« Colorants naturels. Entre la recherche scientifique et l’art contemporain »
Une exposition se propose de mettre en lumière les résultats du travail des scientifiques sur les colorants naturels, ainsi que les modalités dont ces substances constituent une ressource dans l’art contemporain et créent une connexion entre les tissus contemporains et traditionnels par le biais des colorants. A découvrir au Musée national d’histoire de la Roumanie (MNIR).
Ion Puican, 02.11.2024, 10:07
Colorants et art – quelle relation ?
Le Musée national d’histoire de la Roumanie (MNIR) invite son public à une nouvelle exposition, inaugurée en septembre dernier. Intitulée « Coloranți naturali. De la cercetare științifică muzeală la artă contemporană / Colorants naturels. Entre la recherche scientifique et l’art contemporain », cette exposition se propose de mettre en lumière les résultats du travail des scientifiques sur les colorants naturels, ainsi que les modalités dont ces substances constituent une ressource dans l’art contemporain et créent une connexion entre les tissus contemporains et traditionnels par le biais des colorants.
Mettre en valeur les résultats des recherches
L’objectif de l’exposition est également de mettre en valeur les résultats des recherches interdisciplinaires, en facilitant l’accès du grand public aux informations produites par ces recherches.
Irina Petroviciu, chercheuse en chimie et une des commissaires de l’exposition ouverte au MNIR, explique le concept à l’origine de cet événement:
« A travers les colorants naturels, nous essayons de connecter les pièces textiles du patrimoine muséal avec les textiles traditionnels et les contemporains, mettant d’une certaine manière les résultats de la recherche scientifique à la disposition du grand public. Les colorants naturels constituent la pièce principale, le principal concept de l’exposition, tout est construit autour d’eux. En tant que chercheuse en chimie, j’étudie le patrimoine textile roumain à travers l’analyse des colorants. Je m’appuie sur le fait que les colorants naturels avaient été utilisés pour toutes les pièces textiles, entrées dans les musées jusqu’à la fin du XIXème siècle, lors de l’apparition des colorants de synthèse. Extraits de plantes, d’insectes, de champignons, de mollusques et de lichens, les colorants naturels ont d’abord été utilisés localement. Plus tard, certains d’entre eux ont commencé à être commercialisés, en fonction de différents événements historiques ou découvertes géographiques. »
Des colorants à base de plantes
Irina Petroviciu ajoute des détails sur la partie scientifique de l’exposition « Colorants naturels. Entre la recherche scientifique et l’art contemporain », ouverte au MNIR :
« Les techniques d’analyse actuelles nous permettent d’identifier les colorants naturels et leur source biologique, ce qui peut contribuer à placer les pièces historiques dans un contexte précis. Dans cette exposition nous présentons des colorants naturels et leurs caractéristiques de structure, de méthodologie de teinture, qui est évidemment liée à la structure. Dans les textiles muséaux, il existe des colorants plus ou moins stables sous l’action des facteurs environnementaux. On peut y voir les plus stables d’entre eux, mais aussi des tissus teints avec ces colorants naturels. On y a ajouté des informations sur des colorants extraits de plantes que nous rencontrons quotidiennement, des plantes appelées invasives. Ce sont des plantes du jardin, par exemple, qui, en plus d’embellir nos espaces de vie, serviraient aussi à teindre des pièces textiles. Et puis, il y a aussi des colorants obtenus de déchets de cuisine : noyau d’avocat, fruits des bois, zestes de grenade, pelures d’oignon, très connues d’ailleurs, et tant d’autres. »
Textiles liturgiques ou traditionnels
Et la commissaire d’exposition Irina Petroviciu de nous donner davantage de détails:
« Nous avons des pièces textiles liturgiques appartenant principalement aux collections du Musée national d’histoire de la Roumanie, du Musée national d’art de Roumanie et du Monastère de Putna. Une autre partie de l’exposition est dédiée aux textiles traditionnels, appartenant également à des musées, car nous avons voulu savoir dans quelle mesure les colorants étaient encore utilisés à la fin du XIXème siècle. Vient ensuite la présentation de plusieurs projets récents consacrés aux colorants naturels, qui réalisent le passage vers l’art contemporain. Ces colorants sont présents actuellement dans les nouveaux textiles traditionnels et dans les créations des artistes contemporains. Il faut donc venir visiter cette exposition, qui est en fait difficile à décrire. Il y a des ouvrages créés par des artistes connus, dont certains ont l’habitude de travailler avec des colorants naturels tandis que d’autres y ont vu un défi professionnel. Et l’on peut voir aussi des créations de jeunes artistes, en début de carrière, qui emploient des colorants naturels. »
L’exposition accueillie par le MNIR est ouverte jusqu’à la fin du mois de novembre. (Trad. Ileana Ţăroi)