La Roumanie à la Biennale d’art de Venise
La Roumanie
sera présente à la 59e édition de la Biennale d’art de Venise avec
un projet créé par la réalisatrice et scénariste Adina Pintilie, dont le film « Touch
Me Not » a été récompensé de l’Ours d’or au Festival du film de Berlin en
2018. Intitulé « Tu ești un alt eu – O catedrală a corpului/Tu es un autre
moi – Une cathédrale du corps », ce projet est sorti vainqueur d’un cours
national organisé par les ministères de la culture et des affaires étrangères
et l’Institut culturel roumain.
Ion Puican, 26.02.2022, 01:55
La Roumanie
sera présente à la 59e édition de la Biennale d’art de Venise avec
un projet créé par la réalisatrice et scénariste Adina Pintilie, dont le film « Touch
Me Not » a été récompensé de l’Ours d’or au Festival du film de Berlin en
2018. Intitulé « Tu ești un alt eu – O catedrală a corpului/Tu es un autre
moi – Une cathédrale du corps », ce projet est sorti vainqueur d’un cours
national organisé par les ministères de la culture et des affaires étrangères
et l’Institut culturel roumain.
Attila Kim,
le commissaire de la Roumanie pour la Biennale de Venise, nous a parlé du
projet : « Le gagnant a été décidé par
un concours déroulé l’année passée et finalisée cette année. Le
projet d’Adina Pintilie a été choisi justement parce qu’il s’approche des
spectateurs, des gens qui regardent, parce qu’il déstructure le film, le ddécoupe
en morceaux et invite les spectateurs à un dialogue sur l’intimité et la
relation avec le corps. Cette expérience est complétée par une installation de
réalité virtuelle, à travers laquelle les visiteurs sont invités à se glisser
dans la peau des personnages du documentaire, soit dans la nouvelle Galerie de
l’Institut culturel roumain à Venise soit enligne. »
Les événements artistiques de la Roumanie à la Biennale de Venise où se
déroulent-ils ? Attila Kim : « La Roumanie a son propre pavillon à la
Biennale de Venise depuis 1938 ; il est situé dans l’épicentre qu’est les Giardini
della Biennale. Certes, d’autres pays aussi ont des pavillons nationaux à
Venise, mais la Roumanie est l’unique à exposer dans deux espaces différents,
le pavillon national des Giardini et la nouvelle galerie de l’Institut culturel
roumain. Comme à chaque édition de la Biennale, l’exposition principale est
consacrée à l’art international, qui réunit les créations de 213 artistes, dont
les Roumaines Alexandra Pirici et Andra Ursuță et dont la commissaire est Cecilia
Alemani. Alexandra Pirici a imaginé le projet ayant représenté la Roumanie à la
55e édition de la Biennale de Venise, en 2013, tandis qu’Andra
Ursuță est une sculptrice qui réside actuellement à New York. Outre la
participation à l’exposition internationale, qui est l’élément essentiel de la
Biennale de Venise, la Roumanie propose aussi un projet très important, dans la
catégorie des projets collatéraux ; l’artiste roumain Eugen Raportoru
expose ses créations au pavillon ERIAC, dédié à la culture et à l’art rom
d’Europe. »
Nous nous sommes
entretenus avec Adina Pintilie sur le projet de son équipe, le concept et la
recherche artistique, le travail en amont et l’impact visuel et émotionnel du
projet sur les visiteurs du pavillon de la Roumanie : « Nous sommes
heureux de pouvoir réaliser le projet et la prochaine période sera difficile,
mais aussi très intéressante. En fait, la recherche artistique à la base de ce projet a
débuté il y a des années, par une sorte de curiosité et de besoin de refaire
notre éducation, pour ainsi dire, en matière d’intimité et de corporalité. Nous
savons tous qu’en famille, dans la société, nous acquérons certaines idées du
corps, de la beauté, de l’amour, des relations avec les autres, des idées qui
entrent bien des fois en conflit avec notre expérience de vie. Alors, avec un
groupe de collaborateurs, de performeurs et mon équipe, nous avons conçu ce
laboratoire, si j’ose dire, une sorte d’incubateur émotionnel dans lequel nous
avons essayé de tout oublier et de poser un nouveau regard, frais, sur la façon
dont les gens vivent en fait leur intimité, au-delà des idées et des mythes avec
lesquels nous grandissons. C’est donc ce projet d’introspection et d’expérimentation
de la relation avec l’autre que nous voulons proposer au public. Le langage
audiovisuel en est un aspect très important, il s’agit de la manière de
transmettre ce type de recherche artistique à un public et des modalités qui
permettent à ce même public d’intégrer le processus de recherche. Le cinéma a
été la première formule que j’ai utilisée, dans le film « Touch Me Not »,
sorti en 2018. Cette fois-ci, nous employons le format d’une installation
vidéo, mais nous travaillons en parallèle sur d’autres formats : film,
performance interactive, livre, expérience enligne. L’installation
audiovisuelle multimédia est complétée par une extension VR (de réalité virtuelle)
depuis l’espace de l’ICR, car c’est un langage entièrement différent du cinéma,
avec un autre type de relation entre le corps du visiteur et celui de l’artiste
performeur. Donc, à la différence du cinéma, où le spectateur est loin de
l’expérience présentée à l’écran, le visiteur entre dans l’exposition, qui est
notre espace de recherche artistique. Du point de vue physique, émotionnel et
de l’autoréflexion, il intègre l’expérience que nous lui proposons. Moi, je
trouve que c’est un type de langage artistique très, très intéressant. »
Quel en est le point de départ? Quel est le mécanisme de
production intellectuel et créatif générateur d’un tel projet? Adina Pintilie :
« Honnêtement, je n’y ai pas pensé en termes extérieurs, de société.
L’intérêt pour cette forme de corporalité et d’intimité est né à l’intérieur de
chacun de nous, participants à ce projet. Nous avons chacun notre propre façon
de nous rapporter à notre corps, à l’expérience de l’identité, et nous
explorons pratiquement ensemble une zone qui déclenchera le même type de
réflexion chez le spectateur. Je suis sûre que cela finira par amorcer un
dialogue sur certains thèmes ; le corps, l’intimité, l’identité, autant de
choses très importantes pour chacun de nous. Ce sont aussi des zones sensibles,
sur lesquelles il nous très difficile de communiquer. », a conclu la réalisatrice roumaine Adina
Pintilie. (Trad. Ileana Ţăroi)