Le Festival européen de théâtre Eurothalia
Lucian Vǎrşǎndan, directeur du Théâtre allemand : « Il a été conçu comme une tentative de raccorder ce théâtre et le théâtre de Roumanie à certaines des tendances du théâtre européen. Le Festival voulait devenir, dès le début, une plateforme pour le théâtre européen de différents espaces culturels de bonne qualité. En 2009, lorsque ce festival a été lancé, il n’y avait aucune initiative similaire, du moins pas dans cette région, sinon dans le pays tout entier, et cela nous a encouragés à persévérer. D’une part, nous souhaitons faire venir à Timişoara une des propositions théâtrales les plus innovantes de différents pays européens, et de l’autre, et de l’autre, nous essayons faire une connexion entre ce côté du festival et celui qui apporte à Timişoara une des productions représentatives des dernières saisons de Roumanie. Cette composante roumaine du festival est entendue aussi comme une composante de modèle/vitrine. C’est quelque chose que nous avons lancé l’année dernière et que nous avons continué cette année, afin de contribuer à une meilleure visibilité de ce que l’on produit dans les théâtres de Roumanie. Ce qui compte, selon moi, c’est ce que ce spectacle pourrait dire aux spectateurs du coin ».
Luana Pleşea, 29.11.2014, 13:34
Lucian Vǎrşǎndan, directeur du Théâtre allemand : « Il a été conçu comme une tentative de raccorder ce théâtre et le théâtre de Roumanie à certaines des tendances du théâtre européen. Le Festival voulait devenir, dès le début, une plateforme pour le théâtre européen de différents espaces culturels de bonne qualité. En 2009, lorsque ce festival a été lancé, il n’y avait aucune initiative similaire, du moins pas dans cette région, sinon dans le pays tout entier, et cela nous a encouragés à persévérer. D’une part, nous souhaitons faire venir à Timişoara une des propositions théâtrales les plus innovantes de différents pays européens, et de l’autre, et de l’autre, nous essayons faire une connexion entre ce côté du festival et celui qui apporte à Timişoara une des productions représentatives des dernières saisons de Roumanie. Cette composante roumaine du festival est entendue aussi comme une composante de modèle/vitrine. C’est quelque chose que nous avons lancé l’année dernière et que nous avons continué cette année, afin de contribuer à une meilleure visibilité de ce que l’on produit dans les théâtres de Roumanie. Ce qui compte, selon moi, c’est ce que ce spectacle pourrait dire aux spectateurs du coin ».
Un des spectacles les plus provocateurs de l’édition 2014 du Festival Eurothalia — provocateur point de vue message, mais aussi en tant que mise en scène — a été « Crash Course Chit Chat », spectacle produit par la compagnie de Sanja Mitrovic, d’Amsterdam. Le concept, la mise en scène et la chorégraphie appartiennent à la même Sanja Mitrovic, qui a rassemblé cinq comédiens représentant cinq Etats européens : l’Allemagne, la France, le Royaume Uni, les Pays-Bas et la Belgique. Le spectacle repose, d’une part, sur les histoires des comédiens sur l’enfance, la famille, la vie privée, et d’autre part, sur des faits historiques, des clichés et des préjugés liés aux cinq nations. Sanja Mitrovic utilise les stratégies du documentaire pour étudier la relation entre l’identité personnelle et l’identité européenne.
La Française Servane Ducorps, une des comédiennes de « Crash Course Chit Chat », parle des questions auxquelles ils ont essayé de répondre par ce spectacle : « Pouvons-nous être européens ? Qu’est-ce que cela veut dire, être européen ? Que partageons-nous ? Que ne partageons-nous pas ? Je pense qu’il s’agit de nous questionner nous-mêmes sur ces aspects. Je pense que dans le spectacle, nous commençons en étant curieux l’un à l’égard de l’autre ; plus on entre en profondeur, plus on détruit l’autre. Peut-être que la dernière scène, une scène religieuse, signifie notre tentative, pour la dernière fois, d’être ensemble. Et cette tentative n’a pas connu le succès non plus. Je pense qu’il était important d’avoir un moment religieux, de parler de ce que c’est que d’être ensemble ».
Un des spectacles roumains les plus importants invités au Festival européen de théâtre Eurothalia a été « Victor ou les enfants au pouvoir » de Roger Vitrac, mis en scène par Silviu Purcărete au Théâtre magyar d’Etat de Cluj. La production a remporté cette année le prix de l’UNITER du Meilleur spectacle.
Nominée aux prix de l’UNITER, catégorie Meilleure comédienne dans un rôle secondaire, Csilla Albert parle de l’expérience du travail avec ce texte surréaliste : « Très difficile, le texte. Je crois que ce texte a été écrit plutôt pour être lu que pour être joué, même si c’est un texte dramatique. Quand je l’ai travaillé, j’ai eu la sensation qu’il est comme cet air de Mozart, qui a été écrit pour ne pas être joué. C’était une lutte, une véritable aventure pour dompter ce texte. Je crois que c’est un défi que de ne pas oublier pourquoi on fait du théâtre, d’arriver à un niveau lorsque les personnages ne sont plus joués, montrés, mais ils sont perçus, sont joués dans nos cellules. Pour moi, c’est ce qui est le plus important : de faire ressortir l’enfant en moi non pas en montrant comment moi je crois que c’est un enfant, mais croyant que je n’ai pas 35 ans et que je peux avoir 6 ans l’espace de deux heures et être honnête jusqu’au fond de moi-même. Je pense que c’est aussi le mérite de Silviu Purcǎrete, parce qu’il peut vous faire vous tomber amoureux d’une phrase, d’une scène, d’une bougie qui brûle… Je pense qu’il peut vous fait faire tout faire, parce qu’il a ce pouvoir de vous convaincre que cela en vaut la peine. Cela vaut la peine de faire du théâtre et ce monde mérite ce que le théâtre est ».
Trois productions du Théâtre allemand d’Etat de Timisoara ont figuré à l’affiche du festival. Parmi elles, la Mouette de Tchékhov, un spectacle mis en scène par l’Ukrainien Youri Kordonsky avec Ioana Iacob dans le rôle d’Irina Nikolaevna Arkadina : « C’est génial de travailler avec Youri Kordonsky ! Il arrive à motiver ces comédiens et à leur insuffler des émotions très fortes. C’est ce qui est fascinant dans le travail avec lui ! Le spectacle regorge d’émotions. Le texte est magnifique. Quant à mon personnage, hé bien, comment est cette Irina ? Il arrive assez souvent que l’on la qualifie de harpie, ce qui pousse les comédiens à jouer ce rôle de cette manière. Moi, j’espère avoir réussi à montrer aussi son côté humain. Je me rappelle que lors des répétitions, je m’efforçais à prouver que mon Irina était bonne, mais qu’elle était une femme dont l’existence ne fut pas des plus faciles, ce qui l’a déterminée à lutter de toutes ses forces pour sa carrière et son art. Et puis, à force de se consacrer totalement à son art, elle finit par perdre raison. Mais elle a une grande âme, comme d’ailleurs tous les personnages de Tchékhov. J’en suis certaine, mon Irina, elle est comme ça ».
Créé afin d’encourager le rapprochement entre théâtre et public, le Festival européen de Théâtre Eurothalia est arrivé au bout de quatre éditions à répondre à son but, selon Lucian Vărşăndan, directeur de l’institution susmentionnée et organisateur du festival : « Je pense que les festivals doivent s’adresser aux communautés au sein desquelles ils naissent. Un festival comme le nôtre a trouvé son chemin vers le cœur du public qui l’a attendu et l’a regretté durant ses années d’absence. Lors d’une des précédentes éditions, nous avons fait paraître un cahier post-festival comportant, entre autres, des réactions de la part des spectateurs. En plus, la simple vue d’une salle pleine nous parle du succès de ce festival. Je pense que ces dernières années, les habitants de Timisoara et non seulement eux sont devenus de plus en plus intéressés par le festival qu’ils connaissent et attendent ».