Le patrimoine UNESCO de Roumanie
Seneca AntiCafe, un
espace inédit à Bucarest qui fait office de librairie, café et espace de
travail, a récemment accueilli le lancement d’un ouvrage consacré aux monuments
de Roumanie inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Intitulé « Patrimoniul
UNESCO din România pe înţelesul tuturor » / « Le Patrimoine
UNESCO de Roumanie à la portée de tous », le volume a été financé par
l’Ordre des architectes de Roumanie et par le Conseil départemental Ilfov.
Monica Chiorpec, 04.01.2020, 15:10
Seneca AntiCafe, un
espace inédit à Bucarest qui fait office de librairie, café et espace de
travail, a récemment accueilli le lancement d’un ouvrage consacré aux monuments
de Roumanie inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Intitulé « Patrimoniul
UNESCO din România pe înţelesul tuturor » / « Le Patrimoine
UNESCO de Roumanie à la portée de tous », le volume a été financé par
l’Ordre des architectes de Roumanie et par le Conseil départemental Ilfov.
La
collaboration entre des professionnels et des passionnés du patrimoine culturel
de Roumanie et de République de Moldova a eu pour résultat ce volume inédit, dont
le discours est accessible au grand public. L’ethnologue Ioana Popescu
détaille : « J’ai essayé de lire ce livre sur le patrimoine
à la portée de tous justement en me mettant à la place du grand public. Je
vous parle donc en tant que citoyenne lambda. Il me semble déjà que le titre
est très approprié et que ce volume arrive à parler aux jeunes comme aux
personnes âgées, aux spécialistes, comme aux passionnés de patrimoine. Ça peut
même parler à quelqu’un qui passe dans la rue, voit ce beau livre dans la
vitrine d’une librairie, décide de l’acheter et le lit ensuite. »
Le concept du livre
appartient à l’historienne de l’art Adriana Scripcariu, qui a travaillé avec
l’ethno-chorégraphe Silvestru Petac, du Musée d’ethnographie de la
Transylvanie, de Cluj, et avec Anamaria Iuga, du Musée national du paysan
roumain, de Bucarest. Les trois ont écrit ou coécrit plusieurs chapitres de
l’ouvrage, en proposant une approche fraîche et actuelle du patrimoine
culturel. Ioana Popescu explique : « L’on parle de plus en plus
souvent de patrimoine culturel, à la radio, à la télé, sur Facebook. Ou bien, l’on
parle de la recherche du patrimoine culturel, qu’il soit matériel, immatériel,
mobile, immobile ou naturel. Mais ce que cette recherche signifie,
généralement, c’est plutôt l’étude de chaque objet faisant partie de ce trésor.
L’étude se fait en recueillant des informations pour remplir une fiche de l’article
: le nom de l’objet en question, le nom de son auteur, s’il existe, la forme,
la matière, une description technique, l’état de conservation, les dimensions,
etc. L’on examine beaucoup moins le contexte de l’apparition, de l’usage et de
l’existence même de ces objets. »
Le
volume « Le Patrimoine
UNESCO de Roumanie à la portée de tous » présente d’une manière concise et
honnête tout ce qui compose un trésor important pour la Roumanie. Il crée des
liens et renvoie à l’importance patrimoniale de certains référents, précise Ioana Popescu : « Ce que réussit ce premier
ouvrage dédié au patrimoine culturel c’est justement de réunir des informations
connexes, contextuelles, parfois, selon toute apparence, très éloignées de la
représentation faite de l’objet en question. Il y a l’explication des termes
utilisés dans les textes et aussi des citations, pas forcément de spécialistes
dans le domaine, mais de personnalités de Roumanie qui parlent avec bon sens et
ouverture d’esprit. »
Et
peut-être la chose la plus importante que réussit ce volume, c’est de provoquer
le lecteur à trouver ses propres réponses aux questions que soulève la
problématique du patrimoine culturel, considère Ioana Popescu : « Ce qui me semble très
important c’est que le livre pose des questions très simples, que nous devrions
tous nous poser. Mais nous ne le faisons pas, car nous prenons tout pour argent
comptant. Par exemple, il y a la question de l’apparition du patrimoine
culturel. Comment ça se fait qu’un objet hérité de ma grand-mère, que j’ai
utilisé chez moi jusqu’à récemment, se transforme tout d’un coup en patrimoine
culturel ? Je ne peux plus l’utiliser de la même manière, sa fonction
change. Cet objet sera peut-être exposé dans un musée ou bien il sera étudié.
Comment cette maison où habitaient mes grands-parents jusqu’à hier est-elle
devenue monument d’architecture ? A présent, je vis dans un espace qui me
contraint de me soumettre à un règlement, à chaque fois que je veux changer des
choses. La manière de l’auteure de l’ouvrage de poser ces questions nous rend
attentifs et nous nous mettons réellement à réfléchir à de possibles réponses à
ces questions. »
La
publication d’un tel ouvrage est chose rare en Roumanie. Ça a le mérite de
rapprocher le grand public du patrimoine, tel que le remarque l’architecte
Ştefan Bâlici. Il ne manque pas non plus de souligner l’importance du titre
pour la littérature spécialisée: « C’est un livre qui a de
multiples fonctions. Il tient, d’un bout à l’autre, un discours très
professionnel, mais qui sait aussi rester accessible. C’est autant un manuel,
qu’un guide d’art. Il explique des concepts de base de la protection du
patrimoine, justement pour rendre ce domaine accessible à quiconque. Je crois
qu’il est très important de commencer à publier des ouvrages pédagogiques sur
le patrimoine. Ailleurs, c’est quelque chose de commun. Je ne veux même pas
penser à l’ampleur de la littérature dédiée à ce domaine en Italie, par
exemple. On va des livres de vulgarisation aux ouvrages très spécialisés. Ces
livres-là manquent en Roumanie, alors que c’est ça qui rend le patrimoine, sous
ses différentes formes, accessible au grand public. »
Les textes de l’album
« Le Patrimoine UNESCO de Roumanie à la portée de tous » sont
illustrés par plus de 500 images récentes ou d’archives. Et comme il s’agit d’un
premier volume, les spécialistes, comme le grand public, attendent à présent la
publication du second. A suivre ! (Trad. Elena Diaconu)