Les journées du film roumain au Festival International Transilvania – TIFF 2018
Deux films figurant dans la compétition internationale pour le Trophée Transilvania se sont retrouvés cette année à l’affiche des Journées du film roumain, étant projetés pour la première fois en Roumanie. L’un des deux est le grand gagnant de l’Ours d’Or, cette année à Berlin : il s’agit de « Touch Me Not » (Touche-moi pas), le premier long-métrage de la réalisatrice Adina Pintilie. Situé à la frontière de la fiction, du film documentaire et de l’art visuel et expérimentant courageusement au niveau aussi bien du contenu que du langage cinématographique, le film « Touch Me Not » est une approche personnelle de l’intimité, du besoin humain de contact authentique. C’est une tentative de découvrir les différentes couches de l’intimité. L’intimité est pleine de dangers. Le revers de l’amour peut être la haine, l’agressivité, l’incompréhension, qui font toutes partie de la même réalité complexe. Adina Pintilie : « A mon avis, la façon dont nous vivions l’intimité est conditionnée par de nombreux aspects: l’éducation, la culture à laquelle nous appartenons, notre histoire personnelle. Pourtant, la réalité concrète de l’interaction avec les autres est beaucoup plus complexe et le projet est né justement de la curiosité qu’elle suscite. En me rendant compte qu’en fait je ne sais pas beaucoup de choses sur l’intimité et sur la nature humaine, j’ai entamé un processus de réapprentissage et de découverte des manières parfois surprenantes de vivre l’intimité. J’ai travaillé aussi bien avec des acteurs professionnels qu’avec des personnes qui n’avaient jamais fait du cinéma, mais qui s’intéressaient précisément à ce domaine d’investigation. Le résultat en a été un mélange inédit à leurs histoires personnelles s’ajoutant des éléments de fiction. Nous avons également eu recours à des expériences de psychodrame et à beaucoup d’autres moyens pour mettre en évidence les mécanismes que nous appliquons souvent dans nos relations avec les autres, sans nous en rendre compte. En fait, tous les personnages sont confrontés à cette contradiction entre le besoin d’intimité et la peur de s’engager dans une relation d’interdépendance qui risque de les rendre trop vulnérables. »
Corina Sabău, 09.06.2018, 15:27
Deux films figurant dans la compétition internationale pour le Trophée Transilvania se sont retrouvés cette année à l’affiche des Journées du film roumain, étant projetés pour la première fois en Roumanie. L’un des deux est le grand gagnant de l’Ours d’Or, cette année à Berlin : il s’agit de « Touch Me Not » (Touche-moi pas), le premier long-métrage de la réalisatrice Adina Pintilie. Situé à la frontière de la fiction, du film documentaire et de l’art visuel et expérimentant courageusement au niveau aussi bien du contenu que du langage cinématographique, le film « Touch Me Not » est une approche personnelle de l’intimité, du besoin humain de contact authentique. C’est une tentative de découvrir les différentes couches de l’intimité. L’intimité est pleine de dangers. Le revers de l’amour peut être la haine, l’agressivité, l’incompréhension, qui font toutes partie de la même réalité complexe. Adina Pintilie : « A mon avis, la façon dont nous vivions l’intimité est conditionnée par de nombreux aspects: l’éducation, la culture à laquelle nous appartenons, notre histoire personnelle. Pourtant, la réalité concrète de l’interaction avec les autres est beaucoup plus complexe et le projet est né justement de la curiosité qu’elle suscite. En me rendant compte qu’en fait je ne sais pas beaucoup de choses sur l’intimité et sur la nature humaine, j’ai entamé un processus de réapprentissage et de découverte des manières parfois surprenantes de vivre l’intimité. J’ai travaillé aussi bien avec des acteurs professionnels qu’avec des personnes qui n’avaient jamais fait du cinéma, mais qui s’intéressaient précisément à ce domaine d’investigation. Le résultat en a été un mélange inédit à leurs histoires personnelles s’ajoutant des éléments de fiction. Nous avons également eu recours à des expériences de psychodrame et à beaucoup d’autres moyens pour mettre en évidence les mécanismes que nous appliquons souvent dans nos relations avec les autres, sans nous en rendre compte. En fait, tous les personnages sont confrontés à cette contradiction entre le besoin d’intimité et la peur de s’engager dans une relation d’interdépendance qui risque de les rendre trop vulnérables. »
Paul Negoescu, gagnant du Prix du meilleur premier film à l’édition 2013 des Journées du film roumain avec « Un mois en Thaïlande » et auteur de la comédie populaire « Deux lots », est revenu au TIFF avec « L’histoire d’un badaud » (The Story of a Summer Lover). A nouveau une comédie douce-amère sur les situations difficiles où l’amour nous plonge souvent. Paul Negoescu : « C’est une comédie romantique, dont le héros manque complètement de romantisme. Par conséquent, tous les clichés des films romantiques en sont absents. Le personnage principal, joué par Alexandru Papadopol, pourrait être décrit ainsi : un homme ayant dépassé la quarantaine, professeur à l’Institut polytechnique, refusant de prendre les choses au sérieux, en relation ouverte avec une femme qui accepte toutes ses petites aventures. Seulement cette femme finit par tomber enceinte. Et c’est à ce moment-là qu’il commence à se demander s’il ne devait pas gagner en maturité ; il se pose des questions et les pose aussi à ses deux amis, qu’il rencontre de temps en temps. L’un d’entre eux est écrivain et il se décide d’écrire un livre là-dessus, de sorte que cette histoire est vue par les yeux de cet écrivain. »
En lice à Saint Sébastien et primé à Trieste, le film « Les soldats. Histoire du quartier de Ferentari » (Soldiers. Story From Ferentari) d’Ivana Mladenovic a été, lui aussi, présenté au Festival du Film Transilvania. La réalisatrice porte à l’écran le roman homonyme de l’écrivain Adrian Schiop, qui est en même temps un des protagonistes de cette histoire d’amour non conventionnelle. Après sa première, le film a suscité des protestations contre la communauté LGBT. Ada Solomon, productrice du film, explique : « L’histoire se déroule dans un espace particulier : le quartier de Ferentari, le plus pauvre de la capitale. Un milieu précaire, un monde marginal, dans lequel les deux héros sont, eux aussi, des êtres marginaux. C’est un aspect qui m’a beaucoup intéressé et je trouve ridicule que ce film ait pu être accusé de propagande homosexuelle. Car qui est-ce qui souhaiterait être dans la peau de ces personnages et vivre dans le quartier de Ferentari ? En quoi ce film pourrait-il être « aspirationnel » ? Voilà une question sans réponse. Si ce film lance un défi aux spectateurs, c’est bien celui de découvrir cet espace, de découvrir un monde dont les valeurs sont différentes de nos valeurs habituelles et d’avoir le courage de poser leur regard sur ce quartier, si proche et si méconnu. De ce point de vue, le film est une sorte de passage, il brise la barrière. Par ailleurs, « Les soldats » est en fait un film sur la solitude, sur le besoin d’avoir quelqu’un auprès de soi, d’avoir un foyer, une famille, d’être intégré à une communauté. Ce film, c’est tout ce que vous voulez, sauf de la propagande.5 films en première absolue ont compté parmi les surprises de cette édition du festival, dont certains signés par des réalisateurs débutants. Il s’agit du premier long-métrage de Bogdan Theodor Olteanu. Silvana Mihai, une des actrices qui s’est fait remarquer dans le programme « 10 pour le FILM », joue le rôle principal dans un film courageux: « Quelques conversations sur une fille très haute de taille » (Several Conversations About a Very Tall Girl). L’acteur Vlad Zamfirescu a fait ses débuts en tant que réalisateur. Son film, « Le Secret du bonheur » (The Secret of Happiness) est une comédie cynique pleine d’imprévus qui tient le public en haleine.(Aut. : Corina Sabău; Trad.: Dominique)