« L’Univers de la restauration-conservation de la céramique »
... une exposition récemment ouverte au Musée municipal Bucarest (MMB)
Ion Puican, 28.12.2024, 15:41
Le Musée municipal Bucarest (MMB) a récemment présenté au public l’exposition « L’Univers de la restauration-conservation de la céramique ». Ouverte au Palais Suţu, siège central du musée, cette exposition met en lumière le côté moins visible des objets en céramique, créés par des maîtres potiers pour remplir certaines fonctions quotidiennes, mais aussi pour entamer, de par leurs formes, textures et décorations, un dialogue spirituel avec ceux qui les regardent ; ces objets ont la capacité de charmer les regards et les esprits, d’y éveiller des réactions d’attachement. Mais le temps qui passe laisse son empreinte sur leur aspect et sur leur intégrité. Et c’est là que le restaurateur-conservateur intervient pour redonner aux objets leur forme initiale, avant de les présenter au public.
Les défis de la restauration d’objets d’art
Mihaela Ciobanu, commissaire de l’exposition et experte en restauration d’objets d’art, explique les défis impliqués par cette activité : « Un restaurateur d’objets d’art se heurte à ces défis dès l’arrivée de ces objets au laboratoire, à commencer par la première étape, celle de la recherche. Chaque objet en céramique a besoin d’une approche unique, qui prenne en compte la détérioration apportée par le passage du temps. »
Autrement dit, le restaurateur assume la grande responsabilité d’appliquer des procédures adaptées afin de conserver les objets en céramique, fait savoir Mihaela Ciobanu. Il s’appuie sur son talent et sa patience, sur son éthique professionnelle aussi pour effacer les effets de l’action destructrice de la nature ou de l’homme sur un objet, afin de lui redonner la forme, la couleur et l’aspect d’origine, précise la commissaire de l’exposition « L’Univers de la restauration-conservation de la céramique ».
La restauration d’objets d’art, un travail délicat et méticuleux
Pour nous aider à mieux comprendre l’essentiel de l’activité de restauration de la céramique, l’experte restauratrice Mihaela Ciobanu résume les étapes de ce travail de fourmi, délicat et méticuleux : « Le premier pas à faire par tout restaurateur est l’étude de la fabrication de l’argile. A travers l’histoire, le travail de l’argile a évolué du modelage manuel, à l’utilisation du tour de potier et jusqu’aux techniques industrielles de réalisation des objets en céramique. En étudiant la qualité et la composition de l’argile, la technologie de moulage ou de coulage et le processus de cuisson, le restaurateur peut choisir les méthodes de traitement, les matériaux et les substances à utiliser dans le processus de restauration de la céramique étudiée. Les facteurs ayant contribué à la dégradation de la céramique sont déterminés à travers plusieurs types d’investigation. Les investigations chimiques, par exemple, mettent en évidence la nature des dépôts de substances qui menacent l’intégrité d’un objet. Le restaurateur étudie ces analyses et les investigations physiques micro ou macroscopiques, il détermine ensuite l’état de conservation de l’objet et il pose un diagnostic. La restauration repose donc sur la recherche, les principes et les méthodologies scientifiques applicables à toutes les catégories de biens culturels. On commence avec des traitements chimiques d’élimination des dépôts de matières, suivis par l’identification des objets, en cas d’état fragmentaire de ceux-ci ; pour recoller les morceaux nous utilisons des substances adhésives spécifiques pour la pâte céramique ; nous complétons les zones lacunaires avec des matériaux compatibles et nous réalisons des intégrations chromatiques sur les zones complétées, ainsi que la conservation finale. Le restaurateur a l’importante responsabilité de connaître ce qu’il faut utiliser dans le processus de restauration d’art et d’adopter le meilleur traitement pour chaque cas. »
L’exposition « L’Univers de la restauration de la céramique », ouverte au MMB, met en évidence le but de l’activité de restauration, qui est celui de préserver le plus longtemps possible des témoignages palpables pour les générations futures, affirme la commissaire de l’exposition Mihaela Ciobanu. Le public est invité à suivre le voyage d’un objet depuis sa découverte jusqu’aux vitrines des musées et à connaître les défis rencontrés par les restaurateurs d’art, confrontés à l’action impitoyable du temps. (Trad. Ileana Ţăroi)