Le musée de l’Horloge
Madame,
Monsieur, cette semaine, nous prenons la route en direction de la ville de
Ploieşti, pour y découvrir l’un des musées les plus beaux de Roumanie : le
Musée de l’Horloge. Sise à seulement 60 kilomètres de la capitale, Bucarest,
Ploieşti s’enorgueillit d’abriter ce musée rare, créé il y a plus d’un
demi-siècle par les soins de l’historien Nicolae Simache.
Ion Puican, 31.07.2021, 13:00
Madame,
Monsieur, cette semaine, nous prenons la route en direction de la ville de
Ploieşti, pour y découvrir l’un des musées les plus beaux de Roumanie : le
Musée de l’Horloge. Sise à seulement 60 kilomètres de la capitale, Bucarest,
Ploieşti s’enorgueillit d’abriter ce musée rare, créé il y a plus d’un
demi-siècle par les soins de l’historien Nicolae Simache.
On vous propose donc
de faire le tour virtuel de ce petit joyau, en compagnie de la commissaire
d’exposition Carmen Banu : « Nous voilà arrivés au Musée de
l’Horloge, « Nicolae Simache »
din Ploiești. Fondé en 1963, le musée doit son existence au professeur émérite
d’histoire Nicolae Simanche. Directeur, à l’époque, du Musée régional d’Histoire
de la ville, Simanche a ouvert 18 sections muséales, dont ce musée qui,
apparemment, lui a été le plus cher parmi tous les autres. L’édifice est un
joyau d’architecture, un bâtiment dressé à la fin du XIXème siècle par Luca
Elefterescu, homme politique, chef du Parti conservateur, magistrat et pétrolier,
qui était à l’époque le préfet du département de Prahova dont Ploieşti est le chef-lieu.
C’est une des bâtisses les plus belles de la ville. Construite en style
néoromantique, elle se trouvait à l’époque dans la zone résidentielle sud de
Ploiesti. »
Voici ce que Carmen Banu nous a raconté sur les débuts du musée et les
collections qu’il renferme : « Le Musée de l’Horloge de Ploiesti
renferme une riche collection. Les premiers objets exposés ont été procurés
dans les années 1954. Une année plus tard, s’y ajoutent les premières pendules dites
« transylvaines » parce qu’elles provenaient de foyers de
Transylvanie, quoique de fabrication allemande. La collection s’enrichit
davantage au moment de l’achat d’un lot de 55 montres issues de la collection
du fameux horloger de Bucarest, Sebastian
Sașa. Et c’est à partir de ce moment-là que l’idée d’un Musée de l’Horloge
commence à se crayonner. Les acquisitions ont continué et de nos jours, les
collections permanentes renferment 4000 objets auxquels s’ajoutent 500 présentés
dans les expositions temporaires. Le musée met en évidence l’évolution
enregistrée dans la mesure du temps. Les visiteurs peuvent admirer des objets
allant des cadrans solaires, en passant par des clepsydres, des horloges
hydrauliques pour arriver aux montres réalisées manuellement et datant du début
du XXème siècle. On y trouve aussi quelques objets exceptionnels tels plusieurs
horloges en style Renaissance, fabriquées vers la seconde moitié du XVIème
siècle par des horlogers de France ou d’Allemagne. Parmi ces exposés, le plus
ancien est une horloge de Blois, datant de 1544 et portant la signature du
maître-horloger Jakob Acustodia. C’est une de nos pièces de résistance, voir
même la plus importante. S’y ajoute une autre, une horloge fabriquée en 1562
par le fameux horloger allemand Jeremias Metzker. C’est une série limitée à
trois objets seulement dont celui de Ploieşti est apparemment le plus ancien. »
Le tour du musée commence dans une toute première salle où Carmen Banu
nous emmène : « Parmi les objets qui font la particularité de cette salle
consacrée aux premiers dispositifs pour mesurer le temps, on trouve une horloge
hydraulique. Il parait que c’est la seule collection de ce type à détenir un
tel objet. Appelées comme ça en raison de leur ressemblance à des lampes-
torche, les horloges- torche ont été fabriquées pour la première fois au
XVIIème siècle, en Angleterre, et leur succès leur a assuré la survie jusqu’au
XIXème. Nos collections en possèdent deux. »
C’est le moment
de découvrir la salle des grandes horloges. Carmen Banu : « La deuxième salle est consacrée aux
différents dispositifs de mesure du temps datant du XVIIIème au début du XIXème
siècle. Ces objets impressionnent notamment par leurs dimensions, mais aussi
par leur beauté. C’est le cas, par exemple, des pendules du XVIIIème siècle.
D’autres objets qui attisent notre curiosité sont les montres de poche, dont
les plus anciennes datent de la fin du XVIIème siècle et jusqu’au début du
XIXème, et qui portent la signature d’horlogers anglais, français ou suisses.
Le patrimoine du Musée de l’Horloge n’a rien à envier à celui des musées
similaires d’Allemagne, Suisse ou Etats-Unis. Par exemple, nous avons quelques
objets créés par le célèbre horloger Abraham Louis Breguet, dont les montres
sont exposées au Musée Topkapî de Turquie. Il est considéré comme l’horloger le
plus célèbre de tous les temps. »
Et nous voilà arrivés dans la troisième salle, en compagnie de notre
guide, la commissaire d’exposition, Carmen Banu : « Les montres de poche que l’on retrouve
exposées dans cette troisième salle datent des XIXème et XXème siècles. Outre
leurs qualités techniques, ces montrent impressionnent par leurs qualités
artistiques et par leurs propriétaires: des personnalités de la vie politique
ou culturelle de Roumanie. Un tout premier exemple en ce sens serait les deux
montres ayant appartenu au roi Carol I. On a encore une montre de la collection
du Tsar Alexandre II de Russie dont nous a fait don, en 1992, une Roumaine
établie en Suisse. Dans la catégorie des montres aux propriétaires célèbres, on
en a, par exemple, une ayant appartenu au diplomate roumain Nicolae Titulescu.
Il s’agit d’un modèle Reverso, créé en
1931 par la marque LeCoultre. Les collections se complètent par d’autres
montres tout aussi belles, des montres étranges, fixées dans un lorgnon par
exemple, ou gravées d’inscriptions maçonniques. »
A la fin, notre
guide, Carmen Banu nous attire l’attention sur d’autres exposés : « Nos collections comportent aussi
des pendules de cheminée, d’origine française pour la plupart, dont les
décorations, notamment en bronze doré, indiquent leur période de création. On a,
par la suite, des horloges murales. Originaires notamment d’Allemagne, de la
région du Massif de la Forêt Noire, ce sont surtout les horloges à coucou qui
attirent l’attention du visiteur. Nos collections renferment des horloges de
table ou de mur, telle celle issue du patrimoine du prince régnant Alexandru
Ioan Cuza. C’est une horloge au mécanisme astronomique, qui indique les jours,
les solstices, les équinoxes et les années bissextiles. S’y ajoute la
collection de montres ayant appartenu à l’homme politique Mihail Kogalniceanu,
ou encore au romancier Duiliu Zamfirescu, au peintre Theodor Aman ou encore au
poète George Coşbuc. En cette période de pandémie, on attend les visiteurs dans
un endroit beau, unique et sûr ». (Trad. Ioana Stancescu)