Le Théâtre National de Iasi
La prochaine édition du Gala de l’Union théâtrale de Roumanie sera organisée à Iasi, dans la grande salle du Théâtre national, a déclaré le président de l’UNITER, le comédien Ion Caramitru. C’est pour la deuxième fois, depuis 2007, que cet événement quitte la capitale au bénéfice de la province.
Luana Pleşea, 16.02.2013, 13:18
Pour le Théâtre national « Vasile Alecsandri » de Iasi, la perspective de se voir l’amphitryon d’un événement d’une si grande envergure représente « un équilibre entre la normalité et l’anormalité », comme nous l’a déclaré le réalisateur Cristian Hadji Culea, directeur de cette institution : « Le Théâtre national de Iasi est le premier de ce type de Roumanie. C’est justement à Iasi qu’a vu le jour le théâtre roumain sous une forme institutionnalisée ou pas. C’est sur la scène de Iasi que l’on a joué en première une pièce en langue roumaine, écrite par Gheorghe Asachi. C’est de tous ces arguments que découle la normalité d’organiser un tel festival à Iasi. Par contre, l’anormalité veut que dans un pays comme la Roumanie, tellement centralisé, un tel événement ait lieu dans la capitale. Mais puisqu’à l’époque de Carol I la ville de Iasi fut considérée comme une véritable capitale de la culture roumaine, l’organisation du festival n’est probablement qu’un retour à la normale ».
Au beau milieu du mouvement dramatique d’expression française qui s’empara des Principautés roumaines jusqu’en 1850, la ville de Iasi a accueilli en 1816 la première représentation théâtrale en roumain : la pièce « Mirtil et Hloé » de Gheorghe Asachi, d’après Gessner et Florian.
Construit entre 1894 et 1896 d’après les plans des célèbres architectes viennois Fellner et Helmer, l’édifice qui abrite le théâtre de Iasi est le plus beau et le plus ancien monument du genre de Roumanie. En plus, l’usine électrique inaugurée en même temps que le théâtre a marqué le début de l’éclairage électrique à Iasi. Incluse dans un programme de rénovation selon les plans originaux, la grande salle du théâtre a rouvert ses portes au public en juin 2012.
Elle continue à impressionner par l’immense chandelier à 109 ampoules en cristal vénitien et par les 1418 lampes électriques qui mettent en évidence les allégories paradisiaques, les nymphes et les Cupidons dont est décoré le plafond en style rococo, peint par Al Goltz. C’est justement cette salle d’une beauté impressionnante qui a poussé le président de l’UNITER à décider de l’organisation du Gala au théâtre de Iasi. Surtout que par cet événement, Iasi aura une raison de plus d’aspirer au titre de capitale européenne de la culture en 2021. Si Iasi sort vainqueur, le théâtre de la ville se verra conférer une place centrale dans le projet européen, surtout que, pour ce qui est de sa capacité, l’édifice est plus que généreux.
Au micro, le directeur de l’institution, Cristian Hadji Culea : « A l’heure où l’on parle, le Théâtre national comporte 4 salles de spectacles, ce qui nous permet d’y organiser presque toutes les formes de théâtre. A part la grande salle à scène italienne, nous avons la scène du Théâtre Cube, construite pour continuer nos activités durant les travaux de rénovation. C’est une salle à 150 places qui attire nombre de réalisateurs souhaitant travailler ici. Rappelons ensuite l’existence, dans un bâtiment annexe, de la première usine électrique, un endroit qui a abrité des concerts d’Enescu et qui s’est transformé en ce que l’on appelle de nos jours l’Usine au théâtre. C’est une salle à plus de 100 places que l’on met généralement à la disposition des jeunes réalisateurs. Et finalement, nous avons une salle studio de 100 places. Le Cube et l’Usine s’ouvrent notamment aux metteurs en scène qui exploitent des langages divers et qui ont besoin d’un espace qui se plie à toutes les approches possibles. Quant à l’Usine au théâtre, hé bien, depuis cette année, on y organise un concours pour les metteurs en scène débutants. Je pense que c’est dans l’intérêt de notre troupe d’arriver à découvrir de nouvelles formes théâtrales et de nouvelles réponses pour un public nouveau ».
Le Théâtre national « Vasile Alecsandri » de Iasi a un riche palmarès de festivals à même de nourrir les aspirations de la ville de devenir capitale européenne de la culture. Repassons le micro à Cristian Hadji Culea : « Je voudrais d’abord vous parler d’un festival en rapport avec le Théâtre national de Iasi. Juste en face de notre édifice, il y avait jadis une grande salle où fonctionnait le premier théâtre juif du monde ouvert par Abraham Goldfaden. C’est bien lui qui a joué en première, à Iasi, du théâtre en yiddish avant de continuer sa carrière à New York. Cela fait déjà plus de 15 ans que nous avons un festival consacré aux influences de la culture juive et d’autres cultures européennes. Ce festival a pris de l’ampleur à l’époque de l’ancien directeur Ion Holban et il a continué à se dérouler régulièrement, bien que dernièrement on ait commencé à avoir des problèmes de financement. Un autre festival est celui nommé «l’Europe, tout à l’Est » qui met en lumière les rapports culturels entre l’Orient et l’Occident. A cette occasion, on a fait venir à Iasi tous les théâtres de Moldavie, dans une tentative de refaire l’unité de cette province historique à deux frontières. Et puisque l’espace nous le permet, on souhaite mettre sur pied un festival nommé « Rencontres » consacré au langage théâtral et susceptible de faire débat sur la capacité innovatrice de la mise en scène ».
Et puisque l’on ne sait pas encore si Iasi serait bien servi dans son ambition de devenir capitale européenne de la culture, disons tout simplement que le 13 mai 2013, cette belle ville accueillira dans la grande salle du Théâtre national le Gala de l’UNITER. En plus, n’oublions pas les premières qui feront la gloire de ce théâtre dans les mois à venir. Et nous pensons notamment à la comédie « Le chapeau florentin » d’après Eugène Labiche, mise en scène par Silviu Purcarete et dont la première a lieu ces jours-ci.(trad.: Ioana Stancescu)