Le Festival national du jeune théâtre « Ideo Ideis »
Les jeunes Andreea Borţun — actuellement scénographe – Alexandru Ion — actuellement comédien, se sont lancés dans une véritable aventure dans une petite ville où il n’y avait ni théâtre ni salle de cinéma. Marcel Iureş — un des comédiens roumains les plus réputés, devenu président d’honneur du Festival — ainsi que Medeea Marinescu, Cătălin Ştefănescu, Andi Vasluianu, Vlad Zamfirescu et Marius Manole — les ont vite rejoints. Ces grands noms de l’art théâtral et cinématographique roumain président ce festival.
Luana Pleşea, 06.09.2014, 12:51
Les jeunes Andreea Borţun — actuellement scénographe – Alexandru Ion — actuellement comédien, se sont lancés dans une véritable aventure dans une petite ville où il n’y avait ni théâtre ni salle de cinéma. Marcel Iureş — un des comédiens roumains les plus réputés, devenu président d’honneur du Festival — ainsi que Medeea Marinescu, Cătălin Ştefănescu, Andi Vasluianu, Vlad Zamfirescu et Marius Manole — les ont vite rejoints. Ces grands noms de l’art théâtral et cinématographique roumain président ce festival.
Le réalisateur de télévision Cătălin Ştefănescu a rejoint le Festival « Ideo Ideis » dès sa deuxième édition : « A partir de 2014, nous nous considérons comme des mentors. C’est que, d’un commun accord avec Andreea et Alex, qui sont les fondateurs et les protecteurs de ce festival, nous en avons changé la philosophie. Ce n’est plus un festival doté de prix, par conséquent, nous ne sommes plus un jury et nous tâchons de faire quelque chose de normal, de contemporain : encourager une forme de compétition entre équipes, en n’accordant plus de prix individuels, mais en offrant des opportunités aux troupes qui méritent une récompense. Nous nous appelons « mentors », car, après chaque spectacle de théâtre, nous rencontrons les troupes qui les réalisent et nous en parlons. »
Le Festival « Ideo Ideis » est un événement unique en Roumanie, souligne Cătălin Ştefănescu, et cela en raison du fait que ce n’est pas un simple festival de théâtre, mais « un festival d’éducation alternative par le théâtre » – comme il se plaît à dire.
220 participants, 26 formateurs, 120 volontaires, 14 spectacles de théâtre professionnel, 10 troupes de lycéens, 2 soirées de projections, 3 réservées à la Caravane des Films du Festival de Film Transilvania, 3 soirées des narrateurs, 4 spectacles pour enfants et 3 classes de maître. Voilà le bilan de cette 9e édition du Festival national du jeune théâtre « Ideo Ideis » d’Alexandria.
Andreea Borţun, co-présidente du festival, explique : « Le festival dure 10 jours. Les 4 premiers jours sont réservés aux ateliers de développement personnel : le matin sont prévus les ateliers destinés aux comédiens, auxquels participent tous les invités présents au festival ; l’après-midi, ils peuvent choisir parmi les 5 ateliers destinés à la chorégraphie, à l’éducation visuelle, à la scénographie, à la musique et au rythme, à la dramaturgie. Les jours suivants sont dédiés aux spectacles présentés par les troupes de lycéens. Les soirées sont elles aussi, très riches en événements. Chaque soir est prévu un spectacle de théâtre professionnel dans les deux salles réservées pour le festival. Les bénéficiaires de ces spectacles sont aussi bien les jeunes de tout le pays qui se rendent à Alexandria pour ce festival que les habitants de la ville. Trois soirées sont consacrées aux mentors ; nous les appelons « les soirées des narrateurs ». Pour ces soirées, nous invitons des professionnels de différents domaines — autres que celui artistique — qui viennent à Alexandria et racontent avec passion des choses sur leur métier et ont un dialogue avec les participants. La « Cinémathèque tardive » est consacrée, bien sûr, aux amateurs de film. Nous invitons des réalisateurs roumains qui proposent au public soit leurs plus récents films, soit des films qui les ont inspirés le long de leur carrière. Après la projection, ils entament un dialogue avec l’audience. Et enfin, au dernier jour du Festival il y a les classes de maître, données par des professionnels du théâtre. L’animateur de ces classes est notre ami Cătălin Ştefănescu et elles sont suivies, bien sûr, d’un dialogue avec le public ».
Dans une ville comptant un peu plus de 40 mille habitants, le Festival « Ideo Ideis » réussit à apporter un souffle nouveau, un nouvel esprit.
Andreea Borţun : « On marche dans les rues et tout le monde sourit. On voit des dizaines, des centaines d’enfants portant des T-shirts rouges et des badges autour du cou et l’on sait qu’ils sont engagés dans ce festival. On voit les gens de la ville se réjouir à leur rencontre et ils sont nombreux à dire que la ville se ranime le jour où débute le festival… Celui-ci apporte beaucoup d’énergie positive, les gens se serrent dans les bras, pleurent d’émotion, se réjouissent, apprennent… Il y a des échanges de pensées et d’idées qui se font, des projets qui naissent, des rencontres entre professionnels et jeunes qui sont rendues possibles… Je pense que 8 à 10 jours par an c’est suffisant, davantage serait trop, mais lorsque cela arrive, il se produit quelque chose qu’il m’est difficile d’expliquer par des mots. »
A commencer par cette année, les troupes de lycéens ne sont plus évaluées par un jury et elles ne reçoivent plus des prix individuels. Les organisateurs ont souhaité appliquer un nouveau concept, qui mette davantage l’accent sur le processus et non pas sur la performance, les distinctions et les prix. Les participants ont été récompensés d’opportunités ou « d’expériences », telles la participation à l’édition 2014 du Festival National de Théâtre, la participation, avec un spectacle, aux éditions 2015 du Festival international de théâtre de Sibiu ou du Festival de la Comédie roumaine.
C’est toujours à Andreea Borţun, co-présidente du Festival « Ideo Ideis », de nous dire ce que les organisateurs se proposent pour les années à venir, à la fin de cette 9e édition du festival : « Les prochaines années, nous souhaitons faire davantage pour la communauté et pour les enfants de cette ville, car leur intérêt a considérablement augmenté. Nous nous proposons également d’emmener à Alexandria plus de lycéens épris du théâtre. Nous espérons pouvoir tout mettre sur pied au très beau camping l’année prochaine, quand le festival fête son 10e anniversaire. Et j’espère surtout que notre équipe reste unie et continue à organiser ce festival avec la même passion. »
Les organisateurs du Festival national du jeune théâtre «Ideo Ideis » préparent l’anniversaire, en 2015, de 10 années d’existence de cette manifestation. Une existence courageuse et pleine de confiance.
Cătălin Ştefănescu estime que ces jeunes méritent d’être soutenus davantage : « Je voudrais souligner combien ce qui se passe à Alexandria et la philosophie sur laquelle repose cet événement sont méritoires. C’est quelque chose de si pur, de si normal et malheureusement de si rare, qu’à chaque fois je me sers de superlatifs pour exprimer mon enthousiasme. Or, je me rends compte que ce n’est pas la meilleure manière de vanter une chose, car on risque de susciter la méfiance. Pourtant, tous ceux qui ont eu la curiosité de s’y rendre ont découvert quelque chose de vraiment unique. Ça je peux le dire. Ce qui me lie à cet espace, c’est le fait que tout ressemble à un livre ouvert, que chaque sou est dépensé de manière transparente, que tout le monde s’endort le soir la conscience tranquille de ce point de vue-là, que nous, qui sommes engagés dans cette « aventure » – mentors et formateurs qui travaillent avec les enfants ainsi que tous ceux qui se trouvent au cœur du festival — nous faisons ce travail pro bono et cela est, à mon avis, une chose magnifique et particulièrement importante. » (Trad. : Dominique)