La Foire du livre de Londres
Trente-cinq ans après la Révolution roumaine, l’Institut culturel roumain a célébré la liberté sous toutes ses formes à la plus récente édition du à la Foire du livre de Londres, la London Book Fair.
Corina Sabău, 15.04.2024, 13:29
Exprimée de manière synthétique par le générique/motto « Vocile libertății / Voices of Freedom » (Les Voix de la liberté), la participation de la Roumanie à l’édition 2024 de la Foire du livre de Londres – un des plus grands événements ouverts aux professionnels du domaine littéraire –a mis en exergue toutes les générations d’écrivains autochtones qui ont créé en parfaite liberté de la parole. L’ICR a préparé un paquet qui a inclus lancements de livre, conférences et spectacles de spokenword, qui ont eu lieu sur le stand de l’Institut aménagé dans l’enceinte de la Foire du livre, au siège de l’ICR de la capitale britannique, à la bibliothèque Barbican et à Conway Hall.
Eli Bădică, initiatrice et coordinatrice de la collection de littérature roumaine contemporaine « n’autor » du Groupe éditorial Nemira, a donné des détails sur la présence roumaine à la foire de Londres. « Il est certain qu’une telle foire est aussi ouverte au grand public, mais il n’y a pas de vente de livres. Elle ne ressemble pas à celles de Roumanie et leur programmation d’événements et de lancements de livres ; la foire de Londres est surtout dédiée aux agents littéraires, aux éditeurs, manageurs culturels, traducteurs, aux réseaux littéraires et commerciaux. C’est une foire importante pour moi et pour mes collègues de cette industrie, c’est la deuxième foire dans le monde, derrière celle de Frankfort, et c’est la raison de leur positionnement stratégique au printemps et en automne, puisque d’habitude on y achète les droits de traduction. Pour revenir à la participation de la Roumanie à Londres cette année, je dois dire qu’une partie des événements ont eu lieu au siège de l’ICR de la capitale britannique et deux autres ont été accueillis par des bibliothèques absolument splendides. Nous y avons assisté à des échanges très intéressants entre écrivains roumains, critiques littéraires et manageurs culturel, il y a également eu la présentation des quelques traductions en anglais de la littérature roumaine. Et là, l’on a encore une fois rappelé le fait que les traductions ne représentent que 3% du marché du livre anglo-saxon. C’est vous dire combien difficile est la mission de ces éditeurs de trouver des maisons d’éditions qui acceptent de publier des écrivains roumains sur ce marché du livre dominé par l’anglais. Moi-mêmej’ai rencontré à Londres des traducteurs, des éditeurs et des agents littéraires vraiment intéressés par les œuvres des écrivains roumains. Peu de gens savent qu’en règle générale, dans cet espace linguistique, les plans éditoriaux misent sur très peu d’écrivains de l’Est, parfois ce n’est qu’un seul par année éditoriale. Vous comprenez donc qu’il faut essayer de convaincre l’éditeur, le traducteur ou l’agent littéraire que l’écrivain est-européen à publier mérite d’êtreun auteur roumain. »
La participation de la Roumanie
La participation de la Roumanie à l’édition 2024 de la Foire londonienne du livre a débuté par un événement consacré aux autrices roumaines et britanniques. Elena Vlădăreanu, initiatrice et coordinatrice du Prix « Sofia Nădejde » de littérature féminine contemporaine, a été présente à ce débat. Ecoutons ses impressions:
« Une des écrivaines participantes à cet échange a été Alina Purcaru. Elle et Paula Erizanu coordonnent l’anthologie en trois volumes « Un Siècle de poésie roumaine écrite par des femmes », publiée par la maison d’édition Cartier. L’anthologie est très importante car Alina et Paula ont réussi à ramener dans l’actualité des autrices inconnues d’un très grand nombre de gens. Ce même débat a aussi bénéficié de la présence de deux écrivaines et philosophes britanniques particulièrement intéressantes, SuzannahLipscombet Hannah Dawson. Suzannah Lipscomb, spécialiste en histoire, a récemment créé un prix de littérature non-fiction, qui vient s’ajouter au prix de littérature de fiction qui existe au Royaume Uni. Le prix dont elle est l’initiatrice s’appelle Women’s Prize for Non-Fiction. Au débat organisé par l’ICR de Londres, Suzannah Lipscomb a raconté que l’idée du prix lui était venue en voyant que le milieu académique se rapportait surtout aux textes et aux études écrits par des hommes. Elle a ainsi voulu mettre en valeur les textes de non-fiction produits par des femmes, d’où le prix qui sera accordé pour la première fois cette année. A son tour, Hannah Dawson, spécialiste de l’histoire du langage, vient de publier aux Editions Penguin l’anthologie« The Penguin Book of Feminist Writing », fruit de ses recherches consacrées à plus de cent ans de littérature écrite par des femmes. Son intérêt principal a porté sur des thématiques féministes abordées par des textes jusqu’alors inconnus. Et elle a été surprise de trouver des textes très anciens, vieux même de plus d’un siècle, qui traitaient d’une manière parfaitement contemporaine des thématiques féministes, telles que l’égalité, le droit à l’éducation, le statut social des femmes, les relations familiales et sociales. »
Mădălina Căuneac, Liliana Corobca, Cosmin Perța, Florentin Popa, Maria Stadnicka, Matei Vișniec, Marius Chivu, Bogdan Crețu, Alex Ciorogarși Susan Curtis, Iulian Morar, Gabi Reigh et Milena Deleva complètent la liste des participants aux événements organisés parl’ICR de Londres à la Foire du livre de la capitale britannique. (Trad. Ileana Ţăroi)