Le Festival de théâtre jeune de Sibiu
Le théâtre pour enfants et adolescents s’affirme de plus en plus en Roumanie ces dernières années, à travers des projets courageux, d’une fraîcheur réjouissante. Un phénomène visible aussi à Sibiu (centre de la Roumanie), où le Théâtre GONG pour les enfants et la jeunesse a accueilli, début novembre, la 4-e édition du Festival Jeune. Selon Adrian Tibu, manager de la troupe et initiateur du festival, l’objectif principal est de sensibiliser un public adolescent nombreux au théâtre. «L’édition de cette année prolonge nos recherches dans le sens d’une offre théâtrale ouverte à tous les publics, avec un accent spécial mis sur une nouvelle catégorie que nous voulons former, celle des adolescents. C’est la première fois que nous présentons en Roumanie un spectacle pour les enfants autistes et leurs familles. Il est créé par la compagnie britannique Flute Théâtre, invitée au festival, qui a aussi participé à un atelier avec des professionnels de l’éducation de la ville de Sibiu. Un autre événement inédit, c’est la présence dans notre théâtre d’une installation de théâtre d’ombres, réalisée par la compagnie canadienne Mere Phantoms… Par ailleurs, et également pour la première fois, nous avons consacré les deux weekends de l’agenda du festival à deux thèmes particuliers – des spectacles venus de France pour le premier et d’autres qui s’intéressent à sujet très contemporain de la nourriture pour le second. »
Luana Pleşea, 01.12.2018, 13:00
Le théâtre pour enfants et adolescents s’affirme de plus en plus en Roumanie ces dernières années, à travers des projets courageux, d’une fraîcheur réjouissante. Un phénomène visible aussi à Sibiu (centre de la Roumanie), où le Théâtre GONG pour les enfants et la jeunesse a accueilli, début novembre, la 4-e édition du Festival Jeune. Selon Adrian Tibu, manager de la troupe et initiateur du festival, l’objectif principal est de sensibiliser un public adolescent nombreux au théâtre. «L’édition de cette année prolonge nos recherches dans le sens d’une offre théâtrale ouverte à tous les publics, avec un accent spécial mis sur une nouvelle catégorie que nous voulons former, celle des adolescents. C’est la première fois que nous présentons en Roumanie un spectacle pour les enfants autistes et leurs familles. Il est créé par la compagnie britannique Flute Théâtre, invitée au festival, qui a aussi participé à un atelier avec des professionnels de l’éducation de la ville de Sibiu. Un autre événement inédit, c’est la présence dans notre théâtre d’une installation de théâtre d’ombres, réalisée par la compagnie canadienne Mere Phantoms… Par ailleurs, et également pour la première fois, nous avons consacré les deux weekends de l’agenda du festival à deux thèmes particuliers – des spectacles venus de France pour le premier et d’autres qui s’intéressent à sujet très contemporain de la nourriture pour le second. »
Les acteurs du Théâtre Excelsior de Bucarest ont présenté au public du Festival Jeune de Sibiu un émouvant « Bambi », pourtant bien différent de celui créé par Walt Disney. Dans la mise en scène d’Attila Vizauer sur un texte d’Ema Stere, le spectacle s’appuie sur la chorégraphie imaginée par Vava Ştefănescu, manager du Centre national de la danse. Cette chorégraphie se danse sur une musique écrite par Ioan Gyuri Pascu. Le metteur en scène Attila Vizauer raconte le début du travail de ce spectacle, destiné aux enfants de plus de 5 ans. «C’est Ema Stere qui nous a fait la première surprise, quand elle s’est mise à écrire le scénario, très proche de l’esprit du roman de Felix Salten, le premier roman écologique. Il est plus dramatique et moins rose. Mais de là à construire un spectacle musical, comme me l’a demandé le directeur de la compagnie Excelsior, Adrian Găzdaru, j’avoue que c’était un long chemin. Trouver la clé de ce spectacle n’a jamais été chose facile. » Plus de 200 jeunes ont auditionné au casting, explique Attila Vizauer. «Nous avons travaillé pendant des jours et des jours. Ioan Gyuri Pascu chantait avec eux, il avait déjà écrit les solos, les chansons, les parties chorales, et les écoutait très attentivement. Vava Ştefănescu réunissait de jeunes comédiens dans le cadre d’ateliers, où ils créaient ensemble des moments en mouvement. Et où j’étais aussi présent. A un moment donné, Vava a proposé aux candidats de construire ensemble une forêt. C’est là que j’ai vu les acteurs se transformer en arbres, mouillés par la pluie, tordus par le vent, des arbres qui essayaient de toucher le soleil avec leurs branches, des arbres qui protégeaient les êtres vivants autour d’eux… C’est là que j’ai compris comment le spectacle prenait corps. Je n’ai plus eu besoin de plumes, ni de fourrures ou de bois de cerf…. Tout cela existait grâce au naturel, à la vérité, à l’expression corporelle et au talent vocal de la plupart des membres de la distribution. »
Quand le souci du contenu d’une assiette devient plus important que l’empathie, quand les nutritionnistes savent très exactement ce qu’il faut manger, combien, comment, où et quand, et lorsque tout choix culinaire est plus ou moins erroné, que reste-t-il dans l’assiette? C’est une des questions lancées par les auteurs du spectacle « Identic natural/Naturel à l’identique », produit par l’Association Art No More, de Roumanie, sur un texte écrit par l’écrivaine et journaliste Elena Vlădăreanu et par Robert Bălan, qui signe aussi la mise en scène de cette production théâtrale destinée aux enfants de plus de 12 ans et aux adolescents. Robert Bălan et Elena Vlădăreanu. «Il y a eu un moment où je m’intéressais beaucoup à ce sujet, la nourriture, et j’ai voulu monter un spectacle pédagogique pour les lycéens, qui leur apprendrait comment se nourrir, raconte Robert. Mais, pendant le travail de documentation, nous avons constaté qu’il n’y avait pas de réponse claire : ceci est bien, cela est mal. Et on est arrivé à une sorte de puzzle d’un très grand nombre d’opinions, y compris des opinions d’experts qui se contredisent complètement. Le fameux label « bio » la phrase « naturel à l’identique », un arôme identique au naturel, ne doivent pas nous faire peur. Les fameux « E » ne sont pas non plus nécessairement « le boogey monstre » de l’humanité… » Elena renchérit. « Je pensais aujourd’hui, pendant que j’assistais au spectacle assise parmi les enfants, qu’une telle représentation, mais aussi d’autres du même genre, pourraient être de bons outils pédagogiques de débats sur certaines périodes. Car je ne crois pas que, dans les familles actuelles, la mère ou la grand-mère continue de raconter quelles étaient leurs vies d’enfants ou de jeunes femmes, où à quoi ressemblait notre enfance. Comme nous n’avions pas de télé ou de choses comme ça, nous demandions à notre grand-mère de nous raconter des histoires, c’était une tradition. C’est comme ça que nous avons appris des morceaux d’histoire vécue, qui n’apparait pas souvent dans l’histoire officielle, inscrite dans les manuels scolaires, et qui est tout aussi importante, voire plus, que les données officielles. Oui, ce sont des informations de la presse, des statistiques sur ce que la nourriture signifie aujourd’hui, et puis ce sont aussi de ces informations capables de reconstituer une époque. Qu’il s’agisse des années ’80, lorsque nous étions enfants, ou des années ’90, années de la transition d’après la Révolution… »
Paul Mureşan est un artiste, animateur et illustrateur plein de talent. Il a été invité par la manager du Théâtre Gong à jouer avec l’idée de « jeunesse/jeune » sur un des murs intérieurs du foyer de l’établissement. Le vernissage de sa création, intitulée justement « jeunesse/jeune » a eu lieu pendant les derniers jours du festival. « Le manageur du Théâtre Gong a eu l’idée de montrer aux gens qui venaient assister aux spectacles comment je travaillais, pour qu’ils puissent interagir, poser des questions, explique Paul Muresan. Ce ne sont pas des dessins sur un mur, c’est une performance. Les gens interagissaient avec, surtout les enfants qui expliquaient mon travail à leurs parents. J’ai beaucoup aimé jouer avec ce thème. A mon avis, tout ce que nous faisons pendant notre vie d’adulte nous aide à comprendre ce qu’il s’est passé pendant notre enfance. Or, par cette création, moi-même j’ai fait un voyage dans le passé, chez ce Paul de jadis, dont la maison était instable et l’imagination un peu fofolle. Là où on retrouve de grosses créatures effrayantes ou d’autres créatures, bien plus petites, qui peuvent être tantôt menaçantes tantôt sympathiques… Je vivais avec le sentiment qu’un horizon sans limites se cachait au plus profond de nous. C’est pourquoi j’ai voulu insister sur un paysage grandiose mais sans fin. C’était un très beau jeu. »
C’est le spectacle « Bo » qui a attiré le plus de spectateurs au Festival Jeunesse de Sibiu. La pièce est interprétée par la compagnie suédoise Teater Tre, elle est destinée aux enfants âgés de 6 mois à 2 ans. Adrian Tibu, directeur du festival : «Il existe, en général, un grand appétit théâtral chez les jeunes mamans, qui veulent amener leurs bébés au théâtre. En ce qui nous concerne, cette expérience donne de l’énergie, car la présence d’enfants si jeunes dans la salle de théâtre est quelque chose de magique… Une magie qui nous donne la force de construire de nouveaux projets et un théâtre pour une nouvelle génération de spectateurs. »
(Trad. : Ileana Ţăroi)