La troisième édition du Gala des Prix „Sofia Nădejde” pour la littérature écrite par des femmes
Fin septembre, l’Association indépendante ART NO MORE avec le concours de l’Administration du Fond culturel national, a organisé la troisième édition du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes. Plusieurs romancières et poétesses se sont vu récompenser lors d’un événement accueilli par le Théâtre Apollo 111 de Bucarest – Gabriella Eftimie pour son recueil de poèmes « Sputnik dans le jardin », Lavinia Branişte pour son roman « Sonia lève la main » ou encore la journaliste radio Ema Stere pour son roman de début « Les enfants de Marcel ». Portant le nom de la première femme de Roumanie autorisée à passer le baccalauréat dans un lycée réservé aux garçons, les prix pour la littérature féminine Sofia Nădejde ont été précédés d’une soirée de courts-métrages signés par des réalisatrices de Roumanie.
Corina Sabău, 17.10.2020, 12:53
Fin septembre, l’Association indépendante ART NO MORE avec le concours de l’Administration du Fond culturel national, a organisé la troisième édition du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes. Plusieurs romancières et poétesses se sont vu récompenser lors d’un événement accueilli par le Théâtre Apollo 111 de Bucarest – Gabriella Eftimie pour son recueil de poèmes « Sputnik dans le jardin », Lavinia Branişte pour son roman « Sonia lève la main » ou encore la journaliste radio Ema Stere pour son roman de début « Les enfants de Marcel ». Portant le nom de la première femme de Roumanie autorisée à passer le baccalauréat dans un lycée réservé aux garçons, les prix pour la littérature féminine Sofia Nădejde ont été précédés d’une soirée de courts-métrages signés par des réalisatrices de Roumanie.
La poétesse et journaliste, Elena Vlădăreanu, initiatrice du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes raconte :« Dès le début, on a été attiré par cette idée de rencontre entre les différents arts. Or, cette année, suite à un partenariat avec l’Association roumaine des femmes au cinéma, on est arrivé à mettre en place une série de rencontres des romancières nommées dans les sections Prose et Début en prose avec les réalisatrices de film choisies par l’association. Ensuite, depuis une année déjà, on a mis en place un partenariat avec Scena.ro, la plus importante plate-forme de théâtre de Roumanie, ce qui fait qu’à partir de 2019, on décerne un prix spécial pour la Dramaturgie. Cette année, ce fut le tour d’Alexandra Pâzgu de se voir remettre ce prix. Il s’agit d’une dramaturge extrêmement intéressante qui vit à Vienne et qui, dernièrement, s’est mis à écrire en allemand. Et puisque j’ai invoqué cette rencontre entre différents arts, je voudrais mentionner aussi le partenariat avec transit.ro, une collaboration de longue durée qui nous a permis de mettre en place une série de débats. Transit.ro a d’ailleurs figuré parmi les partenaires de l’édition 2020 et il nous a aidés à financer un de nos prix. Personnellement, je trouve toutes ces rencontres extrêmement importantes. J’espère pouvoir organiser aussi l’atelier proposé par l’artiste Liliana Basarab, un atelier qui tourne autour du livre en tant qu’objet et qui part des œuvres littéraires sélectionnées. »
Lors du Gala de cette année, l’écrivaine Sanda Cordoș a reçu le prix spécial « Une chambre à soi», qui récompense l’effervescence avec laquelle elle soutient depuis des décennies la littérature roumaine contemporaine. Grațiela Benga-Țuțuianu, critique et historienne littéraire, membre du jury des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes :« Personnellement, je considère le choix de Sanda Cordoş comme étant très juste, puisque personne ne pourrait reprocher quoi que ce soit aux ouvrages critiques qu’elle laisse derrière. En plus, par le fait d’avoir choisi Sanda Cordos, on donne aussi une réplique à une réalité souvent bien triste. Parce qu’on continue de voir différents critiques et historiens littéraires s’embrouiller en toute sorte de stéréotypes thématiques ou de style et employer des termes inappropriés à chaque fois qu’ils parlent de la littérature ou de la critique faites par les femmes. Or, par tout ce que Sanda Cordoş a écrit, en admettant qu’on fait une lecture honnête de ses œuvres, on arrive à donner la réplique à tous ces préjugés. Malheureusement, on a à faire à une littérature partagée en deux catégories – masculine et féminine- et je trouve complètement inadéquate cette délimitation, puisque la littérature devrait refléter le monde entier, l’humanité dans son ensemble, ce qui est beaucoup plus qu’une limitation en fonction d’un schéma fixé d’avance. »
La poétesse et traductrice littéraire Alexandra Turcu et l’artiste visuelle Liliana Basarab font partie, toutes les deux, de l’équipe à laquelle nous devons l’initiative des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par les femmes. Nous avons voulu apprendre pourquoi une telle idée était si importante et quelles ont été les réactions que cette démarche a provoquées. Alexandra Turcu. « Je me suis rendue compte que, pour ma part, encore plus fort que le désir d’écrire était celui de donner un coup de main à la littérature, notamment à celle écrite par les femmes. Ce fut la raison qui m’a poussée à rejoindre Elena Vlădăreanu dans cette initiative. Les réactions lors de la première édition ont été de très diverses, parfois négatives et, sur le coup, je me suis sentie découragée. Mais, petit à petit, j’ai remarqué que ces prix ont leur place et qu’ils gagnent de l’importance d’une édition à l’autre. Malgré les réactions négatives qui persistent, je pense que ce projet vaut vraiment le coup d’être continué. D’ailleurs, c’est ça le principal enjeu de tous ces Prix. Pas forcément d’accorder des distinctions, mais de lutter contre les préjugés envers la littérature écrite par des femmes et envers la place des femmes dans le monde. »
A la fin, l’artiste visuelle Liliana Basarab ajoute :« J’ai l’impression d’apprendre énormément de choses à force de travailler dans l’équipe organisatrice des Prix Sofia Nadejde. Comme on l’a déjà dit, cette initiative ne se résume pas à accorder quelques distinctions. Les Journées Sofia Nădejde comportent plusieurs activités dont le but est de reconnaître la valeur des créations des femmes et j’espère que de telles démarches se poursuivent. Je pense que ce gala est arrivé à produire des changements de mentalité. Voilà pourquoi il est impératif de le continuer et de chercher d’autres moyens censés mettre en valeur l’art fait par les femmes, trop souvent méconnu ou considéré comme un art mineur. »