Le Festival International de Théâtre de Sibiu
« Unicité dans la diversité » a été cette année le slogan de la XXIe édition du Festival international de théâtre accueillie par la ville de Sibiu du 6 au 15 juin. 2.500 artistes et déléguées de 70 pays y ont participé. Cette édition a comporté 380 événements : spectacles de théâtre, de danse, concerts de musique, expositions, lancements de livres, conférences, déroulés dans des espaces conventionnels et non-conventionnels. Nous passons aujourd’hui en revue quelques-unes des manifestations de cette édition du prestigieux festival.
Luana Pleşea, 02.08.2014, 13:00
« Unicité dans la diversité » a été cette année le slogan de la XXIe édition du Festival international de théâtre accueillie par la ville de Sibiu du 6 au 15 juin. 2.500 artistes et déléguées de 70 pays y ont participé. Cette édition a comporté 380 événements : spectacles de théâtre, de danse, concerts de musique, expositions, lancements de livres, conférences, déroulés dans des espaces conventionnels et non-conventionnels. Nous passons aujourd’hui en revue quelques-unes des manifestations de cette édition du prestigieux festival.
Le réputé metteur en scène Radu Afrim a été présent à cette édition du festival avec une exposition de photos, un spectacle de théâtre et un autre spectacle classé par les organisateurs parmi les concerts. Radu Afrim a impressionné par ses photos prises hors de la scène, dont des portraits d’acteurs. L’organisateur de cette exposition a été le scénographe Dragoş Buhagiar.
Radu Afrim nous parle de ses photos : « Ce sont des portraits d’acteurs, souvent des nus. Des acteurs qui souhaitent être vus ailleurs et pas uniquement sur scène. Ce sont de beaux êtres, que je rencontre dans les théâtres… Nous nous détendons pendant la pause entre les deux répétitions quotidiennes — de 14 à 18 heures. Nous allons ensemble nous promener dans la forêt, nous allons dans le Delta du Danube, au bord de la rivière Olt ou ailleurs. Ça n’a aucun rapport avec les spectacles. Il est très facile de prendre des acteurs en photo. On ne doit pas peiner pour les faire entrer dans un certain état ou les faire se détendre, comme on est obligé de le faire avec un modèle d’une grande beauté, mais qui ne sait rien montrer d’autre que cette beauté. Les acteurs vivent dans un monde à eux, que les photos ont réussi à surprendre, j’espère. Ce sont de jeunes acteurs déjà connus et je souhaite les faire connaître davantage. »
Le spectacle invité au Festival « Quand la pluie s’arrêtera » signé par Andrew Bovel a été mis en scène par Radu Afrim au Théâtre Toma Caragiu” de Ploiesti. Selon Radu Afrim, c’est un spectacle beaucoup plus sage, un spectacle de la maturité sans pour autant être conforme aux normes, de par son sujet — c’est une tragédie moderne dont le texte a inspiré un rythme lent, voire hypnotique.
Participant dans la section « Spectacles de musique » Hai Iu Iu Nu Hey You You (un remix de la célèbre chanteuse roumaine Maria Tănase)” est né, début septembre, au Gala du Jeune acteur– HOP, à Costineşti. C’est le fruit de l’atelier de création ”Maria Tănase — 1913-2013”, coordonné par le musicien Vlaicu Golcea. Le concept du spectacle appartient toujours à Radu Afrim. Au moment de sa création, personne ne s’imaginait qu’il allait être invité à tant de festivals.
Radu Afrim : « Ce projet Maria Tănase remix est cher à mon cœur. C’est une expérience qui n’est pas du tout commerciale. C’est l’atout de notre spectacle. A cela s’ajoute l’énergie de ces jeunes, diplômés de facultés de théâtre. Le projet à un fil narratif, une histoire jusqu’à un moment donné ainsi que de l’humour. Il y a aussi les moments de cabaret interprétés par les garçons. En Roumanie, il n’y a pas de formule adéquate pour le définir : ce n’est pas un spectacle de variétés . Je ne sais pas exactement ce que c’est. Ce n’est pas un concert car il n’y a pas de personnage féminin qui chante et qui entre après dans les coulisses. Ils sortent, ils entrent. A noter aussi la présence dans le spectacle de Maia Morgenstern. C’est une représentation libre, on peut monter et quitter la scène quand on veut. Moi, je n’ai pas mis en scène ce spectacle, je l’ai seulement conçu et j’ai réuni les gens. Les décors sont absents, c’est une ambiance urbaine qui s’en détache. La photo de Maria Tănase qui apparaît dans le spectacle renvoie aux personnalités hollywoodiennes, ce n’est pas une paysanne quelconque».
Parmi les points d’orgue du festival a figuré le vernissage de l’exposition Oidip — une exposition de photos Mihaela Marin”, sur le spectacle que Silviu Purcarete avait mis en scène au Théâtre National de Sibiu, mais que la majeure partie du public n’avait pas encore vu.
Le critique de théâtre Octavian Saiu : «Je remercie de tout cœur Mihaela Marin pour son geste de nous avoir introduit avec une discrétion et une acuité spécifique à son esprit d’observation, dans l’univers d’un spectacle que nous découvrons à l’aide de ces images qui vont nous accompagner tout au long de la pièce et qui lui conféreront une autre dimension visuelle. Je suis persuadé que je ne pourrais pas séparer certaines scènes du spectacle Oidip de ce que Mihaela a choisi de faire partager dans cette exposition. Il y a des photos qui saisissent une nuance précise, un état d’esprit d’une certaine scène tout en donnant une image du spectacle en son ensemble. Je crois que n’importe quel geste de Mihaela Marin s’inscrit dans une zone de mémoire culturelle et de mémoire théâtrale qui est hautement importante. Une des images emblématiques du Festival International d’Edimbourg 2013 qui m’a fait ressentir une sorte de fierté nationale, a été une photo de « Hamlet » de la célèbre compagnie Wooster Group des Etats-Unis et qui était signée par Mihaela Marin. »
Parmi les lancements de livres les plus importants de la 21e édition du FITS a été celui du volume «Nouvelles pratiques dans les arts du spectacle en Europe de l’est », paru dans la collection de livres de l’actuelle édition du Festival. Selon son éditrice, Iulia Popovici, c’est le premier livre couvrant l’Europe centrale et de l’est à paraître dans cette partie du continent. Il comprend 10 essais, 10 interviews et un texte sur l’Ukraine écrit dans des conditions de guerre par le critique de théâtre Viktor Sobiianskyi.
Iulia Popovici : « Le principal objectif de ce livre, que j’espère être aussi son principal mérite, est celui de créer un contexte aussi concret que possible, et ce non seulement pour le théâtre de chez nous . Par exemple, parmi nos voisins, nous sommes les seuls à avoir un théâtre du réel, un théâtre documentaire solide. Chez les Bulgares, les premières tentatives en ce sens n’ont eu lieu que cette année. En Hongrie, il y a un seul spectacle documentaire, qui date d’il y a trois ans. En Ukraine, il y a une sorte d’effervescence liée aux événements Place de l’Indépendance, Maidan, et qui génère la dramaturgie du réel. En Pologne, le théâtre du réel est très solide et en Slovaquie il est très intéressant. Mais ce qui nous rassemblent tous c’est la relation extrêmement tendue avec les conditions de production, les systèmes de financement et la dynamique traditionnel –nouveau. »
L’édition 2014 du Festival International de Théâtre de Sibiu vient de fermer ses portes mais les organisateurs ont déjà annoncé la prochaine édition, prévue du 12 au 21 juin. « On prépare une édition mûre, avec la promesse du festival des arts du spectacle le plus complexe jamais organisé en Roumanie. Sibiu est la scène spécifique d’une ville européenne, c’est une ville qui sait comment préserver sa beauté et on en est fiers », a déclaré Constantin Chiriac, directeur du Festival de Sibiu. (Trad. Alexandra Pop)