Maîtres artisans du département de Prahova
Sis entre Bucarest, la capitale et la province historique de Transylvanie, au pied des Carpates Méridionales, le département de Prahova ne cesse de nous surprendre aussi bien par la beauté des paysages que par la richesse de son patrimoine culturel. Dans ce qui suit, nous allons vous faire la connaissance de plusieurs maîtres artisans qui, par leur art et leur savoir-faire, se battent pour la survie des formes traditionnelles d’artisanat.
Monica Chiorpec, 22.02.2014, 13:13
Sis entre Bucarest, la capitale et la province historique de Transylvanie, au pied des Carpates Méridionales, le département de Prahova ne cesse de nous surprendre aussi bien par la beauté des paysages que par la richesse de son patrimoine culturel. Dans ce qui suit, nous allons vous faire la connaissance de plusieurs maîtres artisans qui, par leur art et leur savoir-faire, se battent pour la survie des formes traditionnelles d’artisanat.
A ses 90 ans, Larisa Iftode de la ville de Urlati passe le plus clair de son temps à réaliser des icônes sur verre et des masques inspirés de l’imaginaire populaire. Sa passion pour l’art dure depuis longtemps : « Tout a commencé lors d’une de mes visites dans les galeries et les expositions de la capitale, Bucarest. C’est alors que j’ai remarqué dans une galerie d’art une icône sur verre représentant Saint Georges. Elle coûtait énormément et moi, à l’époque, j’étais très pauvre. Toutefois, plus que le prix, ce fut le fait de remarquer que un poisson à la place du dragon traditionnel qui m’a profondément contrariée. Et c’est alors que je me suis dit que moi, j’aurais certainement pu faire un meilleur dessin. Des années se sont écoulées depuis, pendant lesquelles j’ai préféré m’occuper des masques. J’en ai fait des centaines, j’ai participé à toute sorte d’expositions et j’ai même décroché des diplômes. Et puis un jour, vers 63 ans, j’ai décidé de m’adonner à la peinture sur verre. Je n’ai jamais pris de cours en ce sens, personne ne m’a appris comment cela se faisait. Mon talent est tout simplement un don divin. J’ai réalisé des tas d’icônes que j’ai présentées aussi en France, Allemagne, Suisse, Italie et Russie ».
En l’absence de tout cours de spécialité, Larisa Iftode s’est laissé inspirer par la nature et la beauté qui l’ont accompagnée tout au long de sa vie. Une histoire similaire a vécu Irina Mihaela Popovici, artiste plasticienne dilettante de la ville de Ploiesti, passionnée des costumes traditionnels : « Cette passion, je l’ai héritée de ma mère, elle aussi artiste plasticienne. Mais, à la différence d’elle qui se préoccupait des costumes sous plusieurs aspects, moi, j’ai préféré me consacrer aux poupées folkloriques pour mettre en lumière la beauté des costumes roumains. Mes poupées se vendent notamment à l’étranger où il existe pas mal de personnes qui se passionnent pour ces représentations miniatures. Leurs petits costumes stylisés que je créée avec les mêmes matériaux comme dans le cas des costumes originaux me permettent de montrer dans les moindres détails la richesse de nos costumes ».
La fabrication d’une petite poupée de collection n’est pas chose facile, avoue Mihaela Popovici pour laquelle chaque détail compte si l’on veut que l’Europe tombe sous le charme des costumes folkloriques roumains : « Personnellement, je me suis consacrée notamment aux costumes originaires de Moldavie et Transylvanie. Pourtant, j’en ai fait pas mal inspirés aussi des régions d’Arges et de Valcea. J’ai fabriqué même des tenues traditionnelles pour les fêtes de Noël ou de Pâques. Toutes mes poupées sont chaussées d’opinci, ces chaussures traditionnelles roumaines réalisées en cuir et portent des chaussettes tricotées de laine. Les accessoires tels les petits gilets, les sacs en tissu, les bonnets en laine pour les hommes ou les fichus en lin pour les femmes ne manquent jamais quand il s’agit des costumes de la contrée de Moldavie. Quant à ceux transylvains, eh bien là, je confectionne des chapeaux pour les figurines masculines et des colliers pour celles féminines. Puisqu’il s’agit de miniatures, j’ai du mal à imaginer des costumes complets qui comportent aussi les habits d’hiver. J’ai choisi de vêtir mes poupées de blouses roumaines stylisées décorées selon la tradition de la région d’origine. Les cheveux sont faits en laine et toutes les poupées sont coiffées soit de bonnets, soit de fichus ».
Valetin Nicolae est un artiste plasticien amateur dont l’œuvre ne passe pas inaperçue. Car, ce sapeur-pompier de Ploiesti a réussi à transposer dans son art la fascination pour le feu en tant qu’élément primordial : « Mes ouvrages renvoient au style gothique, médiéval. Pour l’instant, je ne travaille que le verre et le bois. Pour cela, je fais la collecte des déchets que je transforme par la suite en différents objets décoratifs repeints pour la plupart en noir et jaune d’or ».
Les objets décoratifs de Valentin Nicolae impressionnent notamment par la multitude des détails en couleurs sombres qui nous font plonger dans la nuit des temps. Et puisque l’on parle d’une période révolue, faisons la connaissances de notre dernier invité du jour, le maître artisan Ion Ionita qui fait des tableaux en pailles collées censées évoquer les coutumes roumains de la contrée de Prahova : « Notre grand historien roumain, Nicolae Iorga, disait que l’identité d’une nation est plus qu’une identité de langue et d’espace. S’y ajoutent les traditions, l’histoire, le passé, le présent et l’avenir, les coutumes, les costumes- autant d’aspects qui nous définissent en tant que Roumains. Moi, j’ai bien aimé les maisons traditionnelles de chez nous, même celles bâties en ville qui savent mêler l’art traditionnel à l’urbanisme. Avant qu’un village ne commence à se former, il faut toujours bâtir une église. Car le village gravite autour d’une sainte demeure. Les églises villageoises conservent les éléments traditionnels d’architecture et de peinture. On s’est souvent posé la question pourquoi les portes de nos églises sont tellement basses . Car pour y entrer, il faut baisser la tête et laisser la vanité dehors. C’est de tout cela que j’ai bien voulu parler dans mon art ».
Chers amis, c’est ici que prend fin notre itinéraire culturel à travers le département de Prahova. Nous vous remercions de votre attention et vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles informations culturelles. (trad.: Ioana Stancescu)