« La famille Moromete 2 », le film le plus primé aux Prix Gopo 2019
« La famille Moromete 2 », réalisé par Stere Gulea, le film avec le plus grand nombre de nominations aux Prix Gopo, les Césars de l’industrie cinématographique roumaine, a été le grand gagnant de la 13ème édition de l’événement.
Corina Sabău, 30.03.2019, 13:06
« La famille Moromete 2 », réalisé par Stere Gulea, le film avec le plus grand nombre de nominations aux Prix Gopo, les Césars de l’industrie cinématographique roumaine, a été le grand gagnant de la 13ème édition de l’événement.
La production a reçu en tout huit prix : Meilleur film, Meilleure photographie (Vivi Drăgan Vasile), Meilleur montage (Dana Bunescu et Alexandra Gulea), Meilleur son (Dana Bunescu, Cristinel Șirli, Constantin Fleancu), Meilleurs décors (Cristian Niculescu), Meilleurs costumes (Dana Păpăruz), Meilleurs maquillages et coiffures (Dana Roșeanu, Iulia Roșeanu, Domnica Bodogan), ainsi que le prix du Meilleur espoir (Iosif Paștina). C’est toujours « La famille Moromete 2 » qui s’est vu attribuer aussi le Prix du public, pour avoir été le plus grand succès du box-office en 2018.
« La famille Moromete 2 » est sorti dans les salles de cinéma de Roumanie au mois de novembre. La production est la suite du célèbre film « La famille Moromete», réalisé par le même Stere Gulea en 1987, d’après le premier volume du roman homonyme de Marin Preda. La deuxième partie de la saga a réuni 52.000 spectateurs dans plus de 50 villes lors du premier week-end sur les écrans, devenant ainsi le plus grand succès roumain des 25 dernières années.
Au moment de la remise du Prix du Public, le réalisateur Stere Gulea a tenu à remercier son équipe : « Je remercie vraiment tout ceux qui m’ont aidé à faire ce film. Ça a été une production très difficile car, comme vous le savez, les attentes étaient énormes et la déception aurait pu l’être tout autant. C’est grâce à toutes ces personnes – collaborateurs, acteurs, ma famille aussi – que je suis devant vous ce soir, 32 ans après la sortie de « La famille Moromete 1 ».
« La famille Moromete 2 » est librement inspirée du deuxième tome du roman « La famille Moromete», mais aussi du roman autobiographique de Marin Preda, « La vie comme une proie », et de ses articles journalistiques. Le film reprend le fil de l’histoire de la famille Moromete après la Seconde Guerre mondiale. L’action se déroule dans les années ’45-’46, une période de transition de la démocratie vers la dictature communiste. On surprend aussi le moment de la collectivisation. La plus grande liberté de Stere Gulea, par rapport à la narration romanesque, est son refus de faire adhérer Niculae Moromete, le cadet de la famille (interprété par Iosif Paştina dans « La famille Moromete 2 »), au Parti communiste.
Vivi Drăgan Vasile, le gagnant du Gopo de la meilleure photographie pour son travail dans « La famille Moromete 2 », a mentionné l’état désastreux de la maison de l’auteur du roman qui a inspiré le film, Marin Preda, le plus important prosateur roumain d’après-guerre : « Bien évidemment que nous tous, l’équipe du film, sommes très heureux. Mais il ne faut pas oublier l’auteur de ce roman génial, Marin Preda. J’espère que le ministre de la Culture est présent dans la salle ou, du moins, un autre représentant du ministère. Je voudrais rappeler le fait qu’à Siliştea Gumeşti, la maison de Marin Preda est envahie par les mauvaises herbes. J’y étais il y a trois ans, j’y suis retourné récemment, et rien n’a changé. La maison a, en plus, un statut juridique incertain. Mon espoir – à l’occasion de la sortie de ce film qui a tant plu au public, mais pas uniquement à cette occasion – c’est qu’un jour quelqu’un puisse trouver une solution à ce problème et que les autorités prennent plus au sérieux l’état de la maison Marin Preda. »
Tudor Giurgiu, le producteur du film « La famille Moromete 2 » : « Je voudrais remercier tous ceux qui sont venus voir le film, qui ont payé leur billet d’entrée. Nous avons traversé le pays lors d’une tournée folle et je suis très reconnaissant à Stere Gulea et aux acteurs pour l’énorme effort que cela a représenté. Nous sommes allés un peu partout, dans beaucoup de villes, et je peux vous dire qu’il existe un public pour le cinéma roumain. Il faut juste réaliser les films que ce public mérite de regarder. »
Tudor Giurgiu a également parlé du manque de salles de cinéma, de moins en moins nombreuses à Bucarest et souvent inexistantes en province : « C’est une soirée extraordinaire, où nous célébrons les réussites du cinéma roumain. Mais je tiens à revenir à ce que disait la productrice Ada Solomon, il n’y a plus de cinémas en Roumanie. C’est aujourd’hui même que j’ai reçu un courriel d’une agente immobilière qui signalait que la salle de cinéma « Bucureşti » est à vendre et qu’elle sera transformée en club ou en salle de bowling. Je me suis rendu compte qu’à Bucarest, ces dernières années, on a inauguré des théâtres. Il y a une obsession, une passion même des maires à faire des théâtres. D’autre part, les cinémas ont été fermés, ils ont disparu, et c’est uniquement grâce aux multiplex que les films roumains rencontrent à leur public. Je serais heureux qu’on ait plus de salles, plus d’écrans pour montrer nos productions, mais pour ça il faut aussi qu’on fasse notre part du travail et qu’on aille voter. Dans tous les cas, nous devons faire quelque chose et sauver les salles de cinémas, nous devons lutter pour ça. »
Pour ce qui est des autres primés du gala des Prix Gopo 2019, « Pororoca », réalisé par Constantin Popescu, a gagné trois prix : celui du meilleur réalisateur, celui du meilleur acteur (Bogdan Dumitrache), et celui de la meilleure actrice dans un second rôle (Iulia Lumânare). « Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares » a remporté le Gopo du meilleur scénario (Radu Jude, également réalisateur du film) et celui du meilleur acteur dans un second rôle (Alexandru Dabija). Cosmina Stratan, de « Dragoste 1. Câine », «Amour 1. Chien », s’est vue attirbuer le Gopo de la meilleure actrice, alors que le trophée de la meilleure bande originale a été adjugé par Massimiliano Nardulli pour « Charleston ». « Soldații. Poveste din Ferentari », « Soldats. Histoire de Ferentari » réalisé par Ivana Mladenovic, a été sacré meilleur premier film. « Caisă », « Abricot », d’Alexandru Mavrodineanu, a reçu le Gopo du meilleur documentaire et « Cadoul de Crăciun », « Le cadeau de Noël », de Bogdan Mureșanu, celui du meilleur court-métrage. Les gagnants des prix Gopo ont été désignés par les quelque 600 membres actifs de l’industrie cinématographique roumaine. (Trad. Elena Diaconu)