Le Musée Nichita Stanescu de Ploiesti
C’est dans une petite ruelle de la ville de Ploieşti, à une soixantaine de kilomètres de Bucarest, que se trouve, dans le quartier du « Marché serbe », au fond d’un jardin, à l’ombre de quelques arbres, la maison- musée Nichita Stănescu. Poète de génie, considéré par certains critiques comme le poète phare du XXe siècle, Nichita Stănescu, auteur des « Non-paroles », selon le titre d’un de ses volumes, est né en 1933 dans cette maison coquette aux murs blancs et à l’architecture spécifique au département de Prahova. Mort prématurément à l’âge de 50 ans, Nichita Stănescu est resté dans la mémoire collective et dans celle des habitants de la ville de Ploieşti comme un véritable sorcier des mots et des phrases. Davantage sur ce sorcier de la plume qui a malheureusement quitté ce monde en 1983, avec Ioana Roşu, conservatrice du patrimoine :
Ion Puican, 28.08.2021, 08:47
C’est dans une petite ruelle de la ville de Ploieşti, à une soixantaine de kilomètres de Bucarest, que se trouve, dans le quartier du « Marché serbe », au fond d’un jardin, à l’ombre de quelques arbres, la maison- musée Nichita Stănescu. Poète de génie, considéré par certains critiques comme le poète phare du XXe siècle, Nichita Stănescu, auteur des « Non-paroles », selon le titre d’un de ses volumes, est né en 1933 dans cette maison coquette aux murs blancs et à l’architecture spécifique au département de Prahova. Mort prématurément à l’âge de 50 ans, Nichita Stănescu est resté dans la mémoire collective et dans celle des habitants de la ville de Ploieşti comme un véritable sorcier des mots et des phrases. Davantage sur ce sorcier de la plume qui a malheureusement quitté ce monde en 1983, avec Ioana Roşu, conservatrice du patrimoine :
« Je voudrais rappeler qu’à Ploieşti, les gens s’enorgueillissent de dire que leur ville a fourni à la Roumanie non seulement des ressources importantes d’or noir, mais aussi des valeurs artistiques et littéraires telles le dramaturge Ion Luca Caragiale, le comédien Toma Caragiu ou encore le poète Nichita Stănescu. La Roumanie a commencé à lui rendre hommage depuis 1986, année de la première édition du Festival de poésie homonyme, organisé chaque année le 31 mars, jour de la naissance de Nichita. En 2000, la maison familiale du poète a été achetée par le Ministère de la Culture, ce qui nous a permis d’y aménager le musée, en aidant le poète à rentrer chez lui, dans la maison où il est né. On a eu de la chance car à l’époque, sa sœur, Mariana, était toujours en vie et elle nous a conseillés pour arriver à refaire l’ambiance de sa maison familiale. »
Dans les minutes suivantes, Ioana Roşu nous invite à une incursion dans l’univers de la famille Stănescu et de l’enfance du poète :
« Nous avons exposé plusieurs manuscrits, des données biographiques, des photos, des diplômes que Nichita Stănescu s’est vu remettre, mais à part tout cela, la maison refait l’univers de l’enfance du poète. On y trouve la chambre à coucher du petit Nichita, avec son nounours qui trône sur le lit. On y trouve son bureau et son piano dont il jouait en rentrant de l’école. Tous ces objets ayant appartenu à la famille Stănescu nous ont été généreusement offerts par Mariana, la sœur du poète et la gardienne de ce patrimoine familial. Il convient de préciser que son frère a décidé d’emménager à Bucarest pour y passer dans un premier temps sa jeunesse et, plus tard, toute sa vie de poète, sans changer pourtant d’adresse sur sa carte d’identité. Parmi les objets offerts par la sœur de Nichita, les plus précieux sont des livres dédicacés et les prix – dont deux sont particulièrement importants, à savoir le prix Herder décerné en 1976, à Vienne, pour son volume « 11 Elégies », et le prix décroché en 1982, lors des Soirées de poésie de Struga, en Macédoine du Nord, et consistant en une jolie couronne en or exposée dans une armoire avec vitrine et que les visiteurs aiment bien admirer. Je suis certaine que ce prix a été convoité par de nombreux autres poètes, mais ce fut Nichita qui l’a obtenu. A part ces deux prix, il en reste beaucoup d’autres, car chacun de ses volumes de vers a été primé par l’Union des écrivains de Roumanie.Dans son enfance, Nichita Stănescu avait une gouvernante, Ana Silaghi. Elle était chargée de son éducation et de ses sorties. A six ans, il commence à apprendre à jouer du piano. Sa mère, Tatiana Stănescu, a remarqué que le petit Nichita avait l’oreille musicale. Un constat tout à fait vrai, puisque même Nichita disait plus tard, dans un entretien à la radio dans les années 1975, que s’il n’avait pas emprunté la voie de la poésie, il serait certainement devenu un grand musicien. Surtout qu’il a bénéficié de toutes les conditions nécessaires, notamment du soutien maternel. Sa première poésie date, selon sa mère, de l’époque où il était à la maternelle. C’était un jour d’automne et Tatiana se trouvait dans la cour, en train de faire cuire de la marmelade quand elle a entendu son fils balbutier quelque chose. Elle lui a demandé de dire à haute voix ce qu’il était en train de murmurer, elle a pris un bout de papier et a tout noté. Des années plus tard, elle lui a montré ce premier poème en rimes et d’une rythmicité surprenante pour un gamin. Il était un enfant futé, le jeune Nichita. A l’école, son prof de maths écrivait des épigrammes. Il a donc compris le talent du gamin et même si les maths n’étaient pas le point fort de Nichita, il s’en est inspiré pour écrire plus tard ses poésies La leçon du cube, La leçon du cercle ou encore Géométrie. Véritable signe de feu selon l’astrologie, ce Bélier a eu une enfance heureuse jusqu’au moment où les Américains ont bombardé les raffineries de Ploieşti et la famille s’est vu contrainte de fuir la maison et de se réfugier ailleurs. Par chance, la maison a échappé aux bombes et la famille a pu y revenir. Pourtant, des images de cette période néfaste sont restées figées dans la tête du garçonnet dont les poèmes reprennent souvent le symbole du soldat ou de l’arbre en feu. »
A la fin de notre visite, Ioana Roşu a précisé :
« J’espère avoir réussi à vous convaincre que cette maison-musée est un endroit accueillant dont la visite vaut le coup. Une fois sur place, de nombreux visiteurs affirment avoir le sentiment que le poète se cache quelque part et qu’il pourrait même être leur guide. Nichita a mené une vie intense. Il est mort très jeune, mais dans les 50 années de sa vie, il a vécu plus profondément que d’autres ne le feraient en 150 ans d’existence. C’est tout ce qui compte », a ajouté Ioana Roşu, conservatrice du patrimoine à la Mason-musée Nichita Stănescu de Ploieşti. (Trad. Ioana Stancescu)