« Figures universitaires et patrimoine bucarestois. Une histoire commune ».
Une exposition d’exception qui réunit deux collections, dont l’une appartenant au musée de la ville de Bucarest et l’autre au musée de l’Université de Bucarest, et qui met en avant deux histoires liées l’une à l’autre : celle des graveurs de médailles et celle des collectionneurs.
Ion Puican, 29.03.2025, 11:00
Le musée de la ville de Bucarest, en partenariat avec l’Université de Bucarest propose une exposition appelée « Figures universitaires et patrimoine bucarestois. Une histoire commune ». Ouverte au Palais Sutu dans le centre-ville de Bucarest, cette exposition d’exception réunit deux collections, dont l’une appartenant au musée de la ville de Bucarest et l’autre au musée de l’Université de Bucarest. L’exposition met en avant deux histoires liées l’une à l’autre : celle des graveurs de médailles et celle des collectionneurs. Explication avec la commissaire Florentina Nițu du musée de la ville de Bucarest :
« À travers cette exposition, nous avons entrepris de relater des histoires intimement liées à cet espace, qui s’est révélé être pour nous une source inépuisable d’inspiration. Ces récits mettent en lumière les professeurs et les étudiants de l’Université de Bucarest ainsi que leur relation avec le cadre universitaire et le patrimoine bucarestois. Depuis plus de 150 ans, le Palais de l’Université incarne symboliquement la continuité de l’enseignement supérieur, ancré dans l’héritage du monastère Saint-Sava. En 2024, l’Université de Bucarest a célébré le 160ᵉ anniversaire de sa fondation, par décret d’Alexandru Ioan Cuza en date des 4/16 juillet 1864. À cette occasion, nous avons souhaité mettre en lumière des épisodes marquants, heureux ou douloureux, de ces 150 années d’histoire, dont près de quarante furent marquées par le régime communiste. Nous avons également voulu présenter des figures exemplaires, tant sur le plan personnel que professionnel, dans un contexte loin d’être paisible, où les jeunes s’interrogent encore sur l’orientation de leur avenir. Car à mesure que nous plongeons dans les récits de vie des professeurs et des étudiants de l’Université de Bucarest, ceux-ci deviennent nos contemporains, affrontant les défis intemporels de l’existence. Parmi ces enseignants, nombreux sont ceux qui se sont distingués non seulement à l’échelle nationale, mais également sur la scène internationale. »
La commissaire Florentina Nițu a aussi fourni des détails sur les liens entre le musée de la ville de Bucarest et l’Université de Bucarest, et notamment la figure du médecin George Severeanu (1879-1939), un des fondateurs de la radiologie médicale roumaine et un collectionneur d’antiquités passionné :
« Les liens unissant l’Université de Bucarest et le Musée de la Ville de Bucarest ne se limitent pas à une simple proximité géographique. En retraçant l’histoire que nous venons d’évoquer, il apparaît que ces deux institutions sont également liées par une figure emblématique : celle de George Severeanu. Professeur à la faculté de médecine, il fut rattaché à l’Université de Bucarest jusqu’en 1948, tout en assumant, dès 1931, la direction du Musée de la Ville de Bucarest. Par ailleurs, la collection numismatique du musée de l’Université de Bucarest vient enrichir celle du musée Severeanu, établissant ainsi un dialogue patrimonial entre les deux établissements. Dès lors, réunir ces informations et les porter à la connaissance du grand public s’est imposé comme une nécessité évidente.»
Florentina Nițu a également évoqué les médailles des deux collections réunies dans l’exposition accueillie par le palais Suțu:
« Malheureusement, les informations concernant l’ensemble des graveurs de médailles ayant laissé leur empreinte sur ces précieuses pièces commémoratives restent lacunaires. Pourtant, ces objets issus des deux collections témoignent d’un art expressif, porteur de significations et de valeurs profondes. Leur symbolisme ne réside pas seulement dans les images gravées, mais également dans la compréhension du geste artistique qui a présidé à leur création. Parmi les pièces exposées figurent des médailles célébrant l’édification de monuments et d’édifices emblématiques, tels que le Palais de l’Université, le foyer des étudiants en médecine ou encore la statue d’Ion Heliade-Rădulescu. D’autres rendent hommage à l’existence de sociétés savantes et aux événements scientifiques majeurs ayant marqué Bucarest et son université. Ces médailles portent la signature de prestigieux ateliers de Bucarest et d’Iași, ainsi que celle de graveurs renommés. La collaboration avec d’éminents sculpteurs de l’époque a également contribué à rehausser la valeur artistique de ces objets, que nous avons soigneusement sélectionnés et exposés.»
Comment transmet l’exposition « Figures universitaires et patrimoine bucarestois » peut transmettre la relation entre l’espace universitaire et la ville de Bucarest ? Florentina Nițu :
« Au-delà des textes figurant sur les panneaux, qui replacent ces figures emblématiques dans leur contexte historique, l’image la plus évocatrice de cette relation demeure sans doute une carte de Bucarest des années 1930. Sur celle-ci, nous avons marqué les adresses recensées à ce jour de plusieurs professeurs illustres de l’Université. Les 55 adresses que nous avons sélectionnées et situées sur la carte offrent une représentation saisissante de la géographie universitaire bucarestoise, invitant ainsi à un véritable voyage dans la mémoire de l’époque. L’exposition que nous proposons se prête à une lecture à plusieurs niveaux. Ainsi, au-delà de l’observation des objets et de la consultation des informations, elle permet une interaction plus riche et variée. En effet, cette carte des résidences professorales comporte un QR code renvoyant à un formulaire, grâce auquel il est possible d’identifier d’autres rues de Bucarest ayant abrité des professeurs de l’Université, ou encore celles qui portent aujourd’hui leur nom. Enfin, un élément qui nous a particulièrement enthousiasmés dans la salle d’exposition est la mise en valeur d’un immense miroir d’époque. Placé dès l’entrée, il invite le visiteur à s’y contempler tout en projetant les vers du poète Ion Barbu, lui-même ancien étudiant de la Faculté des sciences de l’Université de Bucarest. »
Inaugurée ce printemps au palais Sutu musée de la ville de Bucarest, « Figures universitaires et patrimoine bucarestois. Une histoire commune », est une exposition à ne pas rater au cœur de la capitale roumaine.