Le Festival international de film Transilvania
L’édition de cette année du Festival international de film Transilvania a eu lieu à Cluj, dans le centre du pays, entre le 31 mai et le 9 juin. Le festival si populaire, dont le nom est raccourci par tous les cinéphiles roumains en TIFF, est arrivé à sa 18e édition. Avec le temps, il s’est bâti une réputation à montrer les premières nationales les plus attendues et le meilleur de la création roumaine. Des cinéastes sont présents à Cluj, aux côtés de centaines de professionnels de l’industrie, pour un marathon du cinéma.
Corina Sabău, 15.06.2019, 00:14
L’édition de cette année du Festival international de film Transilvania a eu lieu à Cluj, dans le centre du pays, entre le 31 mai et le 9 juin. Le festival si populaire, dont le nom est raccourci par tous les cinéphiles roumains en TIFF, est arrivé à sa 18e édition. Avec le temps, il s’est bâti une réputation à montrer les premières nationales les plus attendues et le meilleur de la création roumaine. Des cinéastes sont présents à Cluj, aux côtés de centaines de professionnels de l’industrie, pour un marathon du cinéma.
Mihai Chirilov, le directeur artistique du Festival, parle des 18 ans écoulés depuis la naissance du TIFF et de l’édition de cette année :« Il y a 18 ans de TIFF et je suis ravi de cette concordance entre la création du Festival et la naissance de la Nouvelle vague roumaine. Quand le festival a démarré, personne ne s’imaginait que ça serait un succès et qu’il se poursuivrait. De même, personne ne pensait que le cinéma roumain retrouverait un nouveau souffle. Mais voilà que TIFF, tout comme « Le Matos et la thune », le premier film de Cristi Puiu, qui a donné le ton de cette génération de cinéastes, sont devenus des labels. Ça a été comme un jeu de loto où tous les numéros étaient gagnants. Toutefois, le plus important, ce n’est pas de gagner le gros lot, mais de confirmer sa valeur dans le temps. Et je crois que la Nouvelle vague roumaine, comme le Festival, l’ont fait pendant toutes ces années. Lors de la première édition, en 2002, TIFF s’est déroulé dans deux salles de cinéma, avec 50 films à l’affiche, parmi lesquels quatre films roumains seulement. Par comparaison, en 2019 nous avons des projections de près de 220 films du monde entier, avec un record de films roumains, 37 productions en tout, court métrages, long métrages de fiction et documentaires. Les projections ont lieu dans près de 20 communes, tant dans des salles de cinéma que dans des espaces alternatifs. Nous organisons des projections en plein air, au Château Banffy du village de Bonțida, soit en dehors de la ville de Cluj, mais aussi sur la place Unirii, et au bord de la rivière qui traverse la ville, le Someş. Dans des institutions de culture, dans les universités, il n’y a pratiquement aucun espace qui n’ait pas été investi à l’occasion du Festival international de film Transilvania. »
La 18e édition du Festival fait la part belle au cinéma roumain, avec cinq titres en première absolue et une sélection de films primés dans les festivals internationaux. 37 productions en tout, comme le rappelle Mihai Chirlov, dont 23 étaient en compétition pour les trois prix de la section dédiée au cinéma roumain : long métrage, court métrage et début. Le réalisateur Claudiu Mitcu est revenu à l’affiche lors des Journées du film roumain, cette fois-ci avec Mihai Mincan, avec lequel il cosigne la réalisation d’ « Emigrant Blues », un roadmovie en deux chapitres et demi, un documentaire original inspiré par les histoires des Roumains partis travailler en Espagne. Le film a été projeté en première absolue dans la compétition roumaine, tout comme « Arest », le deuxième long métrage d’Andrei Cohn, centré autour d’un architecte arrêté en 1983, qui partage sa cellule avec un informateur de la Securitate. Le réalisateur Șerban Georgescu essaie, lui, de comprendre comment les histoires individuelles des Roumains se superposent sur l’histoire collective. Son film s’appelle « Le journal de la famille -escu », un jeu de mots, car la famille du documentaire fait référence au suffixe qui compose une grande majorité des noms de famille en Roumanie. Un autre long métrage a eu sa première mondiale à TIFF et a aussi ouvert le Festival. Il s’agit de « Parking » de Tudor Giurgiu. Le scénario, basé sur le roman « Aproprierea » / « Le Rapprochement » de Marin Mălaicu-Hondrari, suit un poète qui émigre illégalement pour trouver le grand amour, mais aussi le déchirement de quitter son pays.
Mihai Chirilov, le directeur artistique du Festival international de film Transilvania :« TIFF a offert un espace de présentation au cinéma roumain. Par les projections, mais aussi à travers les invitations lancées aux professionnels du monde entier, qui sont venus à Cluj surtout pour voir des films roumains. Et il est vrai que les réalisateurs roumains sont très impressionnés de voir qu’à chaque fois, leurs films remplissent les salles. Les projections se déroulent souvent à guichets fermés, ce qui n’arrive pas vraiment quand les films sortent en salle en Roumanie. Pendant le Festival, au moins, il existe un très grand intérêt, tout le monde veut voir les derniers films roumains, une partie d’entre eux en première mondiale à TIFF. C’était le cas de « La Gomera » / « Les Siffleurs », le film de Corneliu Porumboiu qui est venu à Cluj juste après sa projection dans la compétition officielle à Cannes. Malheureusement, les chiffres indiquent que le nombre de spectateurs en Roumanie est assez réduit. A cet effet, je voudrais mentionner une initiative extraordinaire, le programme EducaTIFF, qui essaie de pallier à notre manque d’éducation. Je suis d’avis que des cours de cinéma auraient dû être proposés dans les écoles, et ce depuis un moment. Evidemment, les cours seraient adaptés aux enfants de 7, 9, 12 ans. C’est notre manière de faire à EducaTIFF, où nous mettons les films pour enfants et adolescents par tranches d’âge. C’est un programme qui apprend aux jeunes quelques notions sur le cinéma, pas sur le cinéma type Disney, mais plutôt sur les films européens. »
« Monștri » / « Monstres » de Marius Olteanu, la seule production roumaine de la compétition officielle du Festival, mais aussi partie de la sélection roumaine, était également présenté en première nationale à TIFF. Le film avait été projeté dans la section Forum du Festival international de film de Berlin et avait gagné le Grand prix à Sofia. Et voilà qu’il est aussi reparti de Cluj avec un prix, le prix du Début des Journées du film roumain. (Trad. Elena Diaconu)