Dana Grigorcea
La version roumaine du roman « Das primäre Gefühl der Schuldlosigkeit » («Le sentiment primaire de l’innocence») de l’écrivaine Dana Grigorcea vient d’être lancée aux Maisons d’édition Humanitas de Bucarest. Ce roman a été distingué par le Prix 3sat du concours 2015 de littérature et nominé pour le Schweizer Literaturpreis. Dana Grigorcea a commencé par publier des récits dans la revue bucarestoise România literară (La Roumanie littéraire), à la fin des années ’90. Elle a étudié l’allemand et le néerlandais à l’Université de Bucarest et la mise en scène à l’Université de Bruxelles et elle a continué par un mastère en journalisme à l’Université Danubienne de Krems. Elle a travaillé pour la télévision ARTE de Strasbourg et pour la radio Deutsche Welle de Bonn. En 2007 elle s’est établie à Zurich, où elle a enseigné le langage du film à l’Ecole d’art et elle a collaboré à l’émission de littérature de la Radio nationale suisse DRS. A présent, elle organise à Zurich un salon littéraire et, en collaboration avec son époux, l’écrivain Perikles Monioudis, elle a créé un blog de littérature (www.neue-telegramme.ch).
Corina Sabău, 28.01.2017, 13:04
La version roumaine du roman « Das primäre Gefühl der Schuldlosigkeit » («Le sentiment primaire de l’innocence») de l’écrivaine Dana Grigorcea vient d’être lancée aux Maisons d’édition Humanitas de Bucarest. Ce roman a été distingué par le Prix 3sat du concours 2015 de littérature et nominé pour le Schweizer Literaturpreis. Dana Grigorcea a commencé par publier des récits dans la revue bucarestoise România literară (La Roumanie littéraire), à la fin des années ’90. Elle a étudié l’allemand et le néerlandais à l’Université de Bucarest et la mise en scène à l’Université de Bruxelles et elle a continué par un mastère en journalisme à l’Université Danubienne de Krems. Elle a travaillé pour la télévision ARTE de Strasbourg et pour la radio Deutsche Welle de Bonn. En 2007 elle s’est établie à Zurich, où elle a enseigné le langage du film à l’Ecole d’art et elle a collaboré à l’émission de littérature de la Radio nationale suisse DRS. A présent, elle organise à Zurich un salon littéraire et, en collaboration avec son époux, l’écrivain Perikles Monioudis, elle a créé un blog de littérature (www.neue-telegramme.ch).
Dana Grigorcea a fait ses débuts littéraires en allemand en 2011, par le roman « Baba Rada. Das Leben ist vergänglich wie die Kopfhaare » (Baba Rada. Tout dans la vie est passager, comme les cheveux), qui a valu à l’écrivaine le prix suisse Literaturperle, ainsi que des distinctions honorifiques accordées par la ville et le canton de Zurich.
Dans son hommage à l’auteure prononcé lors de la remise du prix Ingeborg Bachmann, la critique littéraire Hildegard Keller évoquait «le souffle épique » de son roman, « Le sentiment primaire de l’innocence ». Keller qualifiait le texte d’« excellente satire », dont se dégage une « vitalité exubérante ».
Voici le regard que pose sur ce livre la traductrice Nora Iuga, qui signe, aux côtés de Radu-Mihai Alexe, la version roumaine du roman : « Un traducteur finit par s’identifier à l’auteur, car la relation qui se tisse entre un traducteur et un auteur est plus étroite que celle entre une mère et sa fille, entre un frère et une sœur. C’est qu’un tel lien se crée par le biais du langage et il n’y a pas d’élément plus fort que le langage pour s’identifier à quelqu’un. A part la beauté du style et les qualités expressives du livre, c’est le titre qui a attiré mon attention, par sa profondeur. « Le sentiment primaire de l’innocence. » Cela donne matière à réflexion. J’ai essayé longuement de m’expliquer le rapport entre ce titre et le sujet du livre, entre ce titre et le regard que l’auteure jette sur ces années-là. Ce furent justement les années durant lesquelles elle se formait en tant qu’être humain et en tant que femme, à Bucarest. Et le livre nous aide à découvrir de quel Bucarest il s’agissait. »
Le Bucarest des années 2000. Fraîchement revenue de Zurich, Victoria assiste à un braquage de la banque où elle travaille. La jeune employée se retrouve tout d’un coup en congé payé et elle a le temps de se promener avec son ami à travers la ville ou de la parcourir toute seule à pied. A mesure qu’elle rencontre des personnes qu’elle avait connues jadis, des souvenirs d’enfance refont surface, remontant à l’époque où elle et ses copains découvraient le monde dans le quartier tranquille de Cotroceni. C’est un roman sur le Bucarest d’hier et d’aujourd’hui, sur les dernières années du communisme et sur la période chaotique du capitalisme naissant, sur les miracles de l’enfance et la quête du soi. »
« Le sentiment primaire de l’innocence » a été accueilli avec enthousiasme et il a bénéficié d’éloges de la part de la presse d’expression allemande. « Un humour mélancolique » se dégage de ce roman, qui raconte des scènes d’une enfance passée dans la Roumanie communiste. En changeant sans cesse les plans de la narration, de l’enfance passée pendant les années du communisme, Dana Grigorcea fait un saut dans la réalité post-communiste, pour raconter le concert de Michael Jackson à Bucarest, puis un autre saut qui nous fait atterrir sur le toit de la gigantesque Maison du Peuple, où un groupe de jeunes parlent de la vie sexuelle du couple dictatorial.
Nous avons demandé à Dana Grigorcea si elle avait saisi une différence entre les lectures publiques faites dans l’espace allemand et dans l’espace roumain : « La manière dont je vois le nouveau roman dépend énormément du public. Celui-ci réagit d’une manière différente en Allemagne, par rapport à la Suisse, par exemple. Il existe un fragment que j’ai lu à plusieurs reprises, dans lequel je raconte la cérémonie durant laquelle j’ai été admise dans les rangs des pionniers, une organisation réunissant les écoliers à l’époque communiste. Je peux vous dire qu’à chaque lecture les réactions ont été différentes. Dans l’ex RDA, les gens ont réagi autrement que ceux de Düsseldorf et de Hambourg. Le public suisse a répondu, lui, d’une manière encore plus différente. Certaines blagues que je fais dans le roman ont plus de succès en Suisse qu’en Autriche. Par ailleurs, en Autriche le public perçoit certaines subtilités plus facilement qu’en Suisse. Grâce à mon livre, j’ai réussi à connaître mon public et à découvrir certaines mentalités locales ».
A l’occasion du lancement de la version roumaine du roman « Das primäre Gefühl der Schuldlosigkeit » (« Le sentiment primaire de l’innocence »), les lecteurs de Bucarest, Braşov, Timişoara et Cluj ont pu rencontrer Dana Grigorcea et participer à des lectures publiques organisées par la Maison d’Edition Humanitas. Des traductions en anglais, néerlandais et bulgare s’ajouteront bientôt à la version roumaine du livre. (Trad. Dominique)