Romanian Dance Showcase
Une semaine durant, Romanian Dance Showcase, manifestation organisée par le Centre national de la danse, a réuni 55 artistes dans un marathon de la danse contemporaine sans précédent ces dernières années. Conçu comme un événement international censé promouvoir la danse contemporaine roumaine en Europe Centrale et de l’Est, Romanian Dance Showcase 2014 s’est proposé cette fois-ci de réunir les publics de différentes formes de l’art.
Luana Pleşea, 17.05.2014, 13:55
Une semaine durant, Romanian Dance Showcase, manifestation organisée par le Centre national de la danse, a réuni 55 artistes dans un marathon de la danse contemporaine sans précédent ces dernières années. Conçu comme un événement international censé promouvoir la danse contemporaine roumaine en Europe Centrale et de l’Est, Romanian Dance Showcase 2014 s’est proposé cette fois-ci de réunir les publics de différentes formes de l’art.
Iulia Popovici, curatrice du projet, explique: « C’est, sans doute, l’événement le plus important organisé par le Centre national de la danse de Bucarest et, à mon avis, c’est l’événement le plus important pour toute la communauté de la danse. Cela parce que l’idée centrale en a été de présenter la danse contemporaine roumaine sous toutes ses facettes à un public étranger en plus du public local. Nous avons voulu offrir une image aussi complète que possible de ce que la danse contemporaine signifie aujourd’hui, et de ses directions tellement variées. En même temps, nous avons voulu recréer le sentiment d’une communauté, que le Centre représentait à l’époque où son siège était à l’intérieur du Théâtre National de Bucarest ».
Comme le disait notre invitée, un des objectifs du festival Romanian Dance Showcase a été de familiariser les spécialistes étrangers avec la scène roumaine.
Iulia Popovici précise : « Nous ne sommes pas partis de l’idée de spectacle commercial, nous n’avons pas voulu choisir des titres qui répondaient aux attentes ou qui étaient conformes aux esthétiques courantes dans la danse européenne. Nous avons plutôt misé sur l’idée de familiarisation, de fascination, d’immersion de nos invités étrangers dans la culture de la danse roumaine. Nous avons invité expressément les programmateurs et les critiques que nous considérons proches, intéressés par la danse contemporaine roumaine, notamment ceux qui s’occupent des festivals et des publications d’Europe Centrale et de l’Est. D’ailleurs, c’est d’ici que tout doit commencer : il faut renforcer l’identité régionale de la danse contemporaine, dans les conditions où il est plus qu’évident que cette région fonctionne d’une manière complètement différente par rapport à l’Europe Occidentale, du moins pour la simple raison que nos pays ont connu un développement inégal et on ne peut pas parler ici d’un mainstream, ni de danse contemporaine dans les années ’60, ’70 et ’80. Alors qu’en Europe Occidentale, la danse contemporaine avait atteint son maximum d’exposition à cette époque-là».
C’est justement au nom de cette diversité que le Romanian Dance Showcase a réuni des spectacles créés par des artistes ayant des approches différentes, mais aussi dans la tentative d’offrir une image aussi complète que possible de la danse contemporaine roumaine. En voici quelques exemples.
« Duo » est un spectacle « work in progress » réalisé par Adriana Gheorghe, critique de danse, et Andreea David, architecte. Deux esprits « en duo » dans l’espace et le temps, leur principal défi étant de réussir à offrir l’une à l’autre l’espace dont chacune a besoin, d’être réceptives l’une aux besoins de l’autre. Adriana Gheorghe explique: « Nous nous offrons l’une à l’autre principalement l’espace d’exprimer de sujets non contemporains, comme j’aime les appeler. Nous essayons d’apporter dans cet espace créatif, au niveau du discours verbal mais aussi du discours artistique, des questions qui nous préoccupent, dont on ne parle pas normalement ou assez rarement, des questions qui restent au niveau de la pensée et qui sont exprimées très difficilement à haute voix et d’autant moins devant un public, sur une scène. Par exemple, qu’est-ce que temps ou la vie… ”
Paul Dunca est diplômé de l’Université nationale d’art théâtral et cinématographique et a une licence en Ecriture dramatique. Son palmarès est des plus riches: sa propre émission sur MTV, projets d’art communautaire, participation à la Biennale d’Art de Venise, rôles dans des films et réalisation de spectacles de danse contemporaine. Paul Dunca a figuré à l’affiche de Romanian Dance Showcase avec le spectacle « L’Institut du changement » dont voici ce qu’il dit: « C’est un spectacle qui parle du changement du monde. Tous ceux qui s’y sont investis avoisinent la trentaine et donc ils ont vécu des changements. Moi, par exemple, j’ai l’impression que les odeurs sont plus fortes après trente ans… Je mise sur des sujets plutôt graves. Mes spectacles débordent de théâtralité. J’ai voulu devenir comédien et finalement, je suis arrivé à faire de la chorégraphie car j’aimais bien danser et du coup, je me sers de mes deux aptitudes. Bien que les sujets abordés soient plus sérieux, je les présente dans un registre comique, auto ironique. Je crois à l’importance des costumes et d’une ambiance qui implique aussi le mouvement physique. Je trouve que le premier contact visuel avec autrui repose sur sa façon de s’afficher. Le public occupe une place très importante dans mes spectacles, la moitié du show repose sur les spectateurs. Je compte beaucoup sur le public ».
Simona Deaconescu a fait des études de cinéma pour devenir réalisatrice, elle a travaillé par la suite à la télévision en tant que scénariste et elle cherche à créer des spectacles où film et danse s’entremêlent. Elle s’est vu inviter à inscrire à l’agenda de Romanian Dance Showcase son projet « La Chambre 0001. La fabrique de rêves » : « La Chambre 0001 est en fait un projet pilote d’une série que je voudrais faire. Une série à plusieurs épisodes que j’ai appelés des chambres virtuelles. Chaque épisode se penche sur un contexte au sein duquel l’art se développe en rapport direct avec les technologies et la science. « La Fabrique de rêves » est donc l’épisode pilote. Il ne s’agit pas des rêves que l’on fait la nuit, mais plutôt du fait qu’à force de reculer d’un pas et de jeter un regard objectif sur notre monde, tellement chaotique, il a l’air plutôt d’un rêve. C’est bien comme ça qu’ont lieu les processus cognitifs chez les êtres humains: les pensées ne sont jamais fluentes ou exactes. Et j’ai opté pour « La Fabrique de rêves » car, c’est ainsi que j’imagine notre vie: comme un rêve que l’on s’efforce toujours de comprendre et que normalement, on devrait plutôt de vivre tout simplement en évitant de se poser toujours des questions ».
« Duo », « L’Institut du Changement » et « La Chambre 0001. La fabrique de rêves » ne sont que quelques spectacles censés offrir une identité à la danse roumaine dans le cadre de Romanian Dance Showcase.
Iulia Popovici en tire les conclusions finales: « Sans le vouloir à tout prix, on a fini pourtant à vendre des spectacles. Nous avons déjà reçu des invitations pour certains spectacles et artistes. Par ailleurs, on a appris que parfois, il faut bien prendre des risques. Et je pense à ces spectacles que nous avons décidé de présenter dans le cadre de cet événement, malgré les défis qu’ils lançaient et malgré le fait qu’ils n’étaient pas représentatifs pour le moment actuel, pas spectaculaires ou pas du tout parmi nos préférences, et pourtant ils ont bien enthousiasmé des sélectionneurs ». (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)