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Le Festival international de littérature de Bucarest

La première soirée du Festival international de littérature de Bucarest s’est déroulée début décembre au Club du Paysan de la capitale. Les débats ont tourné autour d’un des roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, « Mari et femme », publié en roumain aux Maisons d’édition Polirom.

Le Festival international de littérature de Bucarest
Le Festival international de littérature de Bucarest

, 28.12.2013, 13:00

La première soirée du Festival international de littérature de Bucarest s’est déroulée début décembre au Club du Paysan de la capitale. Les débats ont tourné autour d’un des roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, « Mari et femme », publié en roumain aux Maisons d’édition Polirom.



« Reconnue sur le plan international dès son premier roman — « Vie amoureuse » – l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev nous offre, dans « Mari et femme » une méditation d’une remarquable force poétique sur la jalousie, la douleur et le renoncement » – écrivait le Library Journal. En mentionnant ce livre Publishers Weekly écrivait, de son côté — « Le roman de Zeruya Shalev est un flux ininterrompu de la conscience qui nous présente des bribes de conversation, des querelles conjugales et murmures d’amour. »



Les invités de cette soirée ont été deux couples d’écrivains : Zeruya Shalev et Eyal Megged (d’Israël) et respectivement Cecilia Ştefănescu et Florin Iaru (de Roumanie). Une des questions qui leur avait été lancées portait sur le potentiel créatif supérieur du malheur par rapport au bonheur. Pourquoi en est-il ainsi ? Le débat a été modéré par un 3e couple, constitué de l’écrivaine Adela Greceanu et du journaliste Matei Martin.



Revenons, un petit moment, au roman de Zeruya Shalev, « Mari et femme » : Udi et Naama ont grandi ensemble, pourtant, le long de ce parcours de toute une vie, ils ont cessé de communiquer et leur vie commune, aux côtés de leur fille, Noga, est faite de jalousie, colère et culpabilité. Peu à peu, il devient évident que ce ménage reposait sur un fondement peu solide, l’image de l’amour idyllique de leur adolescence n’étant que l’enveloppe illusoire d’une vie familiale pleine de frustration.



Zeruya Shalev explique pourquoi le malheur lui offre plus de matière pour son écriture que le bonheur. « Le malheur est plus créatif que le bonheur. Le malheur réussit à nous motiver, déclenche le changement, fait bouger les choses. C’est la raison pour laquelle dans la plupart de mes livres, je parle de crises. Une crise n’est pourtant que le commencement. Ce qu’elle déclenche est important. Après une crise, on a la chance de changer, de se réinventer. Un de mes but, en tant qu’écrivaine, est d’accompagner mes personnages sur leur chemin non pas vers le bonheur, mais vers un changement positif. »



Eyal Megged — journaliste, poète et prosateur, professeur d’écriture créative, lauréat d’importants prix littéraires — dont Macmillian Prize — voit les choses différemment : « Je ne pense pas que le malheur stimule l’inspiration. Moi, quand je suis malheureux, je n’écris presque pas. Le plus beau compliment que l’on m’ait jamais fait venait d’une lectrice de mon dernier roman — «End of the Body » – qui a été malade du cancer. Elle m’a dit qu’après avoir lu mon livre, elle a trouvé une raison de vivre. Cela veut dire que lorsqu’on décrit une situation malheureuse, on offre au lecteur non pas de la douleur, mais du bonheur. »



L’écrivaine Cecilia Ştefănescu est, elle d’un autre avis. Dans ses livres, il y a plus de malheur que de bonheur — paraît-il : « Les situations dramatiques créent des conflits et cela nous fait plaisir de participer à ces conflits. Les situations malheureuses vous font enlever le masque et sortir en quelque sorte de vous-même. Parfois on se sent ridicule, on s’en veut, le plus souvent on se sent impuissant à regagner le moment de bonheur perdu. Je n’ai pas renoncé à toutes mes illusions, pourtant celle de croire que le bonheur dure je me suis vue obliger d’abandonner. Le bonheur est un instant, il ne dure pas. On souffrirait énormément d’être constamment heureux, ce serait malsain. »



L’écrivain Florin Iaru partage le même avis. Au niveau de l’écriture, le malheur est beaucoup plus productif que le bonheur : « C’est une question de grammaire. Dans la grammaire, le bonheur est limitatif, il n’est défini que par des adjectifs, par des qualités. Pourtant, nous cherchons le bonheur en dépit de tout. Surtout en littérature, le bonheur est statique, il n’y a pas de conflit en lui, dont il ne peut pas fournir un noyau dramatique. Quant aux lecteurs, ils consomment du malheur et cela les contente — du point de vue esthétique. Si, dans les livres, le public cherche le malheur, alors le malheur est rentable et nous, les auteurs, nous ne sommes pas sans l’ignorer. »



Le débat a continuer par des questions tout aussi intéressantes. Entre autres : un mariage entre écrivains a-t-il des avantages ? Y a-t-il de l’admiration, de la compréhension, de la compétition, de la jalousie dans un couple où les deux partenaires écrivent ? La littérature peut-elle marquer une vie de couple ?



L’édition 2013 du Festival international de littérature de Bucarest a permis aux passionnés de belles lettres de la capitale roumaine de rencontrer des personnalités importantes de la littérature contemporaine du Royaume Uni, d’Israël, de Croatie, de Hongrie, de Serbie, de Jamaïque et de Roumanie. (trad. : Dominique)

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