Tudor Aaron Istodor
Aujourd’hui nous parlons cinéma. L’acteur Tudor Aaron Istodor compte cette année parmi les lauréats du programme Shooting Stars du Festival international de film de Berlin. Il a été récompensé pour sa manière naturelle de jouer tout rôle, affirme le jury de la Berlinale.
Corina Sabău, 04.03.2017, 13:10
Aujourd’hui nous parlons cinéma. L’acteur Tudor Aaron Istodor compte cette année parmi les lauréats du programme Shooting Stars du Festival international de film de Berlin. Il a été récompensé pour sa manière naturelle de jouer tout rôle, affirme le jury de la Berlinale.
Mais qui est Tudor Aaron Istodor ?
Il a suivi les cours de l’Université d’Art Théâtral et Cinématographique « I. L. Caragiale » de Bucarest et en est sorti en 2009. Depuis, il enchaîne des rôles de théâtre et de film en égale mesure. D’ailleurs, il avait commencé depuis qu’il était étudiant à collaborer avec des réalisateurs roumains connus : Lucian Pintilie, Radu Muntean, Paul Negoescu. Il apparaît dans 3 films signés Fanny Ardant (« Rouges sont les rêves », « Cadences obstinées », «Cendres et sang») ainsi que dans la pellicule « Mademoiselle Christina » d’Alexandru Maftei et en tant qu’Edward II dans la série « The Plantagenets » de la BBC. Côté théâtre, on peut voir souvent Tudor Aaron Istodor sur la scène du Café – théâtre Godot et du Théâtre Juif d’Etat, les deux de Bucarest.
Mais retournons au rôle qui a valu à Tudor Aaron Istodor la nomination au programme Shooting Stars de la Berlinale 2017. Il s’agit du film « Fixeur » réalisé par Adrian Sitaru, projeté fin janvier en première en Roumanie. C’est l’histoire de Radu, stagiaire au bureau de Bucarest de l’Agence France Presse, qui rêve de devenir journaliste.
Tudor Aaron Istodor raconte comment il a accepté ce rôle et comment il a collaboré avec le réalisateur Adrian Sitaru : « J’ai énormément aimé le scénario. D’ailleurs, j’ai aimé tous les films d’Adrian Sitaru. C’est pourquoi je souhaitais faire partie de ses productions. Elles débordent de sensibilité et comportent plusieurs niveaux de compréhension, qui ne se laissent pas découvrir dès le début. De même, les acteurs qui jouent dans les films d’Adrian Sitaru sont exceptionnels. Quand on regarde ses films, on souhaite en faire partie. Par conséquent, j’ai été très heureux d’avoir été appelé au casting. C’est un film très humain. Son personnage central est un fixeur, un jeune homme à tout faire, qui établit des rendez-vous pour les journalistes étrangers qui viennent dans son pays. Dans ce cas concret il s’agit de journalistes français qui souhaitent faire une interview avec une prostituée mineure rapatriée. Quant à ma collaboration avec Adrian Sitaru, elle a été exceptionnelle. C’est un réalisateur qui aime les acteurs, ouvert à l’improvisation, il sait très bien ce qu’il veut, mais en même temps il aime explorer aux côtés des acteurs. C’est une véritable joie que de travailler avec lui. »
« Je crois qu’il vaut mieux faire des rôles aussi différents que possible, en termes de style et de jeu », affirme Tudor Aaron Istodor. Il nous explique comment il s’est préparé pour son rôle dans le film « Fixeur » : « Il aspire à être journaliste, mais il ne l’est pas encore. A 30 ans, il n’est ni garçon, ni homme. C’est un âge où l’on fait encore des erreurs, mais où l’on veut aussi prouver sa valeur. Je me suis documenté entre autres aux côtés d’Adrian Silisteanu, directeur d’image et coscénariste. Il m’a aidé à mieux connaître l’occupation du personnage principal, parce qu’il a été lui-même fixeur à un moment donné. Mais au-delà du métier, je me suis beaucoup intéressé au côté humain de Radu Pătru, mon personnage. Parce qu’au-delà de ce qui lui arrive et de son métier, une autre question se pose : jusqu’où sommes-nous disposés à aller pour atteindre nos buts ? En général, les films, les grands textes, parlent du côté humain et ont quelque chose en commun. On peut s’y retrouver, quel que soit notre métier ou la culture dont on provient ».
Les parents de notre invité d’aujourd’hui sont deux acteurs roumains célèbres : Maia Morgenstern et Claudiu Istodor. Pour sa part, lorsqu’il était enfant, il n’avait aucune intention de devenir acteur, avoue Tudor Aaron Istodor. Bien au contraire. Il attendait impatiemment que ses parents terminent les répétitions, pour jouer avec eux.
Toutefois, au fil du temps, il s’est rendu compte qu’il était né pour ce métier : « J’aime bien inviter ma mère et mon père aux premières. Surtout que le premier spectacle est toujours magique ; certes, il n’est pas le meilleur, mais c’est une première sortie devant le public. C’est le moment où on n’est pas très sûr de soi-même, mais où on veut montrer ses qualités ; on a donc besoin d’énergie positive. Mes parents me transmettent une très bonne énergie lorsqu’ils assistent à mes spectacles. C’est justement pourquoi je les y invite ; je veux les avoir près de moi pour me dire ce qu’ils en pensent, car j’ai une grande confiance en eux. Je suis très émotif et j’espère rester comme ça toute ma vie, non seulement aux premières mais à chaque spectacle. Cette émotion est différente du trac et cela me fait du bien. A mon avis, au moment où je ne serai plus émotif, je devrai renoncer à mon métier. Parce qu’au moment où on sait tout, où on n’a plus aucune trace d’incertitude, ni de vulnérabilité, au moment où on ne se demande plus si ce que l’on fait est bien, il est impossible de découvrir de nouvelles choses. »
Notons pour terminer que Tudor Aaron Istodor est le 7e Roumain présent dans Shooting Stars, un programme qui récompense les meilleurs jeunes acteurs et actrices d’Europe dans le cadre du Festival international de Film de Berlin. (Trad. Valentina Beleavski)