«Dogs» («Chiens») – un film de Bogdan Mirica
Récompensé à la 69e édition du Festival de Cannes du prix FIPRESCI de la
critique dans la section «Un certain regard» et primé du grand Trophée
Transilvania lors de l’édition 2016 du Festival international du film TIFF, le
long métrage a également décroché deux prix lors du Festival du film de
Sarajevo. L’action se passe dans l’est de la Roumanie, près de la frontière
ukrainienne. Après avoir hérité des terrains de son grand-père décédé il y a
peu de temps, le jeune Roman retourne dans un petit village isolé de la
Dobroudja afin de vendre ces terres. Mais peu à peu il se trouve au cœur d’une
série d’événements bien étranges. La menace flotte dans l’air et Roman va se
retrouver impliqué malgré lui au sein d’un trafic de braconniers qui sévit sur
ses terres. Le réalisateur Bogdan Mirica signe aussi bien la réalisation que le
scénario de ce film qui, affirment les critiques, tourne un peu le dos à la
Nouvelle Vague roumaine.
Corina Sabău, 22.10.2016, 13:00
Récompensé à la 69e édition du Festival de Cannes du prix FIPRESCI de la
critique dans la section «Un certain regard» et primé du grand Trophée
Transilvania lors de l’édition 2016 du Festival international du film TIFF, le
long métrage a également décroché deux prix lors du Festival du film de
Sarajevo. L’action se passe dans l’est de la Roumanie, près de la frontière
ukrainienne. Après avoir hérité des terrains de son grand-père décédé il y a
peu de temps, le jeune Roman retourne dans un petit village isolé de la
Dobroudja afin de vendre ces terres. Mais peu à peu il se trouve au cœur d’une
série d’événements bien étranges. La menace flotte dans l’air et Roman va se
retrouver impliqué malgré lui au sein d’un trafic de braconniers qui sévit sur
ses terres. Le réalisateur Bogdan Mirica signe aussi bien la réalisation que le
scénario de ce film qui, affirment les critiques, tourne un peu le dos à la
Nouvelle Vague roumaine.
Bogdan Mirica: « Personnellement, je remarque une répartition non
justifiée des films en deux catégories: les films d’art et ceux grand public.
Je vous signale que l’on retrouve pas mal de personnes qui qualifient les films
d’art comme étant ennuyeux, tandis que les autres sont traités de superficiels.
Je trouve ça totalement faux, puisque je connais pas mal de films applaudis par
la critique et qui, en même temps, ont cartonné auprès du public. Du coup,
permettez-moi de vous dire qu’au lieu de nous limiter à des catégories, mieux
vaut être sincères envers nous -mêmes et voir à quoi cette démarche mène. Plus
qu’une position de top au box office roumain et international, moi, je voudrais
un maximum de spectateurs qui résonnent avec mon film».
« Faire des commentaires sociaux au sujet de la Roumanie
contemporaine, cela ne m’intéresse pas du tout. C’est sur les typologies que
j’aime bien m’attarder» affirme Bogdan Mirica qui avoue que son film s’inspire
de certaines impressions de son enfance.
Bogdan Mirica: «Il n’est pas question d’observations majeures, mais plutôt de mes
émotions. Mon enfance, je l’ai passée à la campagne où je fus témoin de
plusieurs événements dont certains vraiment brutaux et arbitraires. Or
l’arbitraire, quand il s’associe à la violence, cela fait vraiment peur. Du
coup, impossible à en déterminer la cause ou à prévoir la suite. Or, cette
incertitude et une certaine typologie humaine m’ont obsédé pas mal d’années
avant de me rendre compte qu’elles représentent un potentiel que je pourrais
transposer au grand écran. Quand on fait un film indépendant, il faut être
parfaitement conscient que le projet risque de s’étaler sur des années. Il faut
donc être sûr et certain de ne pas s’en lasser. Pour ma part, j’ai senti assez
d’émotion pour développer ce projet sans rendre les armes devant les
inconvénients qui allaient surgir».
Bogdan Mirica m’a appris
un nouveau terme artistique «plus contenu», affirme le comédien Gheorghe Visu
dans la distribution du film «Dogs». D’ailleurs, au moment où il a écrit le
scénario, Mirica a pensé à deux comédiens pour deux des rôles principaux:
Gheorghe Visu et Vlad Ivanov.
Bogdan
Mirica : «Les discussions que j’ai menées avec les comédiens ont porté plutôt
sur l’univers que je voulais créer que sur leurs personnages. Je voulais d’un
univers théâtral et poétique qui provoque de la nostalgie sans correspondant
dans la réalité de tous les jours. Mon film ne se caractérise pas par un
registre réaliste. La façon dont mes personnages parlent, se taisent ou entrent
en contact les uns avec les autres n’est pas réaliste. Ce qui a fait que j’ai
dû parler à mes acteurs pour leur faire comprendre l’ambiance que je voulais
créer et la cohérence stylistique dont je rêvais. C’est pourquoi Gheorghe Visu
a invoqué ce mot, «contenu». En tant que réalisateur, on dispose de pas mal
d’outils et un comédien comme Gheorghe Visu impressionne par la présence
physique. Il a une certaine auréole. Il suffit de le regarder se tenir debout.
Or avec un tel comédien, on risque d’avoir un jeu redondant. Il était donc
nécessaire que j’arrive à calibrer les choses pour être sûr d’approcher le plus
possible ma vision».
Le long métrage de Bogdan Mirica a été sélectionné
par de nombreux festivals internationaux en Finlande, en Norvège, au Canada, en
Pologne, Israël, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en Suède, aux
Etats-Unis et en Italie. (Trad. Ioana Stancescu)