« L’Homme qui apporte le bonheur »
« Mon roman raconte non seulement la quête de sa place dans ce monde, mais aussi comment on trouve la voie vers l’autre par le biais de la narration. » C’est ainsi que Cătălin Dorian Florescu décrit son récent roman, intitulé « L’Homme qui apporte le bonheur », paru chez Humanitas et traduit par Mariana Bărbulescu. Né dans la ville de Timişoara, dans l’ouest de la Roumanie, et psychologue de son état, Cătălin Dorian Florescu avait émigré pendant le régime communiste, quand il avait quinze ans. Ce n’est pas la première fois qu’il affirme que la littérature et la vie sont étroitement liées.
Corina Sabău, 11.07.2018, 12:04
« Mon roman raconte non seulement la quête de sa place dans ce monde, mais aussi comment on trouve la voie vers l’autre par le biais de la narration. » C’est ainsi que Cătălin Dorian Florescu décrit son récent roman, intitulé « L’Homme qui apporte le bonheur », paru chez Humanitas et traduit par Mariana Bărbulescu. Né dans la ville de Timişoara, dans l’ouest de la Roumanie, et psychologue de son état, Cătălin Dorian Florescu avait émigré pendant le régime communiste, quand il avait quinze ans. Ce n’est pas la première fois qu’il affirme que la littérature et la vie sont étroitement liées.
Cătălin Dorian Florescu est écrivain freelance et vit actuellement à Zurich.
Il a publié les romans « Wunderzeit » (Le Temps des miracles, 2001), « Der Kurze Wegnach Hause » (Le Bref chemin vers la maison, 2002) et « Der Blinde Masseur » (Le Masseur aveugle, 2006). Ces autres romans « Zaira » (Zaira, 2008) et « Jacob Beschließtzulieben » (Jacob se décide à aimer, 2011) sont parus aux éditions C.H. Beck.
Il a été distingué de nombreux prix, dont le prix Anna Seghers et du Swiss Book Prize, qui récompense le meilleur livre de l’année en Suisse, en 2011. En 2012, il s’est vu décerner le prix Josef von Eichendorff pour l’ensemble de son activité littéraire.Voici ce que Elke Heidenreich écrivait dans le magazine Stern à propos du récent roman de Cătălin Dorian Florescu, « L’Homme qui apporte le bonheur »: « c’est un roman fulminant sur un siècle d’errances, de bannissements, d’évasions, de quête de la bonne fortune… Un roman débordant de fantaisie, de beauté et d’images fantastiques. Florescu a déjà fait la preuve de son talent. Cette fois-ci, il nous en offre la preuve suprême. » Il y est question de trois générations et de deux histoires qui se tissent en un seul fil et qui se passent tantôt outre – Atlantique, à East River, Coney Island, Broadway, tantôt en Roumanie, à Sulina, dans une léproserie. Des séquences mémorables rappellent le tumulte de l’Amérique au début du XXe, le paysage sauvage du delta du Danube, la tragédie des Tours jumelles ou encore des bribes du quotidien des Roumains d’aujourd’hui et d’hier. Les personnages du roman sont Ray, artiste de vaudeville sur la Côte est des Etats-Unis et Elena, qui a vécu dans des orphelinats ou dans des familles adoptives et qui travaille dans une fabrique de textiles.
Les romans de Cătălin Dorian Florescu sont inspirés de la réalité.
Par exemple, Zaira, le personnage central, était une célèbre marionnettiste et comédienne de Timişoara, décédée il y a deux ans. Voilà pourquoi le romancier s’est beaucoup documenté. Pour écrire « L’Homme qui apporte le bonheur », Cătălin Dorian Florescu a dû passer près de trois ans tantôt à New York, tantôt dans le delta du Danube. Il racontait que pour la documentation sur son futur personnage Elena, il se réveillait à quatre heures du matin, pour rejoindre les pêcheurs. Pourtant, la seule documentation ne suffit pas, il faut y ajouter sa vision de la vie, souligne-t-il: « Cela fait deux mois que je me trouve à Bucarest. L’année dernière j’y ai passé presque deux mois aussi. Je voulais comprendre cette ville qui n’est pas la mienne, car je suis né à Timişoara. J’en ai saisi les bons et les mauvais côtés, je me suis efforcé d’en comprendre l’histoire. Le travail de documentation m’aide beaucoup. Je me rends sur place, je discute avec les gens. Cela tient à la formation de psychologue. C’est mon autre passion, à part l’écriture. Cette formation d’humaniste, j’essaie de la cultiver dans la vie de chaque jour aussi, par le biais du contact avec les autres, du dialogue, de la curiosité, du courage de se connaître soi-même. Tous ces aspects-là, je les prends en compte lorsque je me documente sur tel ou tel sujet. Plus tard, quand j’écris mes livres, je tente de les oublier, pour laisser la place au bon sens commun. Je me concentre sur la conduite des gens, parce que certains choisissent de garder leur humanité quand la vie leur fait subir de dures épreuves, alors que certains autres se déshumanisent. Autant dire que je m’intéresse à cette grande histoire qu’est l’existence. Une histoire que je reprends dans mes romans, en l’enrichissant à chaque fois d’un nouveau détail. C’est que mes héros, en fait des gens simples, essaient de vivre sans avoir peur ou faim, tout en se sentant des êtres humains. »
Voici ce que l’écrivain Cătălin Dorian Florescu déclarait à propos de l’opportunité que nous offre son roman, celle de s’approcher de ses semblables au travers du récit: « Dans ce roman, Elena et Ray se cachent, dans la nuit du 11 au 12 septembre, dans le sous-sol d’un théâtre situé sur la 13e avenue de Manhattan et se mettent à raconter leurs vies. Elena, elle, remonte dans le temps, dans la Roumanie d’il y a un siècle, tandis que Ray se rappelle son grand-père qui, au début du XXe siècle, vivait à New York. C’est donc aussi un roman sur le besoin de raconter, peut-être pour tisser ainsi une petite histoire d’amour entre les deux protagonistes, dans un moment si tragique. Bref, le récit nous accompagne dans la vie. L’important, c’est de choisir l’histoire authentique, celle qui révèle notre moi le plus profond. Ray et Elena appartiennent à deux mondes différents. Leurs aspirations diffèrent elles aussi. Ray, qui croit au rêve américain, espère devenir une grande vedette, mais il ne le sera jamais. Quant à Elena, elle vit dans un monde très dur, mais elle doit apprendre à être plus confiante. » (Trad. Mariana Tudose)