Cuza 150
Une exposition consacrée prince régnant Alexandru Ioan Cuza, premier dirigeant des Principautés roumaines unies.
Ion Puican, 06.01.2024, 01:54
Fin octobre, le Musée national d’Histoire de la Roumanie a accueilli le
vernissage de l’exposition commémorative Cuza 150 qui, comme le nom
l’indique, a marqué 150 années écoulées depuis la mort du prince régnant
Alexandru Ioan Cuza (1820-1873), premier dirigeant des Principautés roumaines
unies.
Ressusciter l’intérêt des Roumains pour cette figure de proue de l’histoire nationale
Cornel Ilie, adjoint du directeur du Musée national d’Histoire et
commissaire de l’exposition :
L’exposition marque effectivement le 150ème anniversaire de la mort
d’Alexandru Ioan Cuza. Mais, comme je l’ai déjà précisé par le passé,
l’exposition n’est pas consacrée à la mort de ce grand homme politique, mais
plutôt à sa vie et son activité. Les 150 années écoulées depuis la mort de Cuza
sont plutôt un prétexte pour ressusciter l’intérêt des Roumains pour cette
figure de proue de l’histoire nationale, non seulement moderne, mais dans son
ensemble. Une figure dont le nom se rattache à un moment particulier important,
à savoir l’Union des Principautés roumaines. Il y a toute une série
d’événements et d’actions dont la contribution fut essentielle à la création de
la Roumanie moderne. Notre exposition est consacrée non seulement au prince
régnant Alexandru Ioan Cuza, mais aussi à l’homme qu’il fut. A un moment donné, je me suis dit que nous
aurions dû intituler notre exposition Cuza, homme et prince, car avant d’être
prince il fut un être humain avec des qualités, des défauts, des faiblesses,
des passions, des amis dont certains meilleurs que d’autres, mais tous ayant un
impact sur son règne et ses actions. Voilà pourquoi, le public qui visitera
l’exposition aura la possibilité de retrouver Cuza dans ces deux hypostases.
Comment l’exposition est-elle conçue pour
présenter justement ces deux hypostases, de prince régnant et d’être humain?
Cornel Ilie : Nous
avons essayé de le faire grâce à des objets de patrimoine censés nous dire
davantage sur la famille d’Alexandru Ioan Cuza, sur ses parents, son ascendance
et sa vie d’avant, à l’époque où il était diplomate et militaire. D’ailleurs,
en parlant de ça, il convient de préciser que dans tous les portraits,
Alexandru Ioan Cuza apparaît en uniforme. On ne le voit jamais en costume.
Qu’est-ce que les visiteurs peuvent voir dans le
cadre de cette exposition?
Cornel Ilie passe en revue les objets exposés: Il y a
bien évidemment, plusieurs objets symboliques, comme par exemple, les deux
trônes, celui d’Alexandru Ioan Cuza et de son épouse, Elena. Ce sont les mêmes
trônes sur lesquels s’installeront par la suite, Carol et Elisabeth jusqu’en
1881 quand ils seront sacrés roi et reine de Roumanie. Il y a ensuite le
portrait de Cuza que tout le monde connaît et qui apparaît dans les livres
d’histoire et que l’on doit à Carol Popp de Szatmari. Il y a aussi un tableau
signé Theodor Amman, qui est, selon moi, le plus important ouvrage consacré à
l’Union des principautés roumaines. Nous avons essayé de dénicher tous les
personnages qui apparaissent sur cette toile pour permettre aux visiteurs d’apprendre
le nom de chacun d’entre eux et savoir par la suite, qui sont ceux ayant
contribué à l’Union des principautés roumaines. D’autres objets parlent de la
réforme agraire, un moment particulièrement important quand les paysans sont
devenus propriétaires de terres agricoles ce qui a entraîné de grands
bouleversements dans la vie politique. Il y a des objets qui se rattachent à
l’inauguration des premières universités roumaines à Iasi et Bucarest et
d’autres en rapport avec la mise en place du premier système unique de mesures.
Nous avons aussi des objets qui renvoient à la réforme militaire et à
l’inauguration de toute une série d’institutions essentielles par la suite pour
le pays: des institutions de cultures, des académies scientifiques, des
instituts de beaux-arts, l’Institut de la Statistique ouvert en 1860, année du
premier recensement de Roumanie. Les visiteurs pourront admirer aussi la
première arme produite en Roumanie, par la Manufacture nationale d’armes. A tous
ces objets d’autres s’ajoutent, issus de la vie personnelle d’Alexandru Ioan
Cuza. Par exemple, des objets ayant appartenu à son épouse, Elena, ou d’autres
qui parlent de leur vie de couple ou même des objets en rapport avec la
relation extra-conjugale du prince régnant avec Maria Obrenovici.
Une approche inédite
Le commissaire d’exposition Cornel
Ilie conclut: Je pense que le grand avantage de cette exposition est son approche
différente par rapport aux autres expositions consacrées à Cuza ou aux
événements qui le concernent. C’est une exposition qui mérite toute
l’attention, ne serait-ce que par le fait qu’elle réunit des objets dispersés
dans différents musées à travers le pays. Le public est attendu sur place pour
mieux comprendre cette personnalité historique complexe qui se dévoile aussi
bien comme prince régnant que comme simple être humain. (trad. Ioana Stancescu)