Le Gala des prix de l’Union des artistes de Roumanie
Le remarquable ensemble de sculptures de Brancusi de Târgu Jiu était ouvert au public il y a 81 ans. Coïncidence ou non, les prix de l’Union des artistes plasticiens de Roumanie, ainsi que le Prix national Brancusi, ont été accordés à ce même moment. La Gala a d’ailleurs eu lieu au Théâtre Elvira Godeanu de Târgu Jiu. L’Union des artistes plasticiens (UAP) a accordé neuf prix pour différentes disciplines, un prix jeunes artistes, un prix d’excellence, trois prix spéciaux du jury et deux distinctions « Ami des arts ». Gheorghe Dican, le vice-président de l’UAP, nous parle de l’importance de ces récompenses : « C’est extrêmement important pour nous, en tant qu’organisation, d’accorder ces prix. C’est tout aussi important pour les membres de l’Union des artistes que leurs mérites soient reconnus par cette organisation d’une grande importance pour les arts plastiques et visuels de Roumanie. Ca fait quelques années que l’UAP a repris cette tradition, interrompue il y a un moment, d’accorder les récompenses de l’Union à la fin de l’année. Nous bénéficions du soutien du ministère de la Culture, mais, malheureusement, l’année dernière le ministère n’a pas honoré sa promesse, j’espère que c’était là un accident. Nous croyons que l’activité des artistes roumains doit être connue. Un Gala des prix est aussi le bienvenu pour changer un peu l’image de l’UAP qui était quelque peu dans une zone d’ombre. Non pas que les artistes n’ont pas eu d’activité, mais ces dernières années nous n’avons pas pu nous en occuper. »
Eugen Cojocariu, 23.11.2019, 13:33
Le Grand prix de l’Union a été accordé à l’artiste Mircia Dumitrescu, peintre, graphicien, sculpteur et membre correspondant de l’Académie roumaine. En 2006, Mircia Dumitrescu devenait membre de l’Union des graveurs et lithographes hongrois. Entre 1975-1990, il a été secrétaire du département d’arts graphiques de l’Union des artistes de Roumanie. A partir de 1990, il enseigne à l’Académie des Beaux-Arts de Bucarest dans le département d’arts graphiques. En 2011, il devient professeur des universités titulaire.
Il travaille avec l’Académie roumaine en 2005 pour le projet porté par l’académicien Eugen Simion qui tentait de sauver les manuscrits du réputé poète roumain Mihai Eminescu. C’est Mircia Dumitrescu qui propose une technique d’impression innovatrice pour la réédition les manuscrits. La reproduction de ces documents devient enfin possible et met ainsi ce patrimoine littéraire de valeur à la disposition des futurs chercheurs et passionnés. Mircia Dumitrescu a aussi illustré une grande partie de l’œuvre d’un autre poète roumain, Nichita Stănescu. Ils étaient amis et s’admiraient mutuellement. Le poète a dédié 33 poèmes à Mircia Dumitrescu, qui lui a offert des œuvres à lui en échange. Mircia Dumitrescu, sur le Grand Prix de l’Union des artistes plasticiens de Roumanie :« Je pense que je méritais cette récompense depuis un moment déjà, alors je ne peux pas dire que ça me fait une impression particulière. Ce prix est arrivé tard, à un moment où je n’ai plus besoin de prix. Ce qui me réjouit néanmoins est que le Gala ait eu lieu à Târgu Jiu, un espace que nous aimons tous grâce à Constantin Brancusi. J’ai aussi été content de pouvoir faire le lancement de mon livre sur le calvaire des prisonniers roumains en Alsace et en Lorraine ici, à Târgu Jiu. Personne ne s’était occupé de ces prisonniers, mais j’ai eu la chance qu’un colonel français, Jean Nouzille, me signale qu’un de ces prisonniers dont personne ne parle était mon grand-père lui-même. Il est mort dans un hôpital de Cherbourg après la guerre. Alors cet ouvrage m’a aidé à retrouver mon grand-père. Quant à mon travail, j’ai toujours quelque chose en cours. J’ai récemment fini les sculptures des frères Minovici, des œuvres en bronze qui seront installées dans le parc de la Vila Minovici. J’ai aussi une exposition de peinture en vue. »
Le volume bibliophile « La Grande Guerre 1914-1918. Le Calvaire des prisonniers roumains en Alsace et en Lorraine » est paru en 2019 et a été tiré en 33 exemplaires. Les dix illustrations originales signées par l’artiste lui-même sont imprimées sur du papier manuel réalisé par « László Vincze et Fils » de Szentendre, en Hongrie.
Laurenţiu Mogoşanu, lui, a reçu deux prix de la part de l’Union des artistes plasticiens de Roumanie : le Prix national Brancusi et un des Prix spéciaux du jury. Sculpteur, il est diplômé des Beaux-Arts de Bucarest. En 1993, il reçoit la bourse Frederic Storck, en 1994 la bourse de l’UAP et en 1996 la bourse Ludwig Forum à Aix – la- Chapelle, en Allemagne. C’est cette même année que l’UAP le récompense avec le Prix jeunes artistes. Il a beaucoup exposé, en Roumanie et à l’étranger. Laurenţiu Mogoşanu :« Mon but n’a pas été d’obtenir un prix, c’est le résultat de mon travail de ces dernières années. J’ai eu deux expositions en 2018, une à la Galerie Simeza, en plein centre de Bucarest, sur le sacrifice et la joie de la résurrection. Dans l’autre, accueillie par la Galerie Cuhnia, dans le Palais de Mogoșoaia, au nord de la capitale, j’ai essayé de restituer le drame des Brancovains à l’aide des moyens de l’artiste visuel. Je peux dire que ces prix me stimulent. C’est en quelque sorte une reconnaissance de mes collègues qui me motive à continuer mes projets et à en entamer des nouveaux. »
Le Prix d’excellence de l’UAP est revenu à l’artiste Mihail Trifan. Connu aussi sous le nom de Miki Trifan, cet artiste de Craiova (sud de la Roumanie) utilise tant les formes traditionnelles (peinture sur toile), que les plus avant-gardistes (assemblage, collage, performance). Son projet artistique est loin de la prédictibilité et l’académisme d’une grande majorité d’artistes. (Trad. Elena Diaconu)