La presse italienne se penche sur l’actualité du théâtre roumain
Dans son dernier numéro, le trimestriel théâtral italien « Hystrio » consacre un dossier à l’actualité scénique de Roumanie et de la République de Moldova. L’auteure en est la journaliste indépendante Irina Wolf, qui vit à Vienne, en Autriche, depuis 1988, et qui fait la promotion du théâtre roumain à l’étranger.
Luana Pleşea, 22.07.2017, 13:10
Dans son dernier numéro, le trimestriel théâtral italien « Hystrio » consacre un dossier à l’actualité scénique de Roumanie et de la République de Moldova. L’auteure en est la journaliste indépendante Irina Wolf, qui vit à Vienne, en Autriche, depuis 1988, et qui fait la promotion du théâtre roumain à l’étranger.
Le dossier d’une trentaine de pages publié dans la revue italienne traite plusieurs thèmes. Irina Wolf: «On y trouve, bien sûr, un article général sur le domaine théâtral, quelle est sa structure, comment il fonctionne, le nombre de théâtres, l’évolution à travers les années. Il y a ensuite un article consacré aux metteurs en scène, aux créateurs de décors, d’autres à la dramaturgie contemporaine, au théâtre indépendant ou de langue hongroise. S’y ajoutent des présentations des festivals, des écoles de théâtre, des articles sur la danse contemporaine et sur la coopération entre la Roumanie et la France dans le domaine. Nous proposons aussi un entretien avec Ion Caramitru (président de l’Union théâtrale de Roumanie) et avec Constantin Chiriac (président du Festival international de théâtre de Sibiu), deux personnalités remarquables de la scène de Roumanie ».
« Cela fait très longtemps que la presse internationale ne s’est plus intéressée au phénomène théâtral de Roumanie », remarque Oltiţa Cântec, présidente de la section roumaine de l’Association internationale des critiques de théâtre (AICT.ro), qui a contribué à la mise en page du dossier.
Oltiţa Cântec: « Ce que nous avons réalisé, moi et mes collègues d’AICT.Ro et de la rédaction Hystrio, c’est très important pour la visibilité de l’art théâtral roumain au-delà des frontières nationales. Nous avons fait de notre mieux pour mettre en page le portrait le plus complet et le plus proche de la réalité, au profit de ceux qui l’ignorent ; à part ça, nous avons voulu montrer qu’il se passe des choses intéressantes sur les scènes de Roumanie, qu’il y existe des artistes incroyables, que le théâtre roumain a des spécificités issues de son effort de s’adapter à l’après-communisme. Il a encore de nombreux problèmes à gérer. Le dossier est richement illustré, car on peut parler longuement de théâtre, de spectacles ou de comédiens, on peut leur consacrer d’innombrables pages, mais ce sont les images qui comptent le plus. Nous y avons ajouté une liste d’ouvrages disponibles aussi dans une langue de circulation internationale. »
Le dossier « La nouvelle scène roumaine » s’ouvre sur une interview du dramaturge Matei Vişniec, réalisée par le critique Daniela Şilindean ; mais cette fois-ci c’est Matei Vişniec le spectateur averti, très bon connaisseur du théâtre roumain d’avant et d’après 1989, qui répond aux questions de Daniela Şilindean : « J’ai découvert avec joie dans ses réponses le fait que, pour Matei Vişniec, la Roumanie s’était transformée elle-même en théâtre en décembre 1989, pour passer ensuite à ce qu’il appelle « une forme de normalité », à ce que l’on espérait être un début de démocratie. J’ai découvert, avec la même joie, plusieurs atouts du théâtre roumain, tels qu’ils sont perçus par le dramaturge Matei Vişniec. Il affirme, par exemple, qu’une liste des metteurs en scène roumains bons et très bons est impossible à dresser, car la Roumanie pourrait exporter des metteurs en scène de génie. Il dit aussi que si on lui demandait de choisir un terme pour définir le théâtre roumain d’après 1989, il choisirait le mot « viscéral », sans aucune connotation positive ou négative. C’est un type d’expression théâtrale qui n’est pas liée au cerveau, mais à l’estomac, au cœur, aux entrailles et même à la bile, une expression qui émeut sans aucun doute le spectateur. »
Revue de théâtre et des arts du spectacle fondée en 1988 par le réputé critique de théâtre italien Ugo Ronfani, Hystrio est notamment publiée à l’intention des artistes, des gens de théâtre en général, mais aussi du public.
Oltiţa Cântec, présidente de la section roumaine de l’Association internationale des critiques de théâtre : « Le lecteur habituel peut apprendre un tas de détails sur un théâtre toujours en quête de soi, où le metteur en scène continue d’occuper une position centrale, où les institutions théâtrales d’Etat, réunies dans une structure très puissante, ont une relation spéciale avec les artistes de la zone indépendante ; un théâtre qui doit encore résoudre beaucoup de questions législatives, tels le statut de l’artiste indépendant, la loi du management, le fonctionnement financier, ou encore l’évaluation d’une institution théâtrale ». (Trad. : Ileana Taroi)