Le style brancovan
Le style brancovan caractérise l’architecture et les arts de Valachie de l’époque du prince régnant Constantin Brancovan (1688 – 1714). Les historiens de l’art définissent ce style par analogie avec la Renaissance occidentale grâce notamment à ses structures rationnelles. Par ailleurs, par l’exubérance des décorations, il a été appelé aussi « le baroque brancovan ».
Monica Chiorpec, 01.08.2015, 13:10
Le style brancovan caractérise l’architecture et les arts de Valachie de l’époque du prince régnant Constantin Brancovan (1688 – 1714). Les historiens de l’art définissent ce style par analogie avec la Renaissance occidentale grâce notamment à ses structures rationnelles. Par ailleurs, par l’exubérance des décorations, il a été appelé aussi « le baroque brancovan ».
Les bases du style brancovan ont été jetées au cours des deux décennies du règne de Matei Basarab au 17e siècle. Celui – ci avait apporté une certaine stabilité politique à la Valachie, favorisant aussi le développement des arts. Larchitecture des manoirs des boyards roumains a connu un véritable essor dans la période qui suivit le règne de Constantin Brancovan. Ce développement a coïncidé avec la croissance de linfluence des grands boyards vers la fin du même siècle au détriment des successeurs de Matei Basarab.
Adriana Scripcaru est lauteur du livre « Lart brancovan accessible à tous». Elle estime que la richesse de ce style devrait être expliquée au large public de sorte que tout le monde puisse le comprendre et lapprécier: « En 2014, année où la Roumanie a rendu hommage à Constantin Brancovan, nous avons lancé un projet, un livre par lequel nous avons souhaité rapprocher le plus possible le large public des beautés du patrimoine brancovan. Le livre comporte de nombreuses images et explications, une sorte de dictionnaire pour les différents thèmes de ce style. Par exemple, un chapitre est consacré aux différents métiers: tailleurs de pierre, menuisiers, tisserands, orfèvres. Un autre parle des princes et des bâtiments quils ont fait construire, plus précisément de la manière dont la volonté des princes a influé sur la construction. Ce sont les détails qui donnent de la vie aux monuments historiques et qui, malheureusement, sont moins expliqués. En général, nous sommes habitués à avoir des explications plutôt techniques, sur les dimensions dun monument, lannée de sa construction, le nom de son bâtisseur. Mais les histoires qui se cachent derrière ces créations sont moins connues. »
La préface du livre « Lart brancovan accessible à tous » dAdriana Scripcaru explique la raison dêtre de cet ouvrage : « Au fil du temps, de nombreux livres ont été écrits sur le patrimoine brancovan. Les histoires commencent par les chroniques anciennes, à lépoque des voïvodes. Ce sont des histoires racontées par ceux qui ont assisté à la création de ces merveilleux ouvrages. La plupart de nos savants historiens se sont penchés sur ce beau chapitre de la civilisation roumaine. De nos jours encore, chaque année, on écrit de nombreuses pages à ce sujet. Pourquoi donc un autre livre? Surtout quil ne nous fait pas découvrir des choses inconnues, ni des secrets perdus dans des manuscrits retrouvés. Et pourtant, cest un livre inédit. Vous allez comprendre pourquoi. »
Adriana Scripcaru : « Le premier chapitre, nous l’avons intitulé Glossaire de la civilisation brancovane en images”. Les lecteurs sont familiarisés avec la mentalité médiévale roumaine. Ils apprennent qui étaient les boyards et les voïvodes et les relations entre les différentes couches sociales. Nous expliquons aussi le rôle de l’Eglise et fournissons quelques notions de théologie, indispensables à ceux qui souhaitent approfondir ce sujet. Le dernier chapitre, très beau d’ailleurs, signé par Luiza Zamora, historienne de l’art, est consacré à l’art post-brancovan, soit la période artistique roumaine la plus longue. De nombreux monuments historiques datent de cette époque, mais malheureusement beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui réduits à l’état de ruines. On m’a déjà dit que la lecture de ce livre est très agréable et que les illustrations le rendent attractive aussi. Le photographe qui a travaillé à ce projet, George Dumitriu, est très passionné de cet art et chevronné. On sent qu’il a mis du cœur à l’ouvrage. La vision graphique du livre en témoigne. Nous nous sommes éloignés du moule habituel des albums d’art, en faveur d’une approche panoramique. Le support graphique nous a lui aussi aidés à rendre plus accessible au lecteur la thématique abordées. »
Sur la liste des principaux édifices historiques renvoyant au style brancovan figurent surtout la résidence d’été du prince régnant Constantin Brancovan de la commune de Potlogi, le Palais de Mogosoaia et l’Ancien Palais Métropolitain de Bucarest. Quant aux monuments religieux construits en style brancovan, ceux-ci impressionnent notamment par l’air monumental, les dimensions imposantes et la conception artistique unitaire, comme on peut le remarquer à admirer les monastères de Sinaia, de Horezu ou encore d’Antim, érigé à Bucarest.
Adriana Scripcaru: « Il suffit de découvrir tous ces petits détails architecturaux qui font la spécificité de ce style pour tomber définitivement sous le charme de la civilisation brancovane. Je vous propose de prendre l’exemple du monastère de Sinaia, dressé par ordre de Michel Cantacuzène au moment de son retour d’un long pèlerinage en Terre Sainte. Le monastère reflète par ses décorations et ses fresques de nombreux moments de ce voyage qui a définitivement marqué la vie de Michel Cantacuzène. »
Malheureusement, deux des plus beaux joyaux d’architecture en style brancovan, les monastères de Cotroceni et de Vacaresti, ont été terrassés dans les années 1980, par ordre de Nicolae Ceausescu. L’un d’entre eux, à savoir le monastère de Cotroceni, a été heureusement reconstruit sur le même emplacement entre 2003 et 2004. (Trad. Valentina Beleavski, Mariana Tudose, Ioana Stancescu)