Le musée traditionnel à l’ère digitale
En pleine ère du numérique, quand les hautes technologies font irruption dans le quotidien, la culture finit bien par se plier à l’évolution de notre société. Les musées et les institutions culturelles du monde se voient souvent contraints à repenser leur structure, en s’ouvrant au public aussi bien au delà des édifices proprement dits. Il suffit de prendre l’exemple du Louvre qui a préparé une grande surprise au public, en lui proposant à partir de l’année prochaine de vastes visites virtuelles à l’aide des consoles 3DS. De retour en Roumanie pour vous dire que le Musée du paysan roumain de Bucarest fait figure à part dans le paysage culturel bucarestois.
Monica Chiorpec, 16.08.2014, 13:20
En pleine ère du numérique, quand les hautes technologies font irruption dans le quotidien, la culture finit bien par se plier à l’évolution de notre société. Les musées et les institutions culturelles du monde se voient souvent contraints à repenser leur structure, en s’ouvrant au public aussi bien au delà des édifices proprement dits. Il suffit de prendre l’exemple du Louvre qui a préparé une grande surprise au public, en lui proposant à partir de l’année prochaine de vastes visites virtuelles à l’aide des consoles 3DS. De retour en Roumanie pour vous dire que le Musée du paysan roumain de Bucarest fait figure à part dans le paysage culturel bucarestois.
Des détails avec Anamaria Iuga, ethnologue: « Un musée est considéré comme traditionnel lorsqu’il expose de manière traditionnelle. Or, de ce point de vue, le Musée du paysan roumain n’est pas comme les autres. Déclaré en 1996 Musée européen de l’année”, ce musée propose une présentation inédite. C’est un concept mis au point par l’artiste peintre Horia Bernea qui repose sur la création d’un rapport entre les différents objets exposés. C’est quelque chose de vraiment différent par rapport aux autres musées ethnographiques. Ceux-ci présentent d’abord les activités paysannes, chacune d’entre elles se voyant conférer une salle d’exposition où l’on voit des objets spécifiques à l’élevage des moutons, par exemple, ou encore à l’agriculture ou des costumes. Horia Bernea a choisi de diviser notre musée en deux: la vie de tous les jours et celle spirituelle. Il y a des salles consacrées à la foi chrétienne, aux modalités de s’y rapporter. Les objets qui y sont exposés ne sont pas forcément des objets de culte, mais des outils de tous les jours marqués par une croix censée protéger leur propriétaire”.
Après une première version inédite portant la signature de Horia Bernea, le Musée du paysan roumain se dirige actuellement vers une nouvelle étape censée lui assurer l’intégration à l’époque du numérique.
Une initiative qui a aussi bien des avantages que des inconvénients, selon Anamaria Iuga: « Le musée propose des tours virtuels très bien mis au point, offrant parfois aux visiteurs des informations supplémentaires à celles apprises lors de la visite guidée classique. C’est une manière formidable de découvrir des expositions de chez soi, confortablement assis dans son fauteuil. Pourtant, loin de pouvoir remplacer une visite réelle, ce tour s’avère plutôt une manière d’inciter le public à souhaiter venir et voir les objets de plus près. Un musée reste un musée et il faut vraiment expérimenter l’ambiance qu’il offre. Malgré une vision panoramique, la visite virtuelle ne fait jamais le tour complet ».
Les collections permanentes ne sont pas les seules à bénéficier d’une visite virtuelle, puisque grâce à l’Internet, le public peut admirer des collections passées. Anamaria Iuga: «Le Musée du paysan roumain propose aux visiteurs une petite exposition qui n’existe que dans le virtuel. Il s’agit du Musée de l’enfance que l’on peut toujours visiter sur www.childhoodmuseum360.ro. Cette exposition est le fruit d’un projet déroulé deux ans durant et financé par le programme européen Cultura 2007-2013. Tout a commencé au moment où nos experts ont imaginé, pendant une année, plusieurs expositions s’étalant chacune sur un mois et consacrée à la période de l’enfance. Par exemple, la première exposition s’est construite autour des croyances liées à la naissance et au service du baptême. Chaque exposition a été prise en photo dans le moindre détail et transformée par la suite en un immense panorama virtuel accompagné d’informations supplémentaires, de textes explicatifs et d’interviews accordées par les collectionneurs de jouets ou par différentes personnes ayant accepté de parler de leur enfance. Voilà comment s’explique le fait que le musée virtuel est beaucoup plus riche que celui réel. Le tour virtuel de ce musée de l’enfance offre au public la possibilité de revoir les sept expositions qui s’étaient succédé toute l’année et qui n’existent plus en réalité ».
Quelles que soient la vision et les tendances, la présence réelle du public dans les musées du monde ne pourra jamais se faire remplacer par les tours virtuels. Pourtant, ceux-ci nous donnent la possibilité d’avoir accès à des expositions de l’autre bout du monde et de revoir des collections ou des objets qui ne s’offrent plus au public. (Trad. Ioana Stancescu)