Musées célèbres de Sibiu
Le premier musée ouvert en Europe Centrale et de l’Est, qui fêtera ses deux siècles d’existence en 2017, et un musée semblable à une Roumanie en miniature — voici deux raisons suffisantes pour visiter Sibiu, ville située en Transylvanie, au cœur de la Roumanie.
Roxana Iorgulescu Bandrabur, 04.07.2015, 13:11
Commençons par le Musée National Brukenthal, construit par le Baron Samuel von Brukenthal, nommé gouverneur de la Grande Principauté de Transylvanie par l’impératrice Marie Thérèse. Il est aussi le seul représentant de la communauté saxonne de Transylvanie occupant d’importantes fonctions au sein de l’Etat autrichien. Samuel von Brukenthal fait construire à Sibiu un palais en style baroque tardif suivant le modèle des palais viennois. Fondé en 1817, le musée réunit la collection de tableaux ayant appartenu au baron, considérée comme un des grands héritages culturels que l’Europe a légués aux générations futures.
Davantage de détails avec notre guide, Sabin Adrian Luca, manager du Musée national de Brukenthal: « Il est important de remarquer le fait que la collection appartient à une personne qui a connu la culture au–dessus du niveau local, au delà de la Transylvanie, comté dont il a été gouverneur pendant 10 ans. Une personne qui s’est intégrée dans la culture européenne dès sa naissance, par ses études en Allemagne, par les endroits où il a voyagé, notamment à Vienne et en Transylvanie. Une année avant sa mort, il a rédigé un testament unique à son époque, par lequel tous ses biens culturels et une partie de sa fortune devaient constituer le Musée de la Nation Saxonne. En 1817, sur demande du baron, l’actuel Collège National Brukenthal ouvrait ses portes en tant que musée public, sous la houlette du Collège Evangélique. En 2017, nous fêterons les 200 ans de fonctionnement continu de cette institution, un des premiers musées publics ouverts en Europe, après le British Museum et le Louvre. »
A l’heure actuelle, le Musée National Brukenthal comporte 9 bâtiments, dont 5 palais. Ses collections réunissent environ 1.700.000 objets. Selon son manager, Sabin Adrian Luca, c’est la plus grande collection publique de Roumanie, un patrimoine qui doit être protégé et promu: « La mise en valeur des biens culturels a été conçue sur plusieurs niveaux. Nous participons aux expositions nationales itinérantes, mais qui sont peu nombreuses. Nous avons démarré un ample programme de restauration qui s’étalera sur 40 ans. Mais aussi et surtout nous déroulons un programme censé promouvoir nos biens culturels. Notre collection de peinture flamande et néerlandaise est impressionnante. En plus, j’ai appris à Bruxelles que c’est la plus grande collection d’Europe en son genre, après celles de Belgique et des Pays-Bas. Les visiteurs occidentaux s’intéressent vivement à notre collection d’art italien aussi ».
Le Musée National Brukenthal est le premier musée de Roumanie récompensé du Prix du Patrimoine Culturel de l’UE « Europa Nostra » 2010. Il est aussi le premier musée roumain admis en 2011 au Club d’Excellence Best in Heritage de l’Association European Heritage.
Dirigeons-nous maintenant vers l’ensemble de musées ASTRA de Sibiu, dont les débuts remontent à la seconde moitié du 19e siècle. A présent il a plusieurs composantes, dont le studio « ASTRA Film ». Mais la partie la plus importante est sans doute le Musée de la Civilisation Traditionnelle ASTRA, un musée en plein air situé dans la forêt de Dumbrava Sibiului, une réserve de la nature considérée comme un véritable paradis. Son directeur général adjoint, Ovidiu Baron, nous en dit plus : « C’est une Roumanie en miniature. Bien des Roumains partis à l’étranger choisissent de visiter ce coin du pays, car le paysage rural roumain a beaucoup changé en mal ces dernières décennies. En dehors des Roumains, 30% des touristes qui nous rendent visite sont étrangers, ce qui nous réjouit. Ils sont attirés par la multitude de musées ethnographiques, le complexe muséal ASTRA et son musée en plein air se situant sur la deuxième et la troisième place au monde. Il présente l’évolution de la civilisation roumaine au fil du temps, celle des monuments architecturaux et techniques. D’ailleurs, à ses débuts, dans les années ’60, le musée en plein air de Dumbrava Sibiului illustrait la thématique plus restreinte de la technique traditionnelle. Ce n’est que plus tard qu’il élargira son domaine à l’ensemble de la civilisation roumaine. »
Les passionnés de nature et de traditions trouvent que le musée en plein air ASTRA est aussi un endroit idéal pour y passer de belles vacances. Ovidiu Baron explique : « Le musée a été d’emblée conçu non seulement comme un rassemblement de monuments et d’objets, mais aussi comme un musée vivant. Voilà pourquoi on y a transféré trois auberges traditionnelles, où le visiteur peut déguster les plats du terroir et loger. Nous venons de d’ajouter une auberge de jeunesse à cette offre. Dans ce musée en plein air on a également transféré trois églises. Dans l’une d’entre elle, qui a gardé sa fonction de lieu de culte, on célèbre les offices divins orthodoxes. D’autres constructions y ont été transférées et conservent leurs fonctions originelles. Parmi elles, une école, qui fonctionne depuis deux ans déjà au sein du musée en plein air de Dumbrava Sibiului. Elle accueille les jeunes et les adultes participants au programme éducatif intitulé « L’école du village traditionnel ». Cet été, ils vont apprendre comment faire un pot en terre cuite ou comment utiliser le métier à tisser. En dehors des ateliers de créativité, nous organisons aussi des ateliers de danses traditionnelles. »
Au musée en plein air ASTRA on peut arriver aussi en vélo. La piste cyclable inaugurée en 2014 et qui relie le centre de la ville de Sibiu à la commune de Răşinari passe devant le musée. (aut. Roxana Iorgulescu, Răzvan Emilescu, Luana Pleşea; trad. Valentina Beleavschi, Mariana Tudose)