Quatre décennies de danse roumaine
Lancé fin avril, le livre «Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de la danse 1972-2012» de Liana Tugearu est un véritable dictionnaire d’art chorégraphique ou plutôt une histoire de la danse des 40 dernières années. Elève des célèbres danseuses Elena Penescu Liciu et Floria Capsali, après quelques années d’activité artistique sur la scène du Théâtre lyrique de Constaţa, Liana Tugearu s’est consacrée à la critique.
Luana Pleşea, 27.07.2013, 13:00
Lancé fin avril, le livre «Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de la danse 1972-2012» de Liana Tugearu est un véritable dictionnaire d’art chorégraphique ou plutôt une histoire de la danse des 40 dernières années. Elève des célèbres danseuses Elena Penescu Liciu et Floria Capsali, après quelques années d’activité artistique sur la scène du Théâtre lyrique de Constaţa, Liana Tugearu s’est consacrée à la critique.
La danse a été presque tout pour elle dans la vie : «Elle représente, en effet, une bonne partie de mon existence, qui s’est déroulée sans cesse dans l’ambiance de la danse. J’ai dansé, moi-même, mon mari a dansé et a créé de la chorégraphie, j’ai suivi tout ce que l’on a pu voir en Roumanie en matière de danse — des spectacles soit réalisés au pays, soit présentés, en tournée, par des troupes étrangères. »
Le livre de Liana Tugearu a été lancé lors de l’ouverture à Bucarest du nouveau Centre national de la danse — institution qui l’a d’ailleurs publié en partenariat avec les Maisons d’édition Coresi. Le chorégraphe Mihai Mihalcea, directeur du Centre, explique pourquoi: «Cela nous a paru tout à fait naturel et absolument nécessaire. C’était une urgence, car ces deux volumes survolent 40 ans d’histoire de la danse. Les articles de ce recueil, publiés au fil du temps, sont de véritables documents historiques. Liana Tugearu est ce genre rare de critique de danse qui a eu la patience et la générosité de suivre tous les événements du monde de la danse, tous les spectacles de danse classique ou contemporaine, ayant pour protagonistes aussi bien de jeunes artistes ou chorégraphes que des artistes consacrés et des célébrités du domaine. Elle a été un témoin incroyable, pendant ces 40 dernières années, de tout ce qui s’est passé d’important dans la danse roumaine. »
« Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de danse 1972-2012 » recense quelque 900 pages. La critique de danse Liana Tugearu nous parle de ce recueil de chroniques et d’images : « Je me suis rendu compte qu’il comble en grande partie l’absence d’une histoire de la danse de ces 40 dernières années. C’est une histoire sur le vif de chaque spectacle. J’ai également réalisé que ce volume s’agence avec un autre livre à moi, L’Expérimentalisme dans la chorégraphie roumaine des années ’60 — ’90” et que la danse continue de traverser une période de crise. En effet, pendant deux ans et demi, elle n’a plus eu de scène ni de salle de répétition. Heureusement que l’on peut inaugurer maintenant cet espace, véritable oasis pour nous. Des moments difficiles, la danse contemporaine en a vécu aussi avant 1989, lorsqu’elle était à la merci de quelque musée ou théâtre qui voulait bien l’accueillir. Il y a eu même des situations où les répétitions se sont déroulées dans les appartements de particuliers. On peut donc parler d’une triste continuité dans le destin malheureux de la danse contemporaine avant et après ’89. Espérons que la réouverture du Centre national de la danse de Bucarest mettra un point final à cette période ».
On ne saurait résumer les 900 pages de cet ouvrage. Voilà pourquoi nous avons demandé à madame Liana Tugearu de nous raconter le début et la fin de son livre : « Un de ces jours, j’ai regardé plus attentivement la première et la dernière des chroniques, datées de respectivement 1972 et 2012. Ca m’a fait vraiment plaisir de constater qu’elles concernent deux personnalités exceptionnelles de la culture roumaine. La première chronique parle du spectacle qui s’inspire de l’œuvre de Constantin Brâncusi, réalisé par le chorégraphe Alexandru Schneider. La dernière porte sur le spectacle monté par Gigi Căciuleanu d’après l’œuvre de Ion Luca Caragiale ».
Le volume «Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de danse 1972-2012» enregistre une grande absence, celle du maestro Ioan Tugearu, époux de Liana Tugearu, qui commente: « C’est une absence que je dois combler. C’est toujours moi qui ai rassemblé toutes les chroniques sur lui. Je les ai dans un dossier, avec des images. J’ai donc un noyau dur pour commencer. Il est bien entendu inimaginable qu’il n’en fasse pas partie, alors que pendant tout ce temps, il a eu de nombreuses interprétations en Roumanie comme à l’étranger, et aussi des créations chorégraphiques. Il est inconcevable, disais-je, qu’il ne soit pas mentionné ou qu’il soit présent dans une très petite mesure. C’est dire qu’il y figure lorsqu’il a fait partie du festival et je ne pouvais pas faire semblant de ne pas l’avoir remarqué, j’ai donc dû écrire quelques lignes sur sa création. Mais il est nécessaire, pour une image d’ensemble correcte, de faire un album qui lui soit entièrement consacré, avec tout ce qui a été écrit sur lui, avec tout ce qu’il a créé, avec des images de ses interprétations, des chorégraphies qu’il a signées pour d’autres et que j’ose aussi exprimer quelques opinions personnelles à l’occasion ».
Liana Tugearu est l’auteure de différents librettos de danse, joués sur plusieurs scènes roumaines : l’Opéra national de Bucarest, le Théâtre de danse Oleg Danovsky de Constanţa, l’Opéra de Iaşi et l’Orion Ballet. Dans le cadre de l’exposition de 1996, à ARTEXPO, elle a organisé la section de chorégraphie « L’Expérimentalisme dans l’art roumain des années ’60 -’90 », et en 2004, elle a publié le volume homonyme. En 1995 elle a reçu un prix pour toute son activité de critique de danse de la part de l’Union des danseurs, des chorégraphes et des critiques musicaux. (trad. : Mariana Tudose, Ligia Mihăiescu, Dominique)