qu’il s’agit du film expérimental le plus passionnant du cinéma roumain. Pour sa part, le critique Andrei Gorzo le qualifie « de production anti-romantique hyper subtile ».
Corina Sabău, 26.10.2013, 13:00
Le dernier film de Corneliu Porumboiu a divisé les spectateurs en deux camps. Ceux qui estiment que l’histoire, dans son sens classique, s’avère indispensable et ceux qui plaident en faveur d’un cinéma moins narratif. Le critique Tudor Caranfil affirmait, juste après la projection du film, que le nouveau long-métrage de Corneliu Porumboiu « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » est un défi et qu’il s’agit du film expérimental le plus passionnant du cinéma roumain. Pour sa part, le critique Andrei Gorzo le qualifie « de production anti-romantique hyper subtile ».
Le film, on pourrait le résumer de la façon suivante : Paul est en train de travailler à un film dont il est le réalisateur. Alors qu’il tourne une scène de nudité, il s’entretient avec Alina, l’actrice avec laquelle il a une relation amoureuse, avec la productrice, avec un collègue et avec un médecin qui examine son endoscopie. Le film est formé de seulement 17 plans, dont la plupart sont fixes.
Dans une interview, Corneliu Porumboiu avoue que son intention était de parler de la naissance d’un film et des contraintes imposées. Corneliu Porumboiu : « Ce qui m’intéressait, c’était la relation entre les personnages et l’histoire proprement-dite. L’idée m’est venue il y a trois ans lorsque l’on avait proposé une nouvelle loi de la cinématographie. Selon elle, le concours au Centre National de la Cinématographie prévoyait un découpage de réalisateur. Des souvenirs de la faculté ont refait surface, je me rappelle que durant mes années universitaires j’étais toujours limité par le temps. Je me présentais devant mes professeurs avec des découpages que je faisais tout seul à la maison, en chronométrant les plans du film. Et ce film est né à partir de ces souvenirs. Certes, il pose aussi une question sur la manière dont j’ai commencé à faire du cinéma. »
« Je me suis formé dans les limites de la pellicule de 35 millimètres, du besoin d’organiser chaque plan. C’est grâce à ces restrictions que s’est développé mon penchant pour les répétitions et les plans plus longs, ajoute encore le réalisateur qui se souvient aussi de ses débuts : «Le film a eu 7 versions de scénario. Il dégage ma nostalgie pour la pellicule; j’ai voulu qu’il fonctionne comme une sorte de miroir renversé; les actions des personnages que l’on découvre progressivement, je les ai reléguées au second plan. Quand le soir tombe sur Bucarest est une sorte d’état d’esprit, un moment du jour que l’on ne voit pas dans le film, une sorte de poésie qui fonctionne en contretemps avec le métabolisme. Le titre renvoie en quelque sorte au regard que je porte sur ce métier ».
Dans ce film, le rôle du réalisateur est joué par Bogdan Dumitrache. Cet acteur a compté parmi les protagonistes du film «La position de l’enfant», qui a décroché cette année l’Ours d’Or à Berlin. Bogdan Dumitrache raconte comment s’est déroulé le tournage du film «Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » : « Cela a été plutôt une quête à laquelle nous avons tous participé. Ce fut un de ces cas où je me suis senti très impliqué dans un projet ; nous cherchions tous ensemble et, lorsqu’on trouvait de bonnes choses, on les intégrait au film. Nous avons beaucoup discuté. Nous avons eu un mois de répétitions durant lequel nous avons tout discuté ; il n’y a pas eu d’indications dans le sens classique du terme. Nous connaissions le texte, mais nous l’avons réécrit, en le jouant. Nous avons eu le temps d’assimiler et d’enrichir les personnages. »
Voici également l’avis du critique Magda Mihăilescu sur ce nouveau film de Corneliu Porumboiu: « La fascination de ce film vient justement d’une certaine désagrégation de la magie du travail sur le plateau de tournage. Tous ces films qui parlent du film ont quelque chose en commun. Le réalisateur est un être solitaire. C’est que le héros du film — le réalisateur — bien qu’ayant eu une relation avec l’actrice, est un homme seul. Tel était aussi le personnage de « La nuit américaine », tel était le personnage des « Séquences » d’Alexandru Tatos. On le voit à sa démarche, à sa façon de fumer, à tout son comportement. »
«Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » est le troisième long métrage du cinéaste roumain Corneliu Porumboiu — après « 12:08 à l’Est de Bucarest » et « Policier, adjectif ». Son nouveau film a déjà été sélectionné pour les compétitions des festivals internationaux de Locarno, Sarajevo, Toronto et New York.
Le film « 12:08 à l’Est de Bucarest », gagnant du prix «Caméra d’Or» en 2006, a valu à Porumboiu la réputation d’un réalisateur et scénariste très sensible au dialogue et intéressé par les vastes ramifications de la vérité’ — écrivait le magazine Variety. (Trad. : Alexandra Pop, Dominique)