L’Art ne mord pas
Les espaces publics valent la peine d’être mis en valeur aussi d’un point de vue artistique, il faut en même temps encourager le grand public à interagir avec ces espaces et y contribuer activement. C’est l’idée de base sur la quel repose la dissertation de Loredana Munteanu, une thèse qu’elle a transformée en une ONG culturelle en 2012. « Le Tramway de la poésie », « L’Atelier des lettres qui voyagent », « Le Guide le Musée ne mord pas », le Festival de musique classique au métro ne sont que quelques projets à succès organisés par Loredana Munteanu dans le cadre de son ONG qui s’intitule d’une manière très éloquente : « L’Art ne mord pas ».
Corina Sabău, 21.12.2019, 13:10
Les espaces publics valent la peine d’être mis en valeur aussi d’un point de vue artistique, il faut en même temps encourager le grand public à interagir avec ces espaces et y contribuer activement. C’est l’idée de base sur la quel repose la dissertation de Loredana Munteanu, une thèse qu’elle a transformée en une ONG culturelle en 2012. « Le Tramway de la poésie », « L’Atelier des lettres qui voyagent », « Le Guide le Musée ne mord pas », le Festival de musique classique au métro ne sont que quelques projets à succès organisés par Loredana Munteanu dans le cadre de son ONG qui s’intitule d’une manière très éloquente : « L’Art ne mord pas ».
Prenons un exemple concret. Le Tramway de la Poésie a été un projet mené du 10 septembre au 1er octobre 2019 à Bucarest, en partenariat avec la Municipalité et la Société de transport Bucarest (STB). Son objectif : rapprocher les gens de la lecture. Cela, dans le contexte où 69% des Roumains en général et 46% des Bucarestois en particulier affirment ne pas lire un seul livre durant une année, alors que 9% seulement affirment lire presque tous les jours, selon le Baromètre de la consommation culturelle de 2018. Les Bucarestois qui ont voyagé à bord du Tramway de la poésie ont pu lire ou écouter de la poésie ainsi que du Jazz, et ont pu admirer la centaine de recueils de poésie qui ornaient lintérieur du tramway. Une idée qui a été très bien reçu par le public, constate Loredana Munteanu : « Beaucoup de jeunes ont avoué avoir pris conscience quils devaient lire davantage et passer moins de temps avec leur téléphone et leur tablette. Jai aussi discuté avec des personnes âgées qui ont cru sêtre trompées de tramway. Pour elles, il était impossible quun tel évènement ait lieu à Bucarest. Jai aussi rencontré des gens seulement de passage en Roumanie, venus rendre visite à leurs parents ou à des proches, et à qui le projet a beaucoup plu, surtout parce quils navaient jamais vu ça ailleurs. Jétais ravie de voir leur réaction, et en me renseignant, je me suis rendu compte que cétait vrai, le concept de tramway de la poésie est inédit ou du moins, le seul projet similaire organisé à Hong Kong en 2013 a été dune durée beaucoup plus courte. En tout cas, un évènement comme le nôtre, exclusivement consacré à la poésie et dune durée aussi longue, nexiste nulle part ailleurs. D’un autre côté, suite à un événement similaire, intitulé La Poésie ne mord pas, qui s’est tenu en juin dernier, nous avons constaté que les poètes aiment rencontrer le public et lire leurs créations, biens qu’ils n’aient pas la chance de le faire trop souvent. Alors, le Tramway de la poésie est né de ces deux constats : les retours du public et ceux des poètes. Nous avons voulu répondre à leurs attentes et les réunir en un seul endroit, qui est devenu le Tramway de la poésie ».
Voici donc deux projets qui se sont donné pour mission de rapprocher public, ouvrages et auteurs. Mais l’ONG « L’Art ne mord pas » ne s’est pas limitée à la lecture. La musique figure aussi parmi ses préoccupations. Ainsi a vu le jour le Festival de Musique classique au métro, qui s’est déroulé entre 2012 et 2016. « Nous avons transformé les quais des stations de métro les plus transitées en salles de spectacles ad hoc pour des dizaines de concerts, récitals et moments artistiques inédits, proposés par de jeunes artistes », s’enorgueillit notre invitée, Loredana Munteanu. Elle nous en dit davantage : « C’est le premier projet que nous avons mis sur pied. Au moment de la naissance de l’ONG « L’Art ne mord pas », notre première idée a été de créer ce festival de musique classique au métro. Après sa première édition, je me suis rendu compte que c’était ça, mon rêve : organiser des projets culturels dans des espaces publics. Le festival a été très apprécié des Bucarestois, si bien qu’il a fini par être un des festivals les plus aimés de la ville. C’est ainsi que nous avons réalisé qu’il fallait renoncer à l’idée que l’art doit rester sur un piédestal et qu’il fallait le ramener parmi les gens. « La musique classique ne peut être écoutée qu’à l’Athénée », c’est une idée reçue. La musique classique est pour tous, tout comme la poésie est pour tous. Mais la manière dont l’art est présenté aux gens compte. Ce fut une expérience impressionnante pour nous aussi, ce festival. Il a offert la chance aux Bucarestois de voir des artistes, des ténors, des ballerines, ce fut quelque chose d’incroyable ».
L’art n’est pas uniquement pour les élites. Tout le monde y a droit. Bref : « L’art ne mord pas ». C’est le message que Loredana Munteanu tente de transmettre aux Bucarestois. (Trad. Valentina Beleavski, Charlotte Fromenteaud)