La Journée de la culture roumaine 2019
La Journée de la culture roumaine a été célébrée sur plusieurs scènes de Roumanie. La manifestation organisée à cette occasion à l’Athénée Roumain de Bucarest a réuni des personnalités du monde de la culture et des hommes politiques, qui ont évoqué le rôle de la culture au-delà de sa dimension nationale. Le président de l’Académie roumaine, Ioan-Aurel Pop, soulignait, dans son allocution d’ouverture, que la culture roumaine fait partie de la grande culture européenne.
Monica Chiorpec, 26.01.2019, 13:39
La Journée de la culture roumaine a été célébrée sur plusieurs scènes de Roumanie. La manifestation organisée à cette occasion à l’Athénée Roumain de Bucarest a réuni des personnalités du monde de la culture et des hommes politiques, qui ont évoqué le rôle de la culture au-delà de sa dimension nationale. Le président de l’Académie roumaine, Ioan-Aurel Pop, soulignait, dans son allocution d’ouverture, que la culture roumaine fait partie de la grande culture européenne.
« On ne peut pas imaginer la culture nationale que dans son cadre universel — en l’occurrence, dans un cadre européen. La culture roumaine a toujours suivi la pulsation vitale de la culture européenne, elle s’y est rapportée et ses courants ont toujours intégré — du moins depuis la Renaissance — les courants nés dans la culture et la littérature européenne. La culture nationale a également une dimension historique essentielle, en dehors de laquelle elle ne peut pas fonctionner, elle perdrait son statut et se dissoudrait dans d’autres cultures ou bien elle s’éteindrait en même temps que le peuple qui l’a créée. »
Ioan-Aurel Pop s’est également rapporté aux grandes institutions culturelles de Roumanie, grâce auxquelles le public a pu avoir accès aux œuvres culturelles: « A commencer par le romantisme, les courants européens se sont multipliés, devenant de plus en plus intenses et, certains, de plus en plus excentriques, mais ils ont tous trouvé, l’un après l’autres — et parfois sans décalages chronologique — leurs correspondants dans la culture roumaine. La synchronisation de la civilisation roumaine avec la civilisation occidentale s’est réalisée avant tout par la culture. A mesure que la culture européenne a évolué, des institutions culturelles ont été créées en Roumanie, répondant à la modernisation — depuis les bibliothèques et les musées jusqu’aux lycées et aux universités, depuis l’Association transylvaine pour la littérature et la culture du peuple roumain jusqu’à l’Académie Roumaine. Et le bon fonctionnement de ces institutions a été assuré par le biais de la langue roumaine, qui a joué et continue de jouer un rôle de catalyseur et de facteur de cohésion. »
Le président roumain, Klaus Iohannis, est monté, lui aussi, sur la scène de l’Athénée Roumain pour parler des valeurs culturelles. Il a évoqué de grands noms de la culture roumaine qui ont acquis une renommée européenne:
« En parlant de la culture roumaine, on doit nécessairement mettre en évidence le rôle essentiel qu’elle a joué dans l’évolution de notre pays vers la modernité. Ce processus a mené à l’affirmation des grandes valeurs de la littérature, de la musique et des arts plastiques roumains au firmament de la culture universelle. Les œuvres de George Enescu, Constantin Brâncuşi, Eugen Ionescu, Emil Cioran ou Tristan Tzara ont prouvé que la tradition et la modernité sont compatibles et elles prouvent que notre culture est étroitement apparentée à l’esprit européen et aux valeurs artistiques internationales. Les nouvelles générations de créateurs dans les domaines de la littérature, du cinéma, des arts plastiques ou des arts du spectacle ont toujours la capacité de mettre à profit ce dialogue entre le national et l’universel, avec des résultats exceptionnels. Ce qui est méritoire. »
Certes, la dimension nationale de notre culture se manifeste surtout par la langue roumaine, qui a représenté, combien de fois, l’instrument le plus puissant pour la réalisation des aspirations nationales. Klaus Iohannis : « 2019, année de la Saison culturelle Roumanie — France, du Festival international de musique George Enescu et du Festival Europalia, grands projets culturels auxquels j’ai accordé mon Haut Patronage, constitue une opportunité exceptionnelle pour la Roumanie, lui permettant de confirmer son statut d’espace de la consécration artistique. Si nous célébrons la culture le jour de la naissance de Mihai Eminescu, c’est aussi parce que, depuis le Siècle des Lumières, la langue roumaine a constitué l’argument et le fondement de nos aspirations à l’unité nationale et au progrès social. Avant de se concrétiser comme vision politique et de se matérialiser comme résultat de l’engagement populaire, l’unité nationale s’est réalisée par le biais de la langue roumaine. »
«Quelle est la place que la culture occupe parmi les puissances de l’Etat ? » se demandait dans son allocution le critique littéraire Eugen Simion, président du département de philologie et de littérature de l’Académie roumaine :« C’est là, le vrai pouvoir de la culture : elle est une arme qui donne à un peuple la force de survivre le long de l’histoire. Une arme silencieuse, qui se manifeste par d’amples séries historiques, pour assurer l’avenir de l’identité d’une nation, tout au long d’une histoire pleine d’inconnues. La culture est pourtant une puissance marginalisée, sans cesse mise à l’épreuve et dont l’identité et les symboles sont parfois contestés. La culture est perpétuellement confrontée aux lois de l’économie de marché. La culture roumaine a affronté tant de difficultés au fil du temps. Résistera-t-elle, survivra-t-elle, triomphera-t-elle, une fois de plus ? Aussi longtemps que la langue roumaine existera et des poètes comme Mihai Eminescu, Tudor Arghezi, Lucian Blaga, Nichita Stănescu, des historiens comme Nicolae Iorga, des critiques et des historiens littéraires comme Eugen Lovinescu et George Călinescu, verront le jour et seront lus, la culture roumaine restera une grande puissance silencieuse et secrète. Elle sera notre diplomatie la plus fine et la plus pénétrante, je le dis avec toute ma conviction. Elle restera notre meilleure force de défense dans l’histoire. »
Le foyer de l’Athénée roumain a accueilli une exposition de photographie documentaire réalisée par la Bibliothèque de l’Académie roumaine, avec le concours du Musée national de la littérature roumaine. Le public a pu voir dans cet espace inédit l’un des manuscrits les plus précieux de Mihai Eminescu, gardé dans les collections de la Bibliothèque de l’Académie, il s’agit du manuscrit 2261, contenant la « Légende de l’Astre du jour », ainsi que l’édition en fac-similé des « Manuscrits de Mihai Eminescu » en 38 volumes. Le projet a été coordonné par l’académicien Eugen Simion.
(Trad. : Dominique)