Le monastère de Dragomirna – prix du patrimoine européen de l’UE
La cérémonie de remise des prix du patrimoine culturel de l’UE/Concours Europa Nostra aura lieu le 5 mai au Burgtheater de Vienne. Les prix seront remis par la commissaire européenne à la Culture, Androulla Vassiliou, et le grand ténor et président d’Europa Nostra, Plácido Domingo. Parmi les 27 lauréats, choisis sur 160 projets sélectionnés dans 30 pays, on retrouve aussi un projet roumain récompensé dans la section Conservation: la restauration des fresques du 17e siècle du monastère de Dragomirna, du département de Suceava.
Luana Pleşea, 30.08.2014, 13:23
La cérémonie de remise des prix du patrimoine culturel de l’UE/Concours Europa Nostra aura lieu le 5 mai au Burgtheater de Vienne. Les prix seront remis par la commissaire européenne à la Culture, Androulla Vassiliou, et le grand ténor et président d’Europa Nostra, Plácido Domingo. Parmi les 27 lauréats, choisis sur 160 projets sélectionnés dans 30 pays, on retrouve aussi un projet roumain récompensé dans la section Conservation: la restauration des fresques du 17e siècle du monastère de Dragomirna, du département de Suceava.
L’équipe ayant réalisé les travaux de restauration a regroupé 50 professionnels et étudiants, coordonnés par Carmen Solomonea, maître de conférences à l’Université d’Art « George Enescu » de Iasi, dans l’Est de la Roumanie. Ce sont eux qui ont d’ailleurs eu l’initiative de participer à ces prix.
Carmen Solomonea: « Notre but à été de promouvoir un travail très intéressant et un monument de Roumanie, dont les fresques ont été restaurées pour la première fois depuis 400 ans. Au début, on n’avait pas imaginé qu’il compterait parmi les lauréats, vu qu’il s’agit d’une compétition très serrée. Les critères sont assez durs et présupposent de hautes compétences; on promeut aussi bien les travaux sur des sites de patrimoine anciens que la qualité des travaux proprement-dits. Le projet doit en faire la preuve ».
Le monastère de Dragomirna est un ensemble fortifié important, situé à 12 kilomètres au nord de la ville de Suceava. Ses fresques, vieilles de plus de 400 ans et d’une valeur à part, ont été restaurées pour la première fois dans le cadre de ce projet.
Carmen Solomonea, maître de conférences à l’Université d’Art « George Enescu » de Iasi, explique: «On a du mal à dater ce monastère, car Dragomirna ne dispose pas d’une inscription votive, comme c’est le cas d’autres lieux de culte. Toutefois, les documents de l’époque nous apprennent que le métropolite et fondateur de l’église, Anastasie Crimca, n’aurait pu lancer les travaux pour la réalisation de ces fresques que jusqu’en 1629, car après cette date il n’était plus en son pouvoir de le faire. Par conséquent, ces fresques recouvrant le naos et l’autel datent du début du 17e siècle. Aucune autre fresque n’est à retrouver dans les autres pièces. A l’époque, il était difficile de procurer de grandes quantités de couleurs ou encore de l’or — car près d’un tiers de la superficie peinte était couverte d’une feuille d’or, de pierre sculptée — sur laquelle les peintres ont appliqué une couche fine de fresque, décorée d’éléments floraux, d’oiseaux. C’est ce qui fait la différence entre les fresques de Dragomirna et celles d’autres monastères. Il propose un répertoire un peu différent, plus récent. C’était peut-être l’influence des temps qui allaient venir, une influence probablement occidentale dont font état ces éléments sculptés et peints. »
Accroître la visibilité du site a été un des critères pris en compte par le jury pour désigner les projets gagnants. Selon Carmen Solomonea, l’impact du projet s’est déjà fait sentir dès la période de restauration, entre août 2010 et mars 2012 : « Avec cette première restauration des fresques, l’image a changé. Avant, elles étaient entièrement couvertes d’une couche opaque de suie et de poussière accumulées au fil du temps, à travers laquelle on ne pouvait pas bien voir les peintures murales. A présent, on peut même lire le programme iconographique. Après la fin des travaux, nous avons constaté un changement dans la visibilité du monastère — et c’est ce qui m’a déterminée à l’inscrire dans la compétition pour les prix Europa Nostra. Moi, j’ai travaillé également pour quelques autres monuments de Bucovine, mais leur promotion était déjà assurée. Par contre, le monastère de Dragomirna n’était pas intégré à un itinéraire et il n’était pas suffisamment connu. Or, ce monastère est différent des autres, car il a été construit à une époque marquant un tournant dans la civilisation et dans les mentalités de la société. On se dirigeait à grands pas vers l’époque moderne, même si c’était à peine le début du 17e siècle. Pendant la restauration du monastère, beaucoup de groupes auraient souhaité le visiter. Nous nous sommes donc attendus à ce qu’une fois les travaux terminés, un grand nombre de personnes affluent vers le monastère. Et, en effet, il y a eu plus de groupes après la restauration, par rapport au nombre habituel de touristes. La direction du monastère a confirmé que l’établissement jouissait à présent d’une meilleure visibilité. La promotion du monastère doit continuer. Il existe déjà un projet pour la réalisation d’une monographie illustrée de l’église, où doit figurer également cette partie restaurée. Pendant la restauration et après, on a pris des photos de toutes les peintures murales, pour les insérer dans cette monographie. »
Les gagnants de cette année du concours « Les prix du patrimoine culturel de l’UE / Concours Europa Nostra » rejoignent les 360 lauréats reconnus par la Commission européenne et Europa Nostra depuis 2002.
Les jurys de spécialistes indépendants provenant de l’ensemble de l’Europe évaluent les projets nominalisés dans les 4 catégories : conservation, recherche, contribution exemplaire, éducation et sensibilisation du public. Tous les gagnants se voient décerner une plaquette ou un trophée. Les 6 gagnants du « grand prix » reçoivent également 10 mille euros .(Trad. : Alexandra Pop, Dominique)