Retour sur Art Safari 2020
En septembre 2020, un événement très attendu a eu lieu dans la capitale roumaine : le Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari. C’est le nom, drôle et quelque peu bizarre, que s’est donnée cette foire d’art lancée il y a sept ans. Nous avons souhaité faire un retour sur l’édition 2020 de l’événement et avons invité au micro à cet effet la directrice d’Art Safari, Ioana Ciocan :« C’est pour la première fois dans l’histoire du Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari que nous investissons deux espaces distincts : l’impressionnante tour Victoria Tower, qui se trouve en plein centre de la capitale, sur la Calea Victoriei, et puis un espace très surprenant, le centre commercial AFI Cotroceni. Nous avons choisi ce dernier car c’est plus simple, plus accessible, d’amener l’art là où sont les gens. Si les gens vont dans les centres commerciaux, c’est donc une décision toute naturelle que d’y installer un pavillon d’art. Nous avons eu une vraie antenne à AFI Cotroceni. On y a construit un espace avec différentes installations artistiques, interactives, conçues pour toute la famille et, bien évidemment, en accès gratuit. Une autre chose intéressante, c’est qu’Art Safari a pu également être visité de nuit. Alors chaque nuit, du 11 au 27 septembre, de petits groupes de visiteurs ont pu profiter de tours guidés, mais aussi de petits spectacles de musique. Dans des conditions difficiles… Cette année, nous avons dû tenir compte de ces mesures qui sont déjà rentrées dans la norme maintenant : distanciation sociale, masque et, chose très importante, un nombre limité de personnes à l’intérieur d’Art Safari. Cela s’est traduit par le fait que seules 175 personnes pouvaient visiter simultanément les expositions installées dans les 11 000 mètres carrés de Victoria Tower. Nous avons dû respecter cette suggestion des ministères de la Culture et de la Santé, pour nous assurer que tout le monde visite le musée temporaire Art Safari en toute sécurité. »
Ion Puican, 05.12.2020, 13:27
En septembre 2020, un événement très attendu a eu lieu dans la capitale roumaine : le Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari. C’est le nom, drôle et quelque peu bizarre, que s’est donnée cette foire d’art lancée il y a sept ans. Nous avons souhaité faire un retour sur l’édition 2020 de l’événement et avons invité au micro à cet effet la directrice d’Art Safari, Ioana Ciocan :« C’est pour la première fois dans l’histoire du Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari que nous investissons deux espaces distincts : l’impressionnante tour Victoria Tower, qui se trouve en plein centre de la capitale, sur la Calea Victoriei, et puis un espace très surprenant, le centre commercial AFI Cotroceni. Nous avons choisi ce dernier car c’est plus simple, plus accessible, d’amener l’art là où sont les gens. Si les gens vont dans les centres commerciaux, c’est donc une décision toute naturelle que d’y installer un pavillon d’art. Nous avons eu une vraie antenne à AFI Cotroceni. On y a construit un espace avec différentes installations artistiques, interactives, conçues pour toute la famille et, bien évidemment, en accès gratuit. Une autre chose intéressante, c’est qu’Art Safari a pu également être visité de nuit. Alors chaque nuit, du 11 au 27 septembre, de petits groupes de visiteurs ont pu profiter de tours guidés, mais aussi de petits spectacles de musique. Dans des conditions difficiles… Cette année, nous avons dû tenir compte de ces mesures qui sont déjà rentrées dans la norme maintenant : distanciation sociale, masque et, chose très importante, un nombre limité de personnes à l’intérieur d’Art Safari. Cela s’est traduit par le fait que seules 175 personnes pouvaient visiter simultanément les expositions installées dans les 11 000 mètres carrés de Victoria Tower. Nous avons dû respecter cette suggestion des ministères de la Culture et de la Santé, pour nous assurer que tout le monde visite le musée temporaire Art Safari en toute sécurité. »
Nous avons également évoqué avec Ioana Ciocan les deux expositions d’Art Safari 2020 qui ont eu le plus de succès auprès du public – les Pavillons Sabin Bălașa et Gheorghe Petrașcu. La directrice d’Art Safari :« Après les mois passés chez nous, on s’est rendu compte combien les événements culturels nous manquaient. On était très contents de pouvoir organiser la septième édition d’Art Safari, dans ces conditions oh combien difficiles. Le pavillon dédié à Sabin Bălașa, peintre contemporain célèbre avant, mais aussi après la révolution anticommuniste, a occupé tout un étage du bâtiment. Chaque toile de Sabin Bălașa a été une sorte d’escapade dans un univers très étrange, peuplé d’être féminins et masculins surpris en train d’entreprendre des voyages initiatiques. Nous avons obtenu un prêt de grande valeur et unique jusqu’à présent : la Chambre des députés de Roumanie nous a prêté huit œuvres de grandes dimensions signées par Sabin Bălașa. Nous avons vraiment souhaité inclure les portraits de Nicolae Ceaușescu et de son épouse dans l’exposition, mais malheureusement nous n’avons pas pu les obtenir. Il était important de faire savoir au public que Sabin Bălașa n’était pas seulement l’auteur de ce cosmos bleuâtre, mais aussi de beaucoup d’œuvres de propagande. Le premier étage de l’immeuble de Calea Victoriei a été dédié à Gheorghe Petrașcu – un des artistes les plus aimés de l’art roumains, un grand maître, mais qui n’a plus eu, hélas, d’exposition dédiée depuis 1972. »
Cette année, Art Safari a aussi fait venir à Bucarest un projet inédit pour l’espace artistique de l’Europe de l’Est. Ioana Ciocan nous en dit davantage : « En 2020, nous avons dédié le Pavillon international à de l’art rebelle importé des Etats-Unis : les Guerrilla Girls. Ce groupe d’artistes féministes, fondé en 1985 à New York, a composé une exposition historique, comprenant leurs œuvres les plus célèbres. On parle de travaux de 1985, mais aussi des années ’90 et même de 2020. Ce groupe a été créé pour protester contre les pratiques genrées des musées américains. Et non seulement : cette année même, nous avons pu voir au Musée national d’art de Roumanie une exposition avec uniquement des artistes hommes. Il se peut que la protestation de 1985 des Guerrilla Girls n’ait pas encore atteint la Roumanie et c’est pourquoi on était heureux et honorés d’accueillir ce groupe historique, une première pour la Roumanie et pour toute la région. »
Le public a vraiment apprécié le côté interactif des expositions, tout comme les propositions pour les jeunes amateurs d’art. Ioana Ciocan s’en souvient avec plaisir :« Le Pavillon l’Ecole de Bucarest, conçu par la commissaire Silvia Rogozea, a eu l’ambition de montrer un condensé de l’art bucarestois des 30 dernières années. Pour figurer dans l’exposition, les artistes ne devaient pas être nés, élevés et éduqués à Bucarest, mais il fallait qu’ils aient eu un lien fort avec la ville à un moment de leur vie d’artiste. Cela a donné une exposition très éclectique, très appréciée par le public, très photographiée. Un hashtag Art Safari recueille sur Instagram les captures les plus réussies de l’Ecole de Bucarest. L’exposition a compris aussi une installation audio, réalisée en collaboration avec l’artiste Ana Bănică, qui a fait un carton, notamment parmi le jeune public. Pour cette édition d’Art Safari, nous avons aussi proposé quelque chose d’unique : le Pavillon des enfants. Nous avons demandé aux enfants de nous envoyer des « œuvres » qu’ils ont réalisées pendant le confinement du printemps dernier. Ça a été absolument fascinant de les recevoir – des travaux sur papier, sur toile, des collages, des photos, des choses découpées dans des magazines. Tout l’univers des enfants réalisé pendant une période bien difficile pour eux. Mais c’était encore plus fort de regarder les petits venir à Art Safari et voir leurs œuvres exposées dans un musée pour la première fois. Suite à cela, nous voulons continuer ce pavillon des enfants pour l’édition 2021. »
Pour finir, Ioana Ciocan, directrice d’Art Safari, nous a parlé des difficultés à organiser un projet culturel en cette période particulière :« Nous avons été récompensés pour l’énorme effort consenti par l’équipe pour organiser l’événement durant cette pandémie par l’enthousiasme des visiteurs. Nous avons eu du plaisir, encore une fois, de voir les gens faire la queue pour voir de l’art, comme c’est le cas d’ailleurs pour toutes les grandes expositions internationales. Nous étions contents d’offrir aux gens l’expérience d’une visite parfaitement adaptée aux temps que nous vivons. Cela a vraiment été une édition très spéciale et je voudrais aussi mentionner notre équipe de bénévoles : cette année, nous avons eu plus de 80 jeunes lycéens désireux de faire du bénévolat dans le domaine de l’art et qui ont choisi Art Safari à cet effet. »
Si vous avez passé l’âge du lycée, sachez que vous pouvez toujours vous rendre à Art Safari en simple visiteur. En 2021, pour la huitième édition ! (Trad. Elena Diaconu)