Le Festival International du Théâtre radiophonique innovant Grand Prix Nova
Luana Pleşea, 12.10.2013, 13:00
Au début, le théâtre radiophonique se faisait en présence du public spectateur. La grande scène de la Radiodiffusion accueillait à la fois acteurs et techniciens, tandis que le public, présent dans la salle, assistait à la construction en temps réel de la pièce. A la gloire de ces temps passés, le réalisateur Mihai Lungeanu a décidé de signer une nouvelle adaptation radiophonique de la pièce « Ce que le village savait » pour la présenter sur la scène du Théâtre de comédie de Bucarest, devant un public nombreux. « Le spectateur qui participe à la représentation se retrouve face à une sorte d’alchimie qu’il n’a pas l’occasion de voir normalement puisqu’il ignore ce qui se passe dans un studio d’enregistrement. Or, cette fois-ci, nous avons justement voulu recréer un peu l’ambiance qui se dégage dans un studio, l’improvisation, le jeu de création. Nous avons essayé de recréer en quelque sorte l’énergie avec laquelle, il y a 85 ans, les comédiens ont lu en première au micro une pièce de théâtre transmise sur les ondes. C’était pour la première fois que le public roumain faisait la connaissance, par le biais de l’ouïe, des personnages, d’une histoire, qu’il se laisser emporter, grâce ax son, par les émotions et les états d’âmes des héros, sans la moindre possibilité d’intervenir, pour changer ou améliorer le message ».
Organisée du 30 septembre au 5 octobre par Radio Roumanie, la première édition du Festival International de Théâtre Radiophonique Grand Prix Nova a mis à l’honneur « l’innovation ». Déroulé sous le haut patronage de son Altesse royale, la Princesse Margarita de Roumanie, le festival a eu lieu sous les auspices du 85ème anniversaire de la première pièce de théâtre radiophonique jamais transmise sur les ondes par la radio publique.
Bien que le palmarès du Théâtre radiophonique s’enrichisse d’une année à l’autre, le rédacteur en chef de la rédaction de Théâtre ne s’attendait pas à ce que le festival Grand Prix Nova ait un si grand succès. Attila Vizauer : « Chaque étape de l’organisation du festival a été une véritable aventure qui nous a donné de l’optimisme. Une fois terminé le projet, la direction de la radio a donné son aval. Par la suite, on a décidé d’inviter les plus grands professionnels du théâtre radiophonique d’Europe à faire partie du jury. Et ils ont accepté bien volontiers. Prochaine étape : les inscriptions. Au début, elles étaient assez timides. La première participation nous est venue du Vietnam, ensuite d’Ukraine. Mais, petit à petit, les propositions sont devenues tellement nombreuses qu’on s’est vu contraints de prolonger de 15 jours la période d’inscription pour pouvoir répondre à toutes les sollicitations. Suite aux présélections, 25 compagnies de 22 pays ont fait inscrire au total 56 programmes. Ce fut ensuite le moment du festival qui a rassemblé à Bucarest non seulement les productions en lice, mais aussi leurs auteurs désireux de participer aux auditions et aux débats. On a organisé des rencontres en marge de l’innovation, qui a été le leitmotiv de l’actuelle édition. On a donc parlé de l’innovation dans le théâtre radiophonique, des domaines qui s’en servent, des actuelles tendances dans ce genre artistique ».
Le jury du festival a été présidé par Nils Heyerdhal, président de l’Académie norvégienne pour la Langue et la Littérature, ancien chef du Département de Théâtre de Radio Norvège. Invité au micro de RRI, il a fait le point sur les 4 journées du festival : « J’ai été surpris de constater que pas mal de producteurs et de chaînes de radio s’efforcent de diversifier les moyens de distribution. Le théâtre radiophonique, par exemple, ne se transmet plus seulement sur les ondes, mais aussi en ligne, sur les réseaux sociaux où il suscite discussions et commentaires. Il arrive souvent que toute une communauté se forme autour d’une pièce. Du coup, le public jeune commence à s’y intéresser. C’est la meilleure façon de l’attirer. On doit faire de notre mieux pour capter l’attention des jeunes. Bien sûr, le contenu est lui aussi important, mais on ne doit pas négliger la forme non plus . A l’heure actuelle, ce sont les courtes pièces qui viennent de prendre le dessus. Fini l’époque où l’on devait s’asseoir pour suivre une pièce radiophonique. Maintenant, c’est l’ère de la vitesse. Or, il est important d’encourager cette forme de théâtre court qui privilégie les épisodes de 10 à 15 minutes censés attirer le public jeune. Cela veut dire que les comédiens devraient apprendre à jouer différemment, car ils ne peuvent plus le faire comme dans le cas d’une pièce de Tchékhov, par exemple, qui dure 2 heures, 2 heures et demie ».
Ces nouvelles tendances se retrouvent aussi dans le spectacle « Hélas, pauvre papa ! » une production de la radio publique qui a valu au réalisateur Attila Vizauer la deuxième place dans la section des pièces courtes. Passons le micro au réalisateur Attila Vizauer : « J’ai fait beaucoup de confiance aussi bien au texte de Petre Barbu qu’au professionnalisme et à l’enthousiasme de mon équipe technique formée de l’ingénieur du son Mihnea Chelaru et du réalisateur musical Madalin Cristescu. Quant au prix, eh bien, je ne m’y attendais pas, je n’y pensais pas, je n’y rêvais même pas ! On ne s’est pas donné pour mission d’obtenir un prix, mais d’organiser un festival, le mieux possible. Ce prix fut donc un véritable cadeau ! »
A la fin, nous repassons le micro au président du jury, Nils Heyerdhal pour les conclusions sur la première édition du Festival International de Théâtre radiophonique, Grand Prix Nova : « Je voudrais que la radio publique roumaine organise d’autres festivals aussi qui offrent la possibilité aux professionnels de la radio du monde entier de se réunir pour parler de l’avenir et des moyens censés capter l’attention du jeune public ». (trad.: Ioana Stancescu)