La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești
Nous sommes à
Ploieşti, importante ville du sud de la Roumanie, à une soixantaine de km de la
capitale. Près du centre-ville, cachée derrière des immeubles à l’architecture spécifique
de l’époque communiste, il y a une maison historique, toute blanche, bâtie au
début des années 1900, qui abrite un petit musée. C’est la maison-musée d’Ion
Luca Caragiale, le plus grand dramaturge roumain. Il est célèbre pour pièces de
théâtre satyriques, qui critiquaient durement les mœurs et les pratiques
politiques de leur époque. Ses textes décrivent la société roumaine du début du
20e siècle, mais ils ont dépassé leur temps, s’avérant très actuels
de nos jours encore. Pour son humour, son ironie fine et ses personnages hors
du temps, Ion Luca Caragiale est considéré comme un des 4 grands classiques
roumains, aux côtés du poète Mihai Eminescu et des prosateurs Ion Creangă et
Ioan Slavici.
Ion Puican, 04.09.2021, 10:06
Nous sommes à
Ploieşti, importante ville du sud de la Roumanie, à une soixantaine de km de la
capitale. Près du centre-ville, cachée derrière des immeubles à l’architecture spécifique
de l’époque communiste, il y a une maison historique, toute blanche, bâtie au
début des années 1900, qui abrite un petit musée. C’est la maison-musée d’Ion
Luca Caragiale, le plus grand dramaturge roumain. Il est célèbre pour pièces de
théâtre satyriques, qui critiquaient durement les mœurs et les pratiques
politiques de leur époque. Ses textes décrivent la société roumaine du début du
20e siècle, mais ils ont dépassé leur temps, s’avérant très actuels
de nos jours encore. Pour son humour, son ironie fine et ses personnages hors
du temps, Ion Luca Caragiale est considéré comme un des 4 grands classiques
roumains, aux côtés du poète Mihai Eminescu et des prosateurs Ion Creangă et
Ioan Slavici.
Nous franchissons
le seuil de la maison-musée de ce grand dramaturge roumain aux côtés de la
muséographe Monica Bostan. Pour commencer, elle nous parle de l’histoire de cet
endroit : « Il a ouvert ses portes le 30 janvier 1962, grâce aux
efforts du professeur Nicolae Simache, qui a ouvert la plupart des musées du département
de Prahova. Ce musée est un hommage rendu par les habitants de Ploieşti à notre
grand dramaturge, 110 ans après sa naissance. Caragiale est né le 30 janvier
1852, dans la localité de Haimanale, au département de Dâmboviţa, une localité
qui aujourd’hui porte son nom. A l’âge de 6 ans sa famille déménage à Ploieşti.
Il passe donc toutes ses années d’école, pratiquement les plus belles années de
sa vie, ici, à Ploieşti. »
Avant de visiter
la maison-musée de Caragiale, Monica Bostan nous fournit plus d’explications
sur la jeunesse de ce grand dramaturge roumain : « Lorsqu’il est en 2e
année de l’école primaire, Ploieşti accueille la visite mémorable du prince
régnant Alexandru Ioan Cuza. Celui-ci visite justement la classe de Caragiale,
dont l’instituteur était Vasil Drăgoșescu. C’est un moment que Caragiale évoque
dans son ouvrage intitulé « 50 ans plus tard » (Peste 50 de ani),
où il décrit son instituteur comme son parent spirituel, disant c’est grâce à
lui qu’il a tout appris sur la langue roumaine. Dans le même ouvrage, il parle
de Zaharia Antinestu, son professeur de français, qui va lui servir de modèle
pour le célèbre personnage Zaharia Trahanache de la pièce de théâtre « Une
lettre perdue » (O scrisoare pierdută). Puis, Caragiale suit les cours
du collège Saints Pierre et Paul, créé en 1864. Il termine le collège en 5e
position sur 8 collégiens. A regarder le catalogue de notes, qui existe
toujours, on constate que l’élève Caragiale n’était pas le meilleur de sa classe,
il n’a pas eu les meilleures notes en roumain, comme on aurait pu le croire. En
revanche, il excellait en français, en maths et en histoire. En fait, plus tard,
il enseigne le français dans un lycée privé de Bucarest. Aujourd’hui, le bâtiment
qui accueillait à l’époque le collège de Caragiale est le siège du Musée
départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Une plaque commémorative fait
état de la période où le dramaturge a fréquenté cette l’école. Caragiale fait
aussi une année de collège à Bucarest, puis il étudie la mimique et l’art de la
déclamation au Conservatoire d’art dramatique de Bucarest, avec un de ses oncles,
Costache Caragiali. Ses oncles avaient organisé les premières troupes de
théâtre de la Roumanie de l’époque, pouvant être considérés comme les
fondateurs du théâtre roumain moderne. Le poète national des Roumains, Mihai
Eminescu lui-même, a été souffleur pour les troupes de théâtre des oncles de
Caragiale. C’est à ce moment-là qu’Eminescu et Caragiale deviennent amis. »
Ce n’est donc pas
un hasard que Caragiale soit devenu un grand dramaturge : le théâtre a
fait partie de sa vie dès sa jeunesse. Entrons maintenant dans sa maison de
Ploieşti, aujourd’hui un très beau musée.
Notre invitée,
Monica Bostan, nous y guide : « Dans la 2e salle on a
reconstitué l’univers des maisons où Caragiale a vécu. Il n’a jamais eu une
maison à lui. Toute sa vie, il a loué des habitations. En témoigne la nouvelle « Je
cherche une maison » (Caut casa). Il semble qu’il était en permanence à la
recherche de la maison idéale. Sur le mur de cette salle, il y a un miroir en cristal
avec un cadre en bois de rosier qui avait appartenu à l’écrivain ainsi qu’une
petite table ronde à un seul pied. Les meubles, la table, les chaises, le canapé,
le tapis attaché au mur – tout cela a appartenu à Caragiale. S’y ajoutent les
deux tableaux originaux, le bol en faïence ou encore le boc de bière à couvercle.
Il y a aussi un portrait orignal d’Eminescu, qui est très intéressant, puisqu’il
est réalisé sur verre, une technique spéciale pour cette époque-là. Bien que
les divergences qui ont existé à un moment donné entre les deux soient connues
de tous, les deux grands écrivains ont été amis dès leur adolescence. Lorsqu’Eminescu
est mort, le 15 juin 1889, Caragiale lui a dédié l’article « Nirvana », où
il a décrit le poète comme un bel ange descendu d’une icône ancienne. Les
photos d’Eminescu et Caragiale lorsqu’ils étaient adolescents nous accueillent
dans le hall du musée. S’y ajoute une photo moins connue de Caragiale, lorsqu’il
avait 20 ans et fréquentait les cours de ses oncles au Conservatoire d’art
dramatique. Il y a aussi un buste du dramaturge réalisé par le célèbre sculpteur
roumain Ion Jalea, des caricatures, des esquisses de costumes, une galerie de
portraits de différents acteurs qui ont interprété au fil du temps les
personnages de Caragiale, ainsi que le portrait de sa fille, Ecaterina Caragiale,
à l’âge de la maturité, peint par Rodica Maniu. Au-dessus du portrait, il y a un
autre tableau, de la maison de Bucarest du dramaturge, qui existe de nos jours
encore, rue Maria Rosetti, et vis-à-vis de laquelle il y a la statue de
Caragiale et une plaque commémorative rappelant aux passants que c’est là que
Caragiale et sa famille ont vécu en l’an 1900. »
Avant de
terminer notre visite à Ploieşti, Monica Bostan nous dit où l’on peut se renseigner
davantage sur la maison-musée de Caragiale : « Toutes
les informations sur les activités du musée ou sur les objets qui y sont
exposés sont à retrouver sur notre page Facebook et sur le site du Musée
départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Et nous vous
attendons nombreux à franchir notre seuil pour entrer dans le monde fascinant de
Caragiale et de ses personnages mémorables ».
Sur ce prend fin
notre visite virtuelle de la maison de Ploieşti où a vécu le plus grand dramaturge
roumain de tous les temps, Ion Luca Caragiale. Recherchez-la sur Internet pour
mettre de images sur les mots que vous venez d’écouter et si jamais vous
arrivez à Ploieşti, n’hésitez pas à la visiter. (Trad. Valentina Beleavski)