The Breakup/ La rupture, un spectacle pas comme les autres
Nous parlons théâtre expérimental vous présenter un spectacle du type performance réalisé par un groupe d’artistes européens sous l’œil attentif de la metteuse en scène roumaine Ioana Paun. Il explore la complexité des relations modernes, la vulnérabilité humaine ou encore les tensions émotionnelles amplifiées par le milieu en ligne. Un spectacle que le public de République tchèque et de Slovaquie a trouvé intense et provocateur. Le public roumain a pu aussi voir ce « performance » à la mi-septembre à Bucarest.
Eugen Cojocariu et Ion Puican, 30.11.2024, 10:07
Après la République tchèque et la Slovaquie, « The Breakup » arrive à Bucarest
« The Breakup » (La Rupture/Despărțirea) est une performance affective construite sur une lecture moderne des ruptures romantiques, un spectacle dont la première nationale a eu lieu à la Galerie Mobius de Bucarest, après des évolutions en République tchèque et en Slovaquie. La performance est réalisée par un groupe d’artistes européens, coordonnés par la metteur en scène Ioana Păun, qui privilégie pour son travail artistique le comportement humain dans des situations provocantes.
C’est donc Ioana Paun qui a présenté l’équipe de réalisateurs du spectacle:
« L’équipe a initialement été composée d’artistes de Slovaquie et moi, j’ai tourné un pilote entièrement différent de ce que l’on peut voir actuellement en Roumanie. En février, c’était ultra hyper interactif. Pratiquement, deux spectateurs, qui ne se connaissaient pas, interagissaient selon des indications que nous leur avions données. Mais je n’en ai pas aimé le résultat et je me suis donc retournée vers des expressions disons plus sûres, performatives. Je voulais employer un langage émotionnel pour parler au public de ce que « la rupture, la séparation » signifie pour chacun de nous … Le noyau de l’équipe de Bratislava c’était moi et le scénographe Matěj Sýkora. Et nous échangions des idées, une espèce de ping-pong avec des idées. « Comment pourrions-nous » ou « comment pourrais-je » représenter ou provoquer les spectateurs à ressentir le sentiment le plus proche d’une rupture amoureuse? Et il y avait une seule chose qui m’intéressait, mettre le public dans la situation où deux personnes s’embrassent et se découvrent pour la première fois. Une sorte de « first kiss » que nous avons tous vécu, et puis d’autres telles actions pour continuer ce périple émotionnel. »
Une expérience discrète, mais intense
« The Breakup » est une expérience discrète, mais intense, créée pour provoquer une réflexion sur la façon dont nous avons vécu nos relations de couple.
Ioana Păun ajoute : « C’était un sujet qui m’intéressait parce qu’il ne m’était facile de le gérer. Je veux dire le départ de quelqu’un de ta vie ou ton départ de la vie de quelqu’un d’autre, la fin d’une relation romantique, bien-sûr, mais non seulement. »
La réalisatrice Ioana Păun et son équipe explorent un territoire où les frontières entre le sentiment et le progrès technologique sont de plus en plus floues.
Quel accueil le public a-t-il réservé à cette performance ? Ioana Păun répond à cette question:
« Concernant l’accueil, il est impossible de savoir ce que ressent chaque individu, même si on en parle. Quel accueil ? Je te le dirai. En Slovaquie, nous avons tourné à Bratislava et dans plusieurs autres villes plus petites ; il y en avait des jeunes, des moins jeunes, des Millenials. Les jeunes étaient pleins de fougue et captivés par l’idée et le désir .d’exprimer et d’analyser en profondeur leurs expériences personnelles. C’est ma lecture des réponses reçues. Le public interagit deux fois. Donc, ce public jeune, âgés de 18, 25, 26 ans, j’ai vu une joie de sonder des recherches, des expériences émotionnelles auxquelles ils peuvent être confrontés super souvent, d’une manière culturelle, me semble-t-il. »
Le public, invité à interagir en ligne
Le spectacle offre au public deux codes QR à travers lesquels il peut se connecter et interagir. La réalisatrice Ioana Păun explique:
« Oui, c’est une sorte de lien reçu par téléphone. Ta réponse est ensuite intégrée, d’une manière ou d’une autre, dans le spectacle ou bien elle est exprimée publiquement, bien qu’anonyme. Le public est peu nombreux, une dizaine de personnes ; nous avons eu des spectacles avec quatre personnes ou dix-sept personnes. Ça fonctionne mieux avec dix personnes. Un genre de communauté se crée ainsi et à plusieurs reprises, le public fait ou vient compléter ou dire des choses, ou bien il nous fait entièrement confiance. C’est un spectacle très simple, aucun chichi, et les réactions ont été différentes d’un spectacle à un autre. Des fois, les spectateurs étaient extrêmement impliqués, en fonction de ce qu’ils ressentaient. Les actrices captent les vibrations venues de la part du public, mais elles ne modifient pas le tempo, ni leurs actions en fonction de la disponibilité, de l’intérêt, de l’implication ou de l’ennui ressentis par le public. Il m’est donc très difficile de répondre à cette question sur l’accueil. ». (Trad. Ileana Ţăroi)