Răzvan Mazilu et le cabaret
Răzvan Mazilu, danseur, chorégraphe et depuis quelque temps metteur en scène aussi, a réalisé, il y a deux ans, au Théâtre allemand de Timişoara, une comédie musicale, en partant des partitions « Cabaret » et « Money, Money ». Le spectacle, intitulé « Cabaret », sur le livret de Joe Masteroff, a joui d’un immense succès tant auprès du public que de la critique. Daniela Török et Georg Peetz ont été nominés pour les Prix de l’UNITER 2015, dans la catégorie « Meilleur comédien dans un rôle principal » pour le rôle de Sally Bowles, et respectivement dans la section « Meilleur comédien dans un rôle secondaire » pour le rôle de conférencier. Une année après la mise en scène de cette comédie musicale sur l’univers du cabaret, plus précisément à l’automne 2015, Răzvan Mazilu a monté à Bucarest le spectacle de cabaret burlesque, « Mon Cabaret Noir ». Cette production, de moindre envergure, a été accueillie par le théâtre indépendant Teatrelli.
Luana Pleşea, 27.08.2016, 13:20
Răzvan Mazilu, danseur, chorégraphe et depuis quelque temps metteur en scène aussi, a réalisé, il y a deux ans, au Théâtre allemand de Timişoara, une comédie musicale, en partant des partitions « Cabaret » et « Money, Money ». Le spectacle, intitulé « Cabaret », sur le livret de Joe Masteroff, a joui d’un immense succès tant auprès du public que de la critique. Daniela Török et Georg Peetz ont été nominés pour les Prix de l’UNITER 2015, dans la catégorie « Meilleur comédien dans un rôle principal » pour le rôle de Sally Bowles, et respectivement dans la section « Meilleur comédien dans un rôle secondaire » pour le rôle de conférencier. Une année après la mise en scène de cette comédie musicale sur l’univers du cabaret, plus précisément à l’automne 2015, Răzvan Mazilu a monté à Bucarest le spectacle de cabaret burlesque, « Mon Cabaret Noir ». Cette production, de moindre envergure, a été accueillie par le théâtre indépendant Teatrelli.
Răzvan Mazilu : « Je crois avoir vécu, dans une vie antérieure, à l’entre-deux-guerres, car je me reconnais un certain sens et une certaine intuition du spectacle. C’est la raison pour laquelle j’ai été attiré par le célèbre Cabaret, que j’ai monté à Timişoara. C’est un genre qui m’intéresse beaucoup et sur lequel je ne cesse de me documenter. Ma première expérience dans ce domaine remonte à 2001, quand j’ai mis en scène le spectacle L’ange bleu, d’après le roman de Heinrich Mann et le film qui a valu la célébrité à Marlene Dietrich. C’était au Théâtre Odeon. Ma deuxième rencontre avec le cabaret a été le one-man show intitulé Sell me, réalisé avec le chorégraphe Florin Fieroiu. Ce spectacle d’une demi-heure, où je dansais sur la musique de cabaret interprétée par Eartha Kitt, je l’ai également présenté dans des espaces non conventionnels. Je me suis promis alors de revenir sur cet univers. Je souhaite faire de la comédie musicale, car ce genre, qui a fait ses preuves face au public, me représente le mieux. Ce type de spectacle repose sur le mélange entre danse, théâtre et musique, en harmonie avec la sensibilité des spectateurs de nos jours. C’est ce dont le public a besoin, à savoir une sorte de divertissement intelligent et culturel, un spectacle capable de soulever des questions. J’en ai fait de même avec le spectacle The Full Monty, du Théâtre national de Timişoara ou encore Cabaret, que j’ai monté au Théâtre allemand d’Etat de Timişoara et qui sont en fait des histoires avec une morale. »
Dans un monde où la télévision entend promouvoir massivement le divertissement léger, ce danger guette aussi le théâtre. Răzvan Mazilu et tous les comédiens avec lesquels il a collaboré ont travaillé avec professionnalisme : « La problématique que j’ai choisi de traiter ne vous laisse pas glisser vers le divertissement léger ou d’un goût douteux. Les titres pour lesquels j’ai opté sont des propositions aussi courageuses que profondes, des chefs-d’œuvre du genre. Les livrets et la musique sont des meilleurs. Ensuite, le fait que j’ai très bien su, à chaque projet, ce que j’avais l’intention de faire, a lui aussi contribué à rehausser la valeur de l’interprète, à enrichir les moyens d’expression artistique mis à sa disposition. Jouer dans une comédie musicale c’est évoluer, du point de vue du comédien, car il s’agit d’un genre de spectacle complexe et élaboré, qui demande beaucoup de travail. Moi, personnellement, j’ai toujours cherché à hausser la barre de la performance et de la virtuosité ».
La mise en scène du spectacle « Mon Cabaret Noir » est étroitement liée à la réalisation de la comédie musicale « Cabaret ». Avant d’entamer le travail à sa nouvelle production, Razvan Mazilu est parti se documenter à Berlin. Et puis un jour, en cherchant des traces du cabaret de jadis, d’avant la deuxième guerre mondiale, Razvan Mazilu découvre Anita Berber, danseuse, chorégraphe et actrice, une star des années ’20 dotée d’un fort esprit avant-gardiste et rebelle qui a inspiré les célèbres Marlene Dietrich et Greta Garbo.
Razvan Mazilu: « Mon Cabaret Noir est un cabaret parce qu’il parle de l’univers des spectacles de variétés du Berlin de l’entre deux-guerres et parce que la protagoniste en est Anita Berber, une danseuse et chorégraphe à l’affiche des spectacles clandestins de cabaret de ces années-là. C’est un spectacle que j’ai imaginé comme une sorte de juke-box qui offre toute sorte de chansons plus ou moins célèbres depuis les années 20 jusqu’à présent. J’ai choisi des chansons qui soutiennent et complètent l’histoire que je raconte sur scène. Et puis, mon cabaret est noir parce qu’il renvoie à des zones plutôt noires de la personnalité humaine et parce que la protagoniste, Anita Berber, a un côté plein d’ombres. D’ombres et de lumières à la fois. Deux facettes très intéressantes ».
Pour son Cabaret noir, Razvan Mazilu a choisi quatre actrices de talent, chacune à forte personnalité artistique, très différentes l’une de l’autre: Alina Petrică, Anca Florescu, Ana Bianca Popescu et Ilona Brezoianu. Pour jouer dans une comédie musicale, le talent ne suffit pas. Il faut également de la discipline et de la rigueur, deux traits de caractère qui définissent la troupe du Théâtre allemand de Timisoara avec laquelle Razvan Mazilu a collaboré pour son spectacle.
Le chorégraphe Razvan Mazilu: « Un artiste de cabaret doit chanter, danser, jouer, réciter, avoir la disponibilité de comprendre qu’il s’agit d’un genre artistique tout à fait différent qui implique un autre type de discours sur scène. Le comédien doit avoir la conscience de son esprit ludique, il doit se prêter à tout: à jouer, à se tenir sur la tête pendant qu’il récite son texte. Il doit avoir du courage, de l’audace, du charisme. Il doit faire de beaux sourires et s’ouvrir tout le temps vers le public. Car, le spectacle de cabaret implique une relation permanente et directe entre les acteurs et les spectateurs ». (Trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)