Film roumain au Forum de la Berlinale
Le film « Între revoluții/Between Revolutions/Entre
deux révolutions », du réalisateur roumain Vlad Petri, sera projeté à la
Berlinale de cette année dans la section Forum. Le Festival international du
film de Berlin a lieu du 16 au 26 février. S’appuyant sur des documents
d’archives, le film raconte les parcours de vie et les destins de deux femmes, la
Roumaine Maria et l’Iranienne Zahra, deux étudiantes, amies et collègues, à
l’Université de médecine de Bucarest dans les années 1970. Quand, en 1979, le
changement politique devient une certitude en Iran, Zahra rentre dans son pays
natal, où elle prend activement part à la révolution en cours. Durant les deux
années suivantes, les deux jeunes femmes ne communiquent plus que par des
lettres. Encadrés par deux révolutions, leurs échanges écrits parlent du combat
des femmes pour faire entendre leurs voix, de sociétés en train de changer
radicalement et d’une amitié à toute épreuve.
Corina Sabău, 25.02.2023, 10:00
Le film « Între revoluții/Between Revolutions/Entre
deux révolutions », du réalisateur roumain Vlad Petri, sera projeté à la
Berlinale de cette année dans la section Forum. Le Festival international du
film de Berlin a lieu du 16 au 26 février. S’appuyant sur des documents
d’archives, le film raconte les parcours de vie et les destins de deux femmes, la
Roumaine Maria et l’Iranienne Zahra, deux étudiantes, amies et collègues, à
l’Université de médecine de Bucarest dans les années 1970. Quand, en 1979, le
changement politique devient une certitude en Iran, Zahra rentre dans son pays
natal, où elle prend activement part à la révolution en cours. Durant les deux
années suivantes, les deux jeunes femmes ne communiquent plus que par des
lettres. Encadrés par deux révolutions, leurs échanges écrits parlent du combat
des femmes pour faire entendre leurs voix, de sociétés en train de changer
radicalement et d’une amitié à toute épreuve.
Le réalisateur Vlad Petri a
utilisé des images et des documents des archives, mais aussi des éléments de
fiction, avec pour résultat un long-métrage hybride, mélange de documentaire et
de fiction. « Pour moi, c’est un film sur un passé récent, qui résonne
très fort avec la réalité immédiate. Il présente une histoire subjective, au
féminin, sur deux pays et deux sociétés géographiquement situés à des milliers
de kilomètres les uns des autres, qui ont mis en place des systèmes politiques
inédits et où les gens se sont peu à peu fait écraser par des appareils
politiques répressifs. C’est un film d’actualité, qui dialogue avec les
manifestations d’Iran, où les femmes se battent pour leurs droits et pour une
société équitable, comme ce fut aussi le cas en 1979 », affirme le
réalisateur Vlad Petri, qui ajoute : « Je commencerais avec ce que j’ai
dit au sujet des actuelles manifestations en Iran. En fait, j’ai commencé le travail de réalisation de ce film il y
a trois ans, quand il n’y avait pas beaucoup de manifs. C’est une coïncidence
le fait qu’au moment où nous lançons le film, là-bas ont lieu les protestations
les plus impressionnantes depuis la Révolution islamique de 1979; peut-être
aussi les plus impressionnantes de tout le Moyen Orient. Je pense aussi que
cette fois-ci en Iran, c’est la première révolution menée par les femmes, quelque
chose d’incroyable pour cette région du monde. Quant à mon intérêt pour les
sujets politiques, il est vrai que je suis passionné par l’Est de l’Europe et
par le Moyen Orient. J’ai voyageait en Iran et dans d’autres pays de la région,
alors le film s’est construit sur plusieurs directions. Les conversations avec
ma mère ont également été importantes; elle a fait des études de médecine et
m’a parlé des jeunes des pays d’Orient qui venaient faire des études universitaires
en Roumanie. Moi, je suis né en 1979, année de la Révolution islamique. Cette
histoire s’est construite par couches superposées et nous avons trouvé des
connexions, des ressemblances, mais aussi des différences entre la Révolution
islamique et la Révolution anticommuniste de 1989 en Roumanie. Il m’a semblé
intéressant de tester ce terrain et de parler d’espoir, d’optimisme, du désir
d’un changement radical. Car les deux révolutions ont produit des
transformations radicales et je continue de croire que ce sont les plus
importantes révolutions du siècle passé. »
Les lettres présentées dans le film sont écrites par Lavinia
Braniște, qui s’est inspirée de lettres dénichées dans les archives de la
Securitate (la police politique du régime communiste de Roumanie) et de poèmes
de deux importantes autrices roumaine et iranienne: Nina Cassian et Forugh
Farrokhzad respectivement. L’écrivaine Lavinia Braniște raconte comment cela
s’est passé: «Quand nous avons commencé à
travailler sur le projet, Vlad
avait déjà imaginé l’histoire, qui incluait aussi un échange de lettres entre
les deux personnages, et donc il m’a donné suffisamment d’éléments. On ne se
connaissait pas, lui et moi, ce qui fait que sa proposition m’a complètement
surprise, m’a fait sortir de ma zone de confort, comme on dit, parce que je n’avais
pas travaillé sur un projet comme celui-ci. J’étais flattée et aussi effrayée
par sa proposition, que j’ai acceptée avec une énorme joie. Il m’a fallu passer
par une longue documentation avant de commencer à écrire, parce que je ne savais
pratiquement rien de la Révolution islamique. J’ai été constamment en contact
avec Vlad durant toutes les étapes du projet. Le hasard fait que ma mère ait
été étudiante à la fin des années 1970, donc elle aussi m’a raconté des choses
sur cette période-là. Pour les années 1980, j’ai mes propres souvenirs et donc
des points communs avec Vlad ; de ce fait, nous avons construit cette
histoire ensemble, arrivant en fin de compte à très peu de texte. Somme toute,
la réalisation du film a été un processus continu et une expérience très
intéressante pour moi. »
Le film « Între revoluții/Between
Revolutions/Entre deux révolutions » fait partie des 28 productions
sélectionnées, parmi les plus des 2.000 propositions venues du monde entier, dans
la section Forum du Festival international du film de Berlin. Le long-métrage
« Mammalia », du réalisateur Sebastian Mihăilescu, fait lui aussi
partie de la sélection. D’ailleurs, cette année, plusieurs cinéastes et projets
de Roumanie sont à l’affiche de la Berlinale. L’actrice Judith State participe
au programme « European Shooting Stars », tandis que l’atelier
« Berlinale Talents », organisé chaque année durant le festival,
accueille cinq cinéastes roumains: la réalisatrice et actrice Alina Șerban,
l’actrice Ioana Chițu, Oana Furdea qui
travaille dans la distribution de films, la critique de cinéma Dora Leu et
l’ingénieur du son Marian Bălan. S’y ajoutent le projet « Export Only »
des productrices Ada Solomon et Carla Fotea, présent au Berlinale Market, tandis
que la série HBO « Spy/Master », écrite par Adina Sădeanu, se
retrouve au nouveau programme « Berlinale Series », le monteur Cătălin
Cristuțiu est membre du jury des courts-métrages, alors que le réalisateur Radu
Jude fait partie du jury de la compétition officielle. (Trad. Ileana Ţăroi)