LINOTIP – Un nouvel espace consacré à la danse contemporaine
Vers la fin 2016, les chorégraphes Arcadie Rusu et Ioana Marchidan annonçaient l’ouverture d’un espace consacré à la danse contemporaine: LINOTIP – Le Centre chorégraphique indépendant. Les deux chorégraphes avaient eux-mêmes besoin d’un endroit pour présenter les spectacles qu’ils avaient créés. En outre, en Roumanie un public pour ce genre de spectacles est encore en train de se former. Arcadie Rusu : « Nous avons une mission importante, car chez nous, la danse contemporaine est presque inexistante et les spectacles sont rares. Il n’y a pas de culture dans ce domaine, cet art ayant été interdit pendant la période communiste. La danse contemporaine est un art particulier, vers lequel nous souhaitons orienter le public, que nous voulons en même temps éduquer. Souvent, nous remarquons plus facilement les choses que la parole n’exprime pas. Nous avons inscrite dans notre code génétique cette intelligence de décoder des gestes corporels, des regards ou des intentions ; seulement, nous ne les comprenons pas intellectuellement, mais par le biais des émotions. Je souhaite réaliser des spectacles susceptibles d’attirer aussi des personnes qui n’ont jamais assisté à un spectacle de danse contemporaine. Je trouve ce n’est pas un art destiné uniquement à certaines personnes, différentes des autres et ayant une éducation dans ce domaine, c’est un art qui doit se trouver à la portée de tous. »
Luana Pleşea, 26.08.2017, 13:12
Vers la fin 2016, les chorégraphes Arcadie Rusu et Ioana Marchidan annonçaient l’ouverture d’un espace consacré à la danse contemporaine: LINOTIP – Le Centre chorégraphique indépendant. Les deux chorégraphes avaient eux-mêmes besoin d’un endroit pour présenter les spectacles qu’ils avaient créés. En outre, en Roumanie un public pour ce genre de spectacles est encore en train de se former. Arcadie Rusu : « Nous avons une mission importante, car chez nous, la danse contemporaine est presque inexistante et les spectacles sont rares. Il n’y a pas de culture dans ce domaine, cet art ayant été interdit pendant la période communiste. La danse contemporaine est un art particulier, vers lequel nous souhaitons orienter le public, que nous voulons en même temps éduquer. Souvent, nous remarquons plus facilement les choses que la parole n’exprime pas. Nous avons inscrite dans notre code génétique cette intelligence de décoder des gestes corporels, des regards ou des intentions ; seulement, nous ne les comprenons pas intellectuellement, mais par le biais des émotions. Je souhaite réaliser des spectacles susceptibles d’attirer aussi des personnes qui n’ont jamais assisté à un spectacle de danse contemporaine. Je trouve ce n’est pas un art destiné uniquement à certaines personnes, différentes des autres et ayant une éducation dans ce domaine, c’est un art qui doit se trouver à la portée de tous. »
La salle du Centre chorégraphique indépendant Linotip compte 60 à 70 places. Avec ses 120 m2, cette scène est la plus grande parmi celles qu’offrent les petits espaces – comme Arcadie Rusu se plaît à dire. Il n’est pas du tout facile de détenir, ni de rendre profitable un espace indépendant, une stratégie pour au moins 6 mois est nécessaire – estime Ioana Marchidan : « Nous en sommes déjà à notre 4e atelier de danse contemporaine, car nous nous sommes proposé de nous concentrer sur l’éducation. C’est que les non-professionnels qui participent à ces ateliers constituent un futur public pour tous les espaces de danse, pas seulement pour Linotip. La prochaine étape – que nous avons déjà entamée – serait l’organisation d’une saison de danse. A ma connaissance, il n’y a pas de saison de danse en Roumanie. Le public est habitué à venir au Centre chorégraphique indépendant Linotip pour voir des spectacles de danse, trois fois par semaine. C’est comme au théâtre. Pour cette saison, nous proposons nos spectacles et des spectacles invités. Nous souhaitons accorder un prix Linotip aux étudiants de l’Université nationale de l’art du théâtre et du cinéma, les inviter à jouer dans nos spectacles, à se présenter devant un public. Ils comprendront ainsi ce que c’est que de jouer devant un public qui paie un billet pour voir le spectacle. Nous sommes en train de négocier avec le chorégraphe Massimo Gerardi, pour qu’il vienne tenir des ateliers destinés aux professionnels et aux non-professionnels, qu’il reprennent certains de ses spectacles, la coproduction roumano-allemande « Magnetic Fields », par exemple. Nous l’avons invité à monter un spectacle pour la compagnie Linotip. »
La saison Linotip a commencé le 1er février, avec le spectacle « Babel », conçu par Arcadie Rusu, qui signe aussi la chorégraphie. C’est un spectacle sur l’homme contemporain et sur la ville en tant que jungle urbaine, où chacun tâche de survivre comme il peut. Arcadie Rusu : « C’est, avant tout, un spectacle inspiré de la vie que nous menons. La ville de Bucarest a été la plateforme de recherche pour ce spectacle. Généralement parlant, « Babel » est un spectacle sur notre involution en tant qu’espèce humaine. Nous avons beaucoup évolué du point de vu technologique, mais nous sommes confrontés aux mêmes problèmes. Nous n’avons pas compris que notre vie est condensée dans un certains laps de temps, qu’à un moment donné elle prendra fin et que rien de matériel ne comptera plus. Nous cherchons la stabilité, l’équilibre et cela donne naissance aux idées égocentriques, aux idées matérialistes, faisant perdre à l’homme la teinte spirituelle. Or, « Babel » est un spectacle de danse contemporaine qui parle justement de l’illusion de la stabilité. »
Une deuxième première a suivi le spectacle « Babel », à savoir « 2 femmes contemporaines », conçu par la chorégraphe Ioana Marchidan : « Dans ce spectacle, je parle un peu de la condition de la femme, de la discrimination qu’elle a subi au fil de l’histoire. On sait très bien que la femme était la propriété de quelqu’un – du père, du mari. Les femmes étaient vendues comme du bétail – si j’ose dire. Je me suis intéressée aux suffragettes, qui ont lutté pour obtenir le droit de vote des femmes. Et j’ai tâché d’en parler, de ramener dans l’actualité, de toucher les « sous-thèmes » du féminisme. C’est un spectacle féministe, que je n’ai pas voulu militant. Je n’ai pas voulu me diriger vers un côté extrémiste. J’ai commencé par l’adolescence ; à cet âge, dans la rue, les jeunes filles se voient adresser toute sorte d’injures sexistes. A l’âge de la puberté et de l’adolescence, elles sont sensibles et ce genre de choses peut les affecter. »
Il n’est pas facile d’ouvrir et de gérer un espace indépendant dédié à la danse contemporaine. Pourtant, la chorégraphe Ioana Marchidan est confiante : « Je pense que le contexte actuel est favorable, d’autant plus que nos spectacles parlent justement de ce qui se passe maintenant dans le domaine politique, des manifestations place de la Victoire, à Bucarest… Le public cherche les spectacles fondés sur le mouvement et les centres de danse ne sont pas nombreux : trois, avec le nôtre, ce qui est aussi à notre avantage. Pourtant c’est très peu et le public a besoin de ce genre d’espaces. Pour en ouvrir, il faut pourtant beaucoup de courage. C’est difficile, il faut assumer, lutter… Il faut de l’argent. Nous avons eu, nous aussi ce genre de problèmes : on doit travailler, mettre de l’argent de côté, emprunter… L’argent viendra. Je suis sûre que tout va bien se passer. »