FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iasi
La VIe édition du Festival international de littérature et de traduction, intitulé FILIT, et qui s’est déroulé du 3 au 7 octobre à Iasi, a été l’occasion de présenter au public assoiffé de littérature des auteurs de best-sellers internationaux, des lauréats ou des nominés du National Book Award, du Man Booker Prize, ou encore du Prix de littérature de l’UE ou du Grand prix de littérature du Conseil nordique, voire du prix Goncourt. Parmi les invités de marque de cette édition, mentionnons les Français Sylvie Germain, Catherine Gucher et Yannick Haenel, l’Américain Jonathan Franzen, l’Islandais Jón Kalman Stefánsson, les Espagnols Eduardo Caballero et Lluis-Anton Baulenas et bien d’autres écrivains, originaires bien de pays et exprimant leur art dans toutes les langues de la Terre.
Corina Sabău, 13.10.2018, 10:06
La VIe édition du Festival international de littérature et de traduction, intitulé FILIT, et qui s’est déroulé du 3 au 7 octobre à Iasi, a été l’occasion de présenter au public assoiffé de littérature des auteurs de best-sellers internationaux, des lauréats ou des nominés du National Book Award, du Man Booker Prize, ou encore du Prix de littérature de l’UE ou du Grand prix de littérature du Conseil nordique, voire du prix Goncourt. Parmi les invités de marque de cette édition, mentionnons les Français Sylvie Germain, Catherine Gucher et Yannick Haenel, l’Américain Jonathan Franzen, l’Islandais Jón Kalman Stefánsson, les Espagnols Eduardo Caballero et Lluis-Anton Baulenas et bien d’autres écrivains, originaires bien de pays et exprimant leur art dans toutes les langues de la Terre.
L’écrivain et metteur en scène Florin Lăzărescu, l’un des fondateurs du festival FILIT, parle de la dimension internationale de ce festival pas comme les autres : « FILIT est un festival tellement complexe qu’il s’agit pratiquement d’une synthèse de plusieurs projets, chaque projet pouvant revendiquer le titre de festival à part entière. Depuis les soirées FILIT, accueillies par le Théâtre national de Iasi, et jusqu’aux événements organisés sous le chapiteau central, en passant par les 40 événements différents déroulés tout au long des cinq jours que dure le festival. A titre d’exemples, voyez le projet la « Maison de l’enfance », accueillie par la Maison Fantasy, ou encore le projet tant apprécié par les principaux bénéficiaires, « Les écrivains au lycée ». Ce sont, comme je vous le disais, des événements à part, avec, chacun, sa propre structure et son organisation propre. L’on parle en tout et pour tout de 130 événements, déroulés pendant les 5 jours de festival. Prenons la Soirée de la Poésie, là où nous retrouverons 50 des meilleurs poètes contemporains. Ils sont peut-être moins connus du grand public que d’autres invités, tels l’Américain Jonathan Franzen, la Française Sylvie Germain, ou encore Éric Vuillard, le dernier Goncourt. Mais les poètes attirent le public, et c’est au fond là que réside la particularité et le secret du succès de ce festival : rapprocher la grande littérature de son public. L’écrivain russe Evgueni Vodolazkin nous a fait un vrai compliment lorsqu’il a caractérisé notre festival comme un festival extraordinaire. »
Mais FILIT représente par ailleurs la grande messe des professionnels du domaine de l’écriture : maisons d’édition, traducteurs, organisateurs de festivals, critiques littéraires, libraires, distributeurs, managers et journalistes spécialisés. Florica Ciodaru – Courriol est traductrice du roumain en français, et c’est bien à elle que l’on doit les versions en langue française des écrivains roumains Hortensia Papadat-Bengescu, Rodica Drăghincescu, Marta Petreu, Iulian Ciocan, Ioan Popa, Cătălin Pavel, Horia Ursu, parus aux maisons d’édition Jacqueline Chambon, Non Lieu, L’Âge d’Homme, Autre Temps, Autrement, ou encore Didier Jeunesse. Voici le ressenti qu’elle nous livre au sujet du festival FILIT : « Je suis venue pour présenter au public roumain une écrivaine francophone, Catherine Lovey, publiée par l’une des grandes maisons d’édition française, et que j’ai traduite en roumain. A part cela, j’anime des ateliers de traduction ici même, dans le cadre du festival, un atelier intitulé Ars Traducendi, destinés aux lycéens des années terminales, au Collège national de Iasi. C’est un atelier ouvert aux élèves de tous les lycées, et l’on attend les meilleurs. J’avais déjà rencontré certains lors de l’édition précédente, lorsque j’avais proposé un atelier captivant, avec mon mari, qui est aussi le traducteur Jean-Louis Courriol. C’est toujours avec lui que je prendrai part à une conférence organisée par la Chaire de Langue française de l’Université Alexandru Ioan Cuza, et modérée par la professeure et traductrice Simona Modreanu. J’avais retenu pour l’occasion un bref fragment du roman « La Casemate », de Tudor Ganea, un écrivain promis à un bel avenir. Un autre événement auquel je prendrai part, c’est le rendez-vous des éditeurs français et roumains, intitulé « S’en fout-on de la littérature roumaine ? ». Moi, je ne m’en fous pas, et c’est pour cela que j’y serai ».
Le festival sera encore l’occasion pour certaines premières, tel le lancement de la collection « Ecrivains de légende », une bonne occasion pour ramener sous les feux des projecteurs les classiques roumains : Ion Creangă, Mihai Eminescu ou encore Mihail Sadoveanu. Il s’agit d’écrivains moldaves, dont les musées qui font partie de l’ensemble du Musée national de la littérature roumaine de Iasi portent les noms. L’écrivaine et journaliste Adela Greceanu, aux côtés de dix autres écrivains roumains contemporains, a accepté le défi de prendre part à l’initiative « Ecrivains de légende », et c’est elle qui a rédigé la « Vie romancée de Vasile Alecsandri »: « Le personnage de Vasile Alecsandri est forcément inséparable de sa génération, ce qu’en Roumanie on a appelé les « pasoptisti », les révolutionnaires de 1848, une génération fondatrice de l’Etat roumain moderne. C’est une génération formée pour l’essentiel des fils de boyards, moldaves et valaques, à l’esprit libre et aux idées illuministes. Des boyards qui, alors qu’ils s’habillaient toujours à la turque, comme on le voit dans les tableaux de l’époque, envoyaient leurs enfants étudier à Paris notamment, mais aussi dans d’autres grandes capitales européennes. Et ces jeunes, dont Vasile Alecsandri, vont à Paris, et c’est là qu’ils apprennent et qu’ils comprennent ce qu’est le progrès, la modernité, ou encore, élément essentiel, comment fomenter une révolution. Puis ils rentrent dans leurs pays respectifs, en Moldavie ou en Valachie, et s’essayent à mettre en ouvre ce qu’ils avaient appris des révolutionnaires français. Et c’est encore en France qu’ils prennent contact avec cette idée d’Etat-nation, concept qu’ils désirent mettre en pratique, transposer dans le contexte d’alors des Principautés roumaines. Mais le plus drôle, c’est qu’ils y sont parvenus. Ça fait rêver, ces temps d’alors ».
Le Festival international de littérature et de traduction FILIT est chapeauté par le Musée national de la littérature roumaine de Iași et sa cuvée 2018 a bénéficié du patronage de la Commission européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)