Le musée de Sighişoara
Sighișoara est une des villes de Roumanie à avoir réussi à préserver un centre-ville médiéval attractif. Son nom est lié à celui du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur) Dracula, qui y naquit en 1431, mais aussi à un festival d’art médiéval, à sa citadelle fortifiée, à sa Tour à l’Horloge et à plusieurs autres points d’attraction. Tels que le musée de la ville de Sighișoara, qui fête cette année 125 années d’existence.
Steliu Lambru et Marius Tiţa, 18.05.2024, 12:18
Sighișoara est une des villes de Roumanie à avoir réussi à préserver un centre-ville médiéval attractif. Son nom est lié à celui du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur) Dracula, qui y naquit en 1431, mais aussi à un festival d’art médiéval, à sa citadelle fortifiée, à sa Tour à l’Horloge et à plusieurs autres points d’attraction. Tels que le musée de la ville de Sighișoara, qui fête cette année 125 années d’existence.
Des traces remontant à l’antiquité
Des traces d’habitations appartenant à l’antique castre romain de Sandava ont été découvertes par les archéologues sur le périmètre actuel de la ville. Sighisoara que nous connaissons allait être fondée au XIIème siècle par des colons allemands arrivés de la région de Franconie, à l’appel du roi Géza II de Hongrie. Le nom de la ville est mentionné pour la première fois dans des documents à la fin du XIIIème siècle. Une si longue existence a forcément traversé des périodes de calme et de prospérité, mais aussi inévitablement des épisodes de violence et d’effroi, tels que invasions étrangères, révoltes paysannes, guerres, sièges, épidémies de peste, incendies, mouvements révolutionnaires.
Le musée local résume ces deux millénaires, comme l’explique le directeur de l’institution, Nicolae Teșculă : « Le XIXème siècle a été le siècle du nationalisme, des nations, par excellence et chaque nationalité voulait bien-sûr préserver et aussi exprimer ses valeurs nationales. La muséification a été un moyen, donc la sauvegarde d’artefacts qui identifient une nation pour un territoire spécifique. »
Les débuts du musée
Après la création du musée Brukenthal de Sibiu en 1817, des collectionneurs locaux se sont mobilisés pour créer d’autres tels établissements, comme ce fut le cas aussi à Sighișoara, ajoute Nicolae Teșculă:
« Il s’agit, premièrement, de la collection du lycée allemand, le corps enseignant du Collège évangélique a ramassé des objets de l’école. Deuxièmement, deux événements sont organisés à Sighișoara en 1879. L’Association transylvaine pour la culture et la littérature du peuple roumain (connue plus tard sous le nom d’ASTRA) y tient son assemblée générale au mois de juillet. Et puis, plus tard au cours de cette année-là, la Société de sciences historiques de l’Est de l’Autriche-Hongrie, y organise aussi une réunion. Parmi les initiateurs de cette session scientifiques, nous retrouvons le nom de Carl Fabritius, théologien et historien natif de Sighișoara et enseignant au lycée allemand de la ville, qui rassemble à cette occasion des objets de la ville dans une exposition dont il est l’organisateur. Il laisse une sorte de testament aux plus jeunes d’organiser un musée à Sighișoara, s’appuyant sur la valeur exceptionnelle de la citadelle qui gardait à l’époque, comme elle le fait aujourd’hui encore, toutes ce valeurs médiévales. »
Les efforts des élites de Sighișoara de stoker et d’exposer les objets rappelant le passé ont été couronnés de succès. Carl Fabritius avait lancé l’histoire du musée et son effort allait être continué par Josef Bacon, explique Nicolae Teșculă : « Parmi les bénévoles à avoir contribué à la réalisation de l’exposition on retrouve Josef Bacon, un jeune homme de l’époque, qui allait faire des études de médecine et devenir par la suite un médecin de la ville. A la fin du XIXème siècle, Sighisoara décide de créer son propre musée dans la Tour à l’Horloge. Cette tour, la plus représentative de la citadelle, avait été restaurée en 1894 et avait accueilli, en 1898, une petite exposition appelée « la chambre/salle du patricien ». Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’informations là-dessus. »
Les musée à l’époque moderne
Un bon début et une bonne continuation mènent nécessairement à une bonne fin. Une règle que le musée de Sighișoara ne fait que confirmer, souligne Nicolae Teșculă : « Ultérieurement, des gens passionnés ont ramassé divers objets et le musée a pratiquement été ouvert le 25 juin 1899. A partir de 1905, il sera lié à l’association « Sebastian Han », de la ville de Sibiu, dont le but était justement de promouvoir les valeurs historiques et artistiques. D’une part, l’association organisait des expositions dans des citadelles ou des églises fortifiées et, d’autre part, elle mettait en avant les artistes plasticiens locaux, notamment d’ethnie saxonne, des villes transylvaines, dont notamment Brașov et Sibiu. L’association « Sebastian Han » a géré le musée de Sighisoara jusqu’en 1925, lorsque l’établissement passe sous la tutelle de l’Eglise évangélique et sa collection s’agrandit. Outre la collection de la Tour à l’Horloge, qui illustrait l’histoire de la ville depuis l’Âge de bronze jusqu’à la Grande Guerre, un petit musée ethnographique fonctionnait dans l’église du monastère, un autre avec des objets de culte existait dans l’église de la colline, ainsi qu’un musée scolaire. Il y a même eu une tentative de créer un petit Arboretum et un jardin botanique autour de la Tour à l’horloge et sur l’espace vert qui la séparait de l’église. Nous pouvons donc dire qu’un véritable complexe muséal existait à Sighișoara à partir de 1933. »
Le Musée d’histoire de Sighișoara s’appuie à présent sur une solide tradition, construite grâce à l’enthousiasme et au dévouement discrets des gens. (Trad. Ileana Ţăroi)