L’écrivaine néerlandaise d’origine roumaine Nausicaa Marbe
L’écrivaine néerlandaise d’origine roumaine a participé à une série de lectures et de débats organisés à Bucarest et à Braşov, dans le cadre du projet « Les Journées Sofia Nădejde », qui s’est déroulé en novembre 2019. Née à Bucarest, Nausicaa Marbe, est la fille de la célèbre compositrice Myriam Marbe. Elle a étudié au Lycée allemand de Bucarest et en 1982 s’est établie aux Pays-Bas, où elle a fait des études supérieures de politologie et de philosophie.
Corina Sabău, 11.01.2020, 11:16
L’écrivaine néerlandaise d’origine roumaine a participé à une série de lectures et de débats organisés à Bucarest et à Braşov, dans le cadre du projet « Les Journées Sofia Nădejde », qui s’est déroulé en novembre 2019. Née à Bucarest, Nausicaa Marbe, est la fille de la célèbre compositrice Myriam Marbe. Elle a étudié au Lycée allemand de Bucarest et en 1982 s’est établie aux Pays-Bas, où elle a fait des études supérieures de politologie et de philosophie.
Nausicaa Marbe a débuté dans la littérature en 1999, avec le roman « Mandraga », une histoire sur l’émigration, aux accents autobiographiques. Le roman « Mandraga » a reçu le prix du début en littérature « Charlotte Kohler » et a été traduit en allemand. Son deuxième roman, « Smeergeld » (Pots-de-vin), paru en 2014 et qui lui a valu d’excellentes critiques dans la presse, allait être vendu à une maison d’édition allemande. Deux ans plus tard, ce roman était distingué du prix belge De Diamanten Kogel. Les critiques ont vanté le talent de Nausicaa Marbe de brosser, dans un langage truffé de sarcasmes, une large fresque des mœurs des Pays-Bas d’aujourd’hui. Dans le canevas du récit, elle mêle ses propres dilemmes aux dilemmes politiques de toute une génération occidentale. Il en ressort une histoire palpitante d’amour et de corruption, au sein du beau monde de Haarlem, la ville où l’auteure vit avec sa famille.
A Bucarest et à Brasov, Nausicaa Marbe a dialogué avec ses lecteurs, lu des extraits de son roman « Smeergeld » (Pots-de-vin) et expliqué dans quel contexte elle l’avait écrit : « Vous voyez un champignon sur la première de couverture. C’est moi qui ai voulu ce dessin, car mon livre parle des relations qui pourrissent, des problèmes de la société, des choses que l’on ne voit pas d’habitude, des endroits obscurs et laids dont on a tendance à détourner nos regards. En un mot, mon roman est une triste comédie de mœurs. Le personnage principal, l’architecte de la ville de Haarlem, perd son emploi à cause de la crise économique. Impliqué dans la vie politique locale, il lui arrive de découvrir des faits de corruption, car oui, la corruption existe aux Pays-Bas aussi. Lorsque je suis allée le voir, mon roman était presque fini. Je lui ai rendu visite dans son bureau, car je voulais voir comment il travaille, plonger dans l’atmosphère, vu que je ne savais que peu de choses sur le sujet. Je lui ai donc parlé de mon livre, dont j’avais déjà écrit la majeure partie, mais auquel je pouvais à tout moment apporter des ajouts. Plutôt réservé, il devenait de plus en en plus réticent. L’architecte ne m’a rien dit alors. Entre temps, mon roman est sorti dans les librairies. Trois mois plus tard, quand on s’est rencontrés, il a avoué avoir eu peur à cause de mon roman. Et cela parce la fraude, les pots-de-vin et les conflits d’intérêt dont il était question dans l’histoire que j’avais inventée, tous ces faits-là existaient bel et bien dans la politique locale, mais n’avaient pas encore été révélés. Or l’architecte, qui avait tenté d’en parler à la presse, pour que tous ces agissements soient mis au jour, avait eu l’impression que les politiciens impliqués m’avaient envoyée espionner. Bref, j’ai été très intéressée par ce sujet, à savoir la corruption aux Pays-Bas. »
« Il est rare qu’un écrivain néerlandais nous offre un livre tellement intéressant et complexe qui parle de notre société, dans un langage riche, savoureux, discrètement railleur », pouvait-on lire dans les pages du journal néerlandais Trouw en 2014, au moment de la parution du roman « Smeergeld » (Pots-de-vin).
Nausicaa Marbe : « Je m’intéressais à comment raconter l’histoire des gens arrivés au moment où ils souffrent beaucoup de pertes et qui, séduits par les choses matérielles, finissent par perdre tout repère. A l’époque où je travaillais à mon livre, les Pays-Bas étaient en pleine crise. Bien des gens se retrouvaient au chômage, sans abri et dans l’insécurité. Il ne se passait pas un jour sans que les médias ne dévoilent la corruption, les conflits d’intérêt, le népotisme et l’injustice. Tout cela me faisait mal. Je me rendais compte que si l’on fermait les yeux et que l’on ne fît quoi que ce soit, la démocratie risquait de s’éroder. On dit que petite négligence accouche d’un grand mal. C’est parfaitement vrai. Tout commence par l’indifférence. L’indifférence à l’égard des dessous de table, de l’acquisition illégale de terrain par tel ou tel élu. Et un jour viendra quand on ne souciera pas non plus des choses les plus graves. »
Nausicaa Marbe a travaillé comme journaliste de télévision et signé maints articles publiés dans les journaux néerlandais les plus prestigieux. Considérée comme un des journalistes les plus appréciés, elle a collaboré avec Volkskrant. Depuis l’été 2013, elle écrit pour De Telegraaf. (Trad. Mariana Tudose)