« La civil », premier long métrage de Teodora Ana Mihai,
La réalisatrice belgo-roumaine Teodora Ana Mihai a remporté le Prix de l’Audace de la section « Un Certain Regard » de la dernière édition du Festival de Cannes, pour son film La Civil. Une occasion pour Thierry Frémaux, délégué général du festival, de se réjouir que cette section a renoué enfin à sa mission initiale, de faire connaître le jeune cinéma. La première en Roumanie du film « La civil » aura lieu à l’occasion du Festival des Films de Cannes à Bucarest prévu du 22 au 31 octobre. Produit par la société anversoise Menuetto, le film est coproduit par Les Films du Fleuve des frères Dardenne, Mobra Films (Roumanie) et Teorema (Mexique) avec le soutien du Fonds audiovisuel de Flandre (VAF). Son directeur d’image est nul autre que Marius Panduru, qui a déjà travaillé pour des productions roumaines célèbres, telles « Policier, adjectif », « Closer to the Moon », « Aferim » ou encore « Si je veux siffler, je siffle ».
Corina Sabău, 18.09.2021, 00:13
La réalisatrice belgo-roumaine Teodora Ana Mihai a remporté le Prix de l’Audace de la section « Un Certain Regard » de la dernière édition du Festival de Cannes, pour son film La Civil. Une occasion pour Thierry Frémaux, délégué général du festival, de se réjouir que cette section a renoué enfin à sa mission initiale, de faire connaître le jeune cinéma. La première en Roumanie du film « La civil » aura lieu à l’occasion du Festival des Films de Cannes à Bucarest prévu du 22 au 31 octobre. Produit par la société anversoise Menuetto, le film est coproduit par Les Films du Fleuve des frères Dardenne, Mobra Films (Roumanie) et Teorema (Mexique) avec le soutien du Fonds audiovisuel de Flandre (VAF). Son directeur d’image est nul autre que Marius Panduru, qui a déjà travaillé pour des productions roumaines célèbres, telles « Policier, adjectif », « Closer to the Moon », « Aferim » ou encore « Si je veux siffler, je siffle ».
Née à Bucarest en 1981,Teodora Ana Mihai a déménagé avec sa famille en Belgique, en 1989, avant de continuer le lycée à San Francisco, en Californie. C’est là qu’elle allait découvrir sa passion pour le cinéma qui l’a poussée à s’inscrire à la Faculté de film de New York. Sa carrière cinématographique, elle l’a commencée en Belgique, en tant que scénariste et après comme assistante réalisateur. Son premier long-métrage, « La Civil » raconte l’histoire déchirante de Ciélo, une mère mexicaine qui perd sa fille kidnappée par un cartel de la drogue. Puisque les autorités refusent de lui venir en aide, Cielo décide de prendre elle-même les choses en main. Inspiré des faits réels, le scénario du film est le résultat de plusieurs années de documentation entreprise par la réalisatrice en collaboration avec l’écrivain mexicain, Habacuc Antonio de Rosario.
Dans un premier temps, les deux avaient en tête de faire un film documentaire, avoue Teodora Ana Mihai :« Moi, je connais le Mexique depuis mon enfance, sauf qu’à l’époque, c’était un pays tout à fait différent de ce qu’il est devenu entre temps. On pouvait circuler en voiture en toute sécurité, on pouvait visiter ou faire du tourisme. Depuis 2006, quand le président Felipe Calderon a lancé la guerre des cartels, plus de 60.000 personnes sont portées disparues. Ce fut une décision politique à fort impact sur les gens. Bien sûr qu’il reste des régions où l’on peut faire toujours du tourisme, mais dans la partie nord du pays, vers la frontière avec les Etats-Unis, la situation est problématique. En plus, elle commence à se propager petit à petit à travers tout le pays. Voilà pourquoi j’ai choisi ce sujet, car je trouve qu’on a fort besoin de parler de ce qui se passe actuellement au Mexique. Ce n’est pas normal de quitter son appartement le matin pour partir au boulot ou à l’école et de disparaître sans trace et que personne ne sache rien. Je me suis posé la question comment font les adolescents dans ce pays, comment font les parents qui élèvent des enfants dans un climat si insécurisé ? Dans un premier temps, quand moi et Habacuc Antonio de Rosario, on a commencé à documenter le phénomène, en 2015, on voulait interroger des familles dont les membres avaient été victimes des cartels. Deux ans et demi durant, on a parlé avec de nombreuses personnes afin de faire un documentaire sur le sujet. Sauf qu’à la fin, on a abandonné cette idée, car on n’a pas voulu présenter des illégalités ou encore laisser les gens à faire des déclarations qui les auraient pu mettre par la suite, en péril ».
Une fois l’idée d’un documentaire tombée à l’eau, Teodora Ana Mihai et Habacuc Antonio de Rosario ont décidé de raconter l’histoire de Miriam Rodríguez Martínez, une femme qui a été tuée sur le seuil de sa maison pour avoir trouvé et menacé les assassins de sa fille.« Lors de mes enquêtes, j’ai fait la connaissance de Miriam Rodriguez Martinez dont l’histoire a fait à l’époque, couler beaucoup d’encre dans presse.Même The New York Times lui a consacré un article, malheureusement quatre ans après sa mort. Nous, on a eu la chance de la rencontrer et de lui parler et c’est elle qui nous a inspiré le personnage, Ciélo, la mère d’une fille séquestrée et tuée par les membres d’un cartel de drogues. Après avoir essayé dans un premier temps à obtenir le soutien des autorités, cette femme a décidé de prendre le taureau par les cornes. Comme je viens de vous le dire, pour ce film, j’ai fait de nombreuses interviews et dans un premier temps, j’avais en tête de raconter les faits du point de vue d’un adolescent. Sauf que j’ai connu Miriam Rodríguez Martínez qui était au courant de ce que nous étions en train de faire et du coup, elle a voulu nous raconter son histoire. C’est comme ça que j’ai décidé de dire les choses de la perspective d’une mère. Mon film est dédié à elle et à toutes les familles qui ont accepté de raconter leurs histoires. Des histoires pour la plupart puissantes et tragiques ».Le tournage du film « La Civil » a eu lieu entre novembre et décembre 2020 à Durango, au Mexique, en pleine pandémie de coronavirus. (Trad. Ioana Stancescu)