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Mariana Gordan, histoire de la nomade

En 1979, quand elle a fui la Roumanie, munie d’un faux passeport, Mariana Gordan risquait trente années de prison pour « fréquenter des impérialistes britanniques ». Si je n’avais pas décidé de quitter mon pays natal, je doute que je serais toujours en vie, affirme cette artiste plasticienne qui, depuis presque quarante ans, mène sa vie et sa carrière à Londres. Exposée dans les galeries londoniennes les plus importantes, telles Pitshanger Gallery ou ACAVA Gallery, Mariana Gordan signe la peinture monumentale dans trois stations centrales du métro de Londres – Oxford Circus, Tottenham Court Rd. et Finsbury Park Station. Elle a eu des expositions personnelles à Paris, Venise, Florence, Avignon, Berlin, Tokyo, Seattle ou encore Washington.

Mariana Gordan, histoire de la nomade
Mariana Gordan, histoire de la nomade

, 11.08.2018, 14:50

Elle se considère une portraitiste qui ne s’attache pas à un style unique. « Je préfère expérimenter, en essayant de laisser derrière tout ce que l’on m’a appris à l’Académie des Beaux-Arts, pour privilégier plutôt ce que j’ai remarqué dans les musées et dans la vie de tous les jours. J’ai une relation personnelle avec l’art, qui n’a rien à voir avec les courants, la mode ou les styles », déclare l’artiste. Peu de temps avant de prendre la fuite, Mariana rate son examen d’admission à la Faculté des Beaux-Arts. Elle avait du talent, mais selon le jury, cela ne suffisait pas:

« Ma mère a eu très peur de voir ma carrière complètement détruite. Car elle savait instinctivement que je faisais artiste et que du coup, j’aurais fini par rejeter toute autre carrière ou alternative. Peu de temps après mon échec, j’ai trouvé un job dans l’hôtellerie: je travaillais à la réception d’un hôtel au bord de la mer Noire. L’occasion pour moi de faire les portraits de quelques touristes anglais, sans m’imaginer qu’après, ils en parleront à droite et à gauche, histoire de vanter mon talent. Du coup, la directrice de l’hôtel m’a accusée devant les autorités d’avoir touché de l’argent en échange de ces dessins. Elle était furieuse en s’imaginant que je m’étais fait payer en cachette, sans qu’elle en tire le moindre profit. Du coup, même en l’absence de toute preuve, je me suis fait virer et arrêtée par la police. Les touristes anglais se sont activés et ont signé une pétition pour montrer que je n’avais rien dit de mal des autorités roumaines, qu’ils ne m’avaient pas payée pour mon travail et que mon licenciement était abusif. Des années plus tard, j’ai appris que le hasard avait voulu que ces touristes-là aient été des activistes. Du coup, ils ont collecté des signatures en ma faveur, en plaidant ma cause sur la plage, auprès des vacanciers. Un geste qui n’a fait qu’enflammer davantage les esprits. Le lendemain, on m’a arrêtée sous l’accusation d’avoir provoqué un mouvement illégal et d’avoir conspiré contre l’Etat roumain. Ce sont toujours ces touristes anglais qui ont réussi à obtenir un faux passeport pour moi et qui m’ont aidée à sortir de Roumanie. Une fois en Grande Bretagne, ma fuite a fait la une de la presse trois mois durant et les menaces de la Securitate coulaient à flot.»

Mariana Gordan a raconté la fascinante histoire de sa vie dans le livre «State Property My Cold-War Memoir », publié en 2015 aux éditions Charmides de Bistriţa-Năsăud. Mariana y consacre de nombreuses pages aux différences culturelles entre la Roumanie communiste des années ’70 et le Royaume-Uni : « Mon premier choc culturel a été lié à l’amabilité des Anglais. Quand je me suis présentée au commissariat de police pour déclarer mon faux passeport et demander l’asile politique, une policière m’a apporté une tasse de thé. J’ai été persuadée que l’on y avait mis des drogues. Je ne pouvais pas imaginer que des agents de police puissent être aussi gentils, vous sourire, vous traiter comme un être humain. Quelle différence par rapport à la Roumanie, où les autorités et les policiers vous traitaient sans aucune considération. J’ai cru donc qu’on me piégeait. Je ne croyais pas que des gens en uniforme puissent vous traiter de façon aussi humaine. Le deuxième choc culturel s’est produit peu après mon arrivée au Royaume-Uni. La première personne que j’y ai contactée a été le sculpteur Paul Neagu. Sur son conseil, je me suis présentée à l’Université de Durham, pour m’inscrire au Département d’art. Ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est que là-bas, on ne devait pas passer par un examen d’entrée. Il n’y a eu qu’une interview et j’ai présenté le dossier avec les ouvrages que j’avais préparés. Suite à cet entretien avec la commission, j’ai été reçue avec des éloges. Les choses ont pourtant changé lorsque j’ai commencé mes études. A ma grande stupéfaction, nombre de mes collègues et de mes professeurs étaient de gauche, des trotskistes. Et cela en pleine guerre froide. Des gens vivant dans une société libre me disaient à moi, qui venais d’un pays endoctriné, qu’ils souhaitaient un gouvernement mondial. »

En 1984, Mariana Gordan s’est inscrite au concours public « GLC Clement Attlee Portrait Competition ». Le but de la compétition était la réalisation d’une sculpture de Clement Attlee, premier ministre britannique de la fin de la seconde guerre mondiale, qui devait être placée au centre de Londres, devant la bibliothèque Limehouse. Sur les 500 projets présentés, le jury, présidé par l’artiste Dame Elisabeth Frink, a choisi celui de Mariana Gordan. Pourtant, les jurés ont nuancé leur position lorsqu’ils ont appris que l’artiste qu’ils avaient votée était une jeune de 25 ans originaire d’un pays de l’Est. Aussi, Mariana demeura-t-elle la gagnante morale du concours, l’argent et la commande allant au concurrent classé deuxième.

Après 1989, Mariana Gordan a commencé à présenter ses créations en Roumanie aussi. Ses toiles et ses sculptures ont pu être admirées à Bucarest, Târgu Mureş, Cluj et Bistriţa. L’exposition la plus récente de Mariana Gordan – « Printemps, printemps, dehors et dedans » – a été accueillie au mois de mars par le Centre de culture architecturale de l’Union des architectes de Roumanie. « Printemps dedans » désigne le nettoyage de printemps de la maison et surtout des planchers en bois neufs, peints de manière abstraite et expressionniste et luxueusement vernis. « Printemps dehors » est une collection de paysages de petites dimensions (environ 20×20 centimètres) – peinture à l’huile ou graffite.( Trad.: Ioana Stăncescu, Dominique)

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