Le festival NexT
« Le court métrage peut dire beaucoup plus qu’un livre d’histoire récente ou un journal », affirme Ada Solomon, directrice du Festival International de Film NexT.
Corina Sabău, 10.05.2014, 13:23
« Le court métrage peut dire beaucoup plus qu’un livre d’histoire récente ou un journal », affirme Ada Solomon, directrice du Festival International de Film NexT.
« Après la nuit / Até Ver a Luz », le long métrage de début du gagnant du trophée NexT 2013, Basil da Cunha, a ouvert au Cinéma Studio de Bucarest, la 8e édition du Festival International de Film NexT, déroulé début avril.
« Je crois qu’il faut respecter le public et je crois que c’est une des premières règles des cinéastes : essayer d’offrir le plus possible au public. NexT parle de ce qui suit, NexT signifie fraîcheur, jeunesse, courage, défi, chaque pas suivant est un défi pour chacun d’entre nous; c’est pourquoi nous essayons de proposer différentes recettes, différentes variantes pour tous les goûts », a ajouté Ada Solomon.
Ecoutons-la : « C’est aussi une déclaration égoïste, parce que je trouve extraordinaire le désir des cinéastes et des jeunes de notre équipe de mettre sur pied un projet si professionnel et si différent en même temps. A mon avis, c’est un festival qui nous aide à voir mieux ce qu’il y a autour de nous. De l’intérieur, la grande révélation de cette édition a été le marché des projets de courts-métrages et des rencontres censées faciliter la coproduction, une nouveauté pour ce festival. Il y a eu 14 projets présentés par 15 cinéastes qui ont réalisé des films très courts. Nous avons invité le public à voter pour son film préféré et nous avons eu aussi un jury qui a désigné le gagnant du prix de 5000 euros. Nous avons profité de l’occasion pour organiser un marché proprement-dit de projets, invitant des producteurs européens à Bucarest pour rencontrer les créateurs. Et nous avons été heureux d’accueillir un large public un dimanche matin, venu voir ces 14 cinéastes qui sont très créatifs et très convaincants. Ce spectacle m’a prouvé que les choses marchent bien dans le cinéma. Et quand je dis que nous souhaitons offrir le plus possible au public, cela ne signifie pas que nous voulons lui offrir quelque chose d’accessible ou de facile. Nous essayons de changer un peu la perception générale du cinéma, et faire en sorte qu’il enchante les spectateurs et ne se limite pas uniquement à un moment de divertissement ».
Les co-sélectionneurs Irina Trocan et Andrei Rus ont choisi sur les plus de 1000 films inscrits au festival quelques-uns des courts métrages récents les plus provocateurs, si bien que les spectateurs NexT se sont délectés avec des visions inédites et des histoires venues d’un peu partout, de Grande Bretagne et de France jusqu’en Argentine ou au Kirghizistan.
Ada Solomon, directrice du Festival international de film NexT : « Cela fait quelques années que nous recevons environ 1000 films, mais ce qui est très important, c’est le genre et qui choisit de venir à NexT. Il est pourtant vrai que beaucoup des films qui s’inscrivent ont réussi à se faire remarquer dans des compétitions internationales prestigieuses, et si pour eux, être sélectionnés dans notre compétition compte, cela veut dire que NexT compte. Cela veut dire que le festival a une bonne réputation dans le monde et que les gens souhaitent faire partie de cet événement. Il y avait une première dans le festival de cette année, dont je suis littéralement enchantée. Avec les deux co-sélectionneurs, les critiques Andrei Rus et Irina Trocan, j’ai réalisé une compétition nationale. Et le niveau de cette compétition nationale a été très élevé. 14 sur les près de 100 films roumains qui ont été inscrits au festival ont été sélectionnés. Certains sont des films d’école, d’autres ont déjà reçu un financement du Centre national du cinéma, et d’autres sont des films complètement indépendants. La réalisation de cette section du festival, dans laquelle ont été présents des réalisateurs consacrés tels qu’Adrian Sitaru et Igor Cobileanski, mais aussi de frais émoulus de l’université de film ou des gens qui ont tout juste sorti leur premier film, tout cela est intéressant et offre une perspective sur le futur cinéma de Roumanie ».
Le critique Andrei Rus affirme au sujet des films entrés en compétition : « Ils sont très différents et cela parce qu’à travers notre sélection, on a cherché à montrer au public du festival la grande complexité de l’art cinématographique et les directions qu’il peut suivre. C’est la raison pour laquelle on a préféré des cinéastes qui aiment exploiter et non pas de ceux qui débordent de certitude. Les films entrés en compétition étaient pour la plupart difficiles à englober dans telle ou telle catégorie. Bien sûr, la sélection fut dictée aussi bien par mes options et par celles d’Irina Trocan. Personnellement, je préfèrerais toujours un film avec des lacunes, mais qui ne se laisse pas facilement inclure dans un genre artistique à un film correct, mais moins ambitieux. Ou si vous voulez, je préfère un film que l’on souhaite revoir à un autre qu’on arrive à consommer entièrement au bout d’une seule représentation ».
Plusieurs courts-métrages lancés en 2013 se sont retrouvés à l’affiche du Festival International de Film NexT dans les sections Short Matters et Semaine de la Critique. Parmi eux : Come and Play de Daria Belova, prix Découverte de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes. Le film en noir et blanc raconte l’aventure fantastique de Grisha, un petit garçon Germano-Russe qui samuse à jouer avec un pistolet en bois. Plus il joue, plus il senfonce dans une réalité alternative. Le trophée NexT 2014 a été remis à la co-production germano-azérbaïdjanaise « La balançoire du maître des cercueils » (The Swing of the Coffin Maker), réalisé par Elmar Imanov, « une histoire pleine de détails qui transmet un message universel. C’est un film très beau, qui dégage beaucoup de chaleur, d’humanité et d’intimité ». C’est ainsi que le jury a motivé sa décision. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu, Ligia Mihaiescu)